[Critique série] LOUIE – SAISON 1

SÉRIES | 15 juillet 2014 | Aucun commentaire
LOUIE-SEASON-ONE

Titre original : Louie

Rating: ★★★★☆
Origine : États-Unis
Créateur : Louis C.K.
Réalisateur : Louis C.K.
Distribution : Louis C.K., Pamela Adlon, Nick DiPaolo, Todd Barry, Ricky Gervais, Matthew Broderick, Tom Noonan, Stephen Root…
Genre : Comédie
Diffusion France : OCS
Nombre d’épisodes : 13

Le Pitch :
Louie a 42 ans. Comique de stand-up, il est aussi divorcé et père de deux filles. À New York, Louie se débat avec différents problèmes, comme la nécessité d’être un bon père, de retrouver l’amour, ou encore de composer avec les membres fantasques de sa famille…

La Critique :
New York, ses quelques 8,5 millions d’habitants, sa Statue de la Liberté, ses Yankees et ses névrosés. Woody Allen, le plus connu d’entre tous, a carrément fait de son incapacité chronique à rentrer dans le rang, son fond de commerce, mettant en scène dans nombre de ses films ses questionnements métaphysiques et ses déambulations psychologiques assistées par son psy.
Depuis 2010, la Grosse Pomme doit désormais également compter sur Louis C.K.. Quadragénaire rompu à la scène, qu’il sillonne de long en large depuis le milieu des années 80, C.K. est aujourd’hui un incontournable de la comédie américaine.
Ancien garagiste venu plus ou moins laborieusement au stand up, rapidement chaperonné par Jerry Seinfeld, puis salué par le milieu pour son travail d’écriture avec Chris Rock et des émissions comme Late Show with David Letterman, C.K. multiplie également les shows à succès et apparaît dans des séries comme Parks and Recreation. Connu, Louis C.K. le devient néanmoins véritablement avec Louie, cette sitcom en forme de miroir légèrement déformant que le comédien se tend à lui-même. C’est dans cette série, qu’il écrit, qu’il dirige, qu’il produit et dans laquelle il apparaît dans le rôle principal, que C.K. exprime sans retenue aucune sa verve explosive, longtemps au service des autres.

La première saison de ce show atypique donne le ton. Généralement, un épisode type débute alors que Louie se produit sur les planches devant son public. À l’instar de la série Seinfeld, Louie fait la part belle au stand up, bien qu’ici, l’aspect autobiographique semble encore plus marqué. En alternant passages de scènes et séquences plus classiques illustrant la vie de tous les jours de l’acteur, la série marque la volonté de son créateur de rester proche de ses premières amours scéniques. Quand il est devant son public, Louie est sûr de lui. Il raconte des anecdotes inspirées de ses propres expériences, cause de ses filles, de son divorce, de son âge ou encore de la religion et n’hésite pas à prendre à partie son public, en bon maître de cérémonie qu’il demeure. Quand les projecteurs ne sont plus braqués sur lui, ce n’est pas la même salade. Au contact du monde extérieur, Louie est plus discret, moins assuré, et constamment en proie à divers problèmes et autres questionnements intérieurs profonds, voire carrément métaphysiques.
Cette tendance à verser franchement dans l’absurde et l’onirisme, contribue également à conférer à Louie son identité profonde, instaurant une imprévisibilité rafraîchissante. Comme quand, alors qu’il discute avec une potentielle conquête au bord de l’eau et que d’un coup d’un seul, la nana se tire à bord d’un hélicoptère sorti d’on ne sait où. Un exemple parmi d’autres, pour un show dont l’une des qualités principales est de contrebalancer la vulgarité (non gratuite) et le côté « sans filtre » de l’humour, par une poésie inattendue et une propension à laisser divaguer des idées tout autant farfelues que souvent charmantes.

Cela dit, il s’agit avant tout de comédie. Sur la scène d’un club new yorkais, via des sketches parfois super inspirés et furieusement hilarants, et dans la « vraie » vie, où la maladresse et la malchance chronique du quadragénaire donnent lieu à des situations parfois grotesques elles aussi très drôles, Louie est une vraie bombe à retardement. Certes, parfois inégale, mais néanmoins jamais plombante. Chaque épisode offre au moins deux ou trois bonnes occasions de s’esclaffer, quel que soit le sujet abordé. Et si Louie est aussi drôle, c’est aussi parce qu’il s’avère très attachant. Touchant, émouvant, C.K. joue aussi parfois sur la fibre pathétique de son alter-ego et il fait mouche. Louie encourage l’identification. Ses galères peuvent faire écho aux nôtres. Ses échecs et ses réussites également.
L’écriture absolument brillante de C.K. fait des merveilles. Encore une fois, elle s’avère parfois inégale, mais dans l’ensemble, la prose du comédien squatte le haut du panier de la production actuelle.

Lorgnant du côté de Woody Allen, sans pour autant plagier quoi que se soit, si ce n’est ces volutes jazzy qui caractérisent la bande-originale, Louie est une série surprenante. Surprenante car étrangement, elle est l’une des rares à maîtriser à fond les ruptures de ton. À ne pas avoir peur de choquer par exemple, en abordant des sujets sensibles. En soufflant le chaud et le froid, Louis C.K. démontre d’un courage artistique rare et insolent, tandis que son personnage, de par sa normalité parfois tragique, dessine en filigrane une réflexion plus profonde qu’il n’y paraît sur notre époque.

@ Gilles Rolland

Louie-CK-Broderick

Par Gilles Rolland le 15 juillet 2014

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