[Critique série] JANE EYRE (1983)
Titre original : Jane Eyre
Rating:
Origine : Angleterre
Créateur : Julian Amyes
Réalisateur : Julian Amyes
Distribution : Zelah Clarke, Timothy Dalton, Jean Harvey, Damien Thomas, Colin Jeavons, Lockwood West, Carol Gillies, Joolia Cappleman, Eve Matheson …
Genre : Drame/Romance/Adaptation
Diffusion en France : inconnue (diffusée à partir du 9 octobre 1983 sur la BBC)
Nombre d’épisodes : 10
Le Pitch :
Jeune orpheline, Jane Eyre est placée chez une parente aisée : sa tante Madame Reed, où elle vit une enfance malheureuse et subit brimades et maltraitances. Par la suite, sa tante décide de l’envoyer dans le très austère et dur pensionnat de Lowood. À 19 ans, une fois son apprentissage terminé, elle décide de chercher un emploi et trouve un poste de préceptrice dans le domaine de Thornfield Hall, chez un riche propriétaire mystérieux prénommé Edward Fairfax Rochester…
La Critique :
Les sœurs Brontë ont écrit sept romans à elles trois. Sur les sept, trois sont considérés comme des chefs-d’œuvres et ont été adaptés plusieurs fois au cinéma et à la télévision. Il s’agit de Jane Eyre (de Charlotte Brontë), des Hauts de Hurlevent (d’Emily Brontë) et de La Recluse de Wildfell Hall (d’Anne Brontë). Cependant les deux premiers romans connaissent un succès largement supérieur au troisième.
Jane Eyre a connu plus de dix adaptations cinématographiques et télévisées très différentes les unes des autres. La première de Theodore Marston date de 1910, tandis que la dernière en date est sortie en 2011. Au fil des années cette histoire a conquit un large public, et nul ne sait combien de fois encore elle va être adaptée. En tout cas, les admirateurs de Jane Eyre sont toujours fidèles.
Parmi les nombreuses adaptations, certaines l’emportent sur d’autres dans l’opinion général. Ainsi dans la quinzaine de déclinaisons, les versions de 2006 (Susanna White), de 2011 (Cary Fukunaga), de 1944 (Robert Stevenson), de 1996 (Franco Zeffirelli) ou encore celle de 1983 (Julian Amyes) sont les plus appréciées. Et c’est justement de cette dernière dont il est question ici.
La version de 1983 réalisée par Julian Amyes est très particulière car elle adopte le format d’une série, pour une durée totale de presque cinq heures. Il s’agit plus précisément d’une mini-série de 10 épisodes, diffusée à la télévision, sur la BBC. Il y eu d’ailleurs deux autres adaptations de Jane Eyre en format mini-série toujours sur la BBC. La première datant de 1973 et réalisée par Robin Chapman, et la dernière en date, celle de 2006 (l’une des plus appréciées, comme dit plus haut).
La grande force de la version de Julian Amyes réside donc dans sa durée, car elle permet de retranscrire le bouquin avec authenticité et dans le détail. Les textes du livre sont ainsi parfois rendus dans leur exactitude. La grande réussite c’est que les épisodes sont prenants, pas ennuyeux pour un sou, mais surtout impeccablement interprétés. Zelah Clarke joue une Jane Eyre tout en réserve et retenue. Le caractère du personnage, sa force mais aussi sa passion, sont exprimés avec justesse. Mais la mention spéciale revient clairement à Timothy Dalton, absolument admirable dans son interprétation d’Edward Fairfax Rochester. Très investi dans le rôle, il joue à merveille et avec mesure ce personnage assez complexe. Son jeu à la fois déchirant, enthousiasmant, fébrile et si touchant est d’ailleurs très apprécié par les amateurs du genre. Il se démarque de part la puissante émotion qu’il apporte au personnage, et la diversité de son jeu. Ce même Timothy Dalton qui plus tard deviendra une star internationale grâce à son interprétation de James Bond dans les films Tuer n’est pas jouer et Permis de tuer. Il avait d’ailleurs également joué le rôle de Heathcliff, personnage principal des Hauts du Hurlevent, dans une adaptation de 1970 (réalisée par Robert Fuest). Il est évident que si les deux acteurs principaux n’avaient pas été à la hauteur, cette série d’épisodes aurait été bien fade et sans intérêt.
Cette adaptation se rapproche davantage d’une pièce de théâtre que d’une œuvre cinématographique. La majeure partie des scènes ont été tournées en intérieur, et les scènes en extérieur se comptent sur les doigts d’une main. Cela crée un manque évident d’espace, surtout en comparaison au cinéma actuel, mais les quelques scènes tournées en extérieur sont tout de même très réussies, respirant parfaitement l’atmosphère des terres anglaises brumeuses et bucoliques. Cet aspect parfois un peu trop théâtral ainsi que des décors sommaires qui paraissent aujourd’hui vieillots, amènent indéniablement une petite touche de kitsch à l’ensemble, qui n’est cependant pas franchement dérangeante. On notera également une mauvaise gestion de la lumière pour certains plans. Cependant, une fois plongé dans l’histoire, l’attention se porte sur les comédiens imprégnés de leur rôle, tout deux parfaitement en symbiose, ce qui éclipse les détails incommodants. Ces très légers bémols s’expliquent d’ailleurs par les techniques de l’époque et certainement par un manque de budget. De toute façon, cette production est à voir d’un point de vue d’ensemble.
La Jane Eyre de Julian Amyes n’est clairement pas dotée de la meilleure mise en scène qui soit, mais c’est indéniablement l’une des versions les mieux interprétées et au plus proche de l’histoire littéraire. Il s’en dégage une profonde authenticité qui captive sans jamais ennuyer.
@ Audrey Cartier