[Critique série] MR. ROBOT – Saison 1

SÉRIES | 29 octobre 2016 | Aucun commentaire
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Titre original : Mr. Robot

Rating: ★★★★½
Origine : États-Unis
Créateur : Sam Esmail
Réalisateurs : Niels Arden Oplev, Sam Esmail, Jim McKay, Nisha Ganatra, Deborah Chow, Christoph Schrewe, Tricia Brock.
Distribution : Rami Malek, Christian Slater, Portia Doubleday, Carly Chaikin, Michel Gill, Gloria Reuben, Ben Rappaport, Ron Cephas Jones, Frankie Shaw, Martin Wallström…
Genre : Thriller/Drame
Diffusion en France : France 2
Nombre d’épisodes : 10

Le Pitch :
Elliot Alderson, un ingénieur spécialisé dans la sécurité informatique devient une fois la nuit tombée, un hacker surdoué. Il use de ses compétences hors norme pour redresser certains torts et améliorer une société qu’il considère décadente et malade. Le problème, c’est qu’il est lui-même victime de graves troubles mentaux et d’une addiction à la morphine qui lui sert de béquille psychologique. Ainsi, lorsqu’il est contacté par un groupe d’activistes baptisé Fsociety, ayant pour objectif de mettre à bas la plus grande multinationale du monde, il accepte sans se douter qu’il va déclencher un engrenage à la fois personnel et mondial aux répercussions insoupçonnées…

La Critique de Mr. Robot – Saison 1 :

Mr. Robot a incontestablement été l’une des plus grosses surprises de l’année 2015. Il faut dire que cette série sort un peu de nulle part. Pour le coup, USA Network a frappé fort et ce dès la promo en usant de divers artifices et techniques peu orthodoxes pour éveiller l’intérêt du public : messages virtuels cryptés, trailer diffusé sur Twitch (célèbre plateforme de gaming) et à l’E3 (le plus gros salon de jeux-vidéo au monde situé à Los Angeles), pilote offert aux utilisateurs du WiFi de l’aéroport d’Austin pendant le festival South By SouthWest… Bref, le public visé est clairement geek. Ce qui tombe bien car le show est pile dans ce créneau…

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Antisocial, tu perds ton sang froid

L’ouverture pose l’ambiance en quelques minutes. Le héros, Eliott va à la rencontre d’un homme propriétaire d’une chaîne de cafés et commence à l’aborder de manière assez peu conventionnelle. Il lui sort sa bio détaillée avant de l’accuser d’héberger un réseau de partage d’images pédopornographiques dans le Deep Web en lui précisant qu’il ne se laissera pas corrompre avant de partir comme il était arrivé, laissant la police faire son travail et interpeller le coupable… Boum, ça fait cinq minutes que ça a commencé et on est déjà bien secoué (a-t-on besoin de préciser que ce show ne s’adresse pas à tout le monde et que son ambiance et les sujets traités peuvent clairement déranger ?).
On voit donc les diverses facettes du personnage à son boulot où il s’intègre mal en raison de ses problèmes psychologiques, en séance chez sa thérapeute… On devine que quelque chose cloche chez lui, tout en admirant sa lucidité et son acuité dès lors qu’il s’agit de mettre en lumière les dérives de notre société actuelle tandis que l’intrigue ne va jamais se priver dès lors de multiplier habilement les retournements de situation et autres twists.

Une série très graphique

Visuellement parlant, Mr. Robot est sublime ! Chaque plan est léché à l’extrême, posant une multitude d’ambiances différentes, le plus souvent angoissantes ou déprimantes avec toutes sortes de nuances. La création de Sam Esmail s’inscrit à fond dans cette tendance actuelle qui voit les séries télé adopter une mise en scène cinématographique pour s’affranchir des seuls dialogues comme outils narratifs. Mention spéciale à la représentation du piratage, à la fois claire et très réaliste (une gageure tant le processus est anti-cinématographique). Le choix de la bande-son est toujours pertinent, qu’il s’agisse de thèmes emblématiques de musique classique ou de simples nappes électroniques, la dramaturgie en est toujours renforcée. La photographie se pare d’un joli cachet indépendant tout en contrastes subtils, qui sied à merveille au propos servi. Par contre, et c’est important de le souligner, il n’y a pas de réel générique dans cette série, ce qui engendre un rythme inhabituel et assez intéressant. L’immersion est donc totale et parfois douloureuse, tant certains moments sont sombres.

Des références bien intégrées

Le fond est donc mature, adulte. Sans concession dès lors qu’il s’agit de montrez les failles béantes de la nature humaine et de la société qu’elle engendre, Esmail nous questionne. Le réel, le virtuel, le privé, le public, tout est posé sur une table de dissection et constamment mis à l’épreuve des enjeux de notre époque. Critique du capitalisme, des élites, des grandes entreprises, de certains comportements sociaux à l’ère du tout connecté. Alors oui, on peut s’amuser à noter les nombreuses influences du show qui vont de Black Mirror à Fight Club en passant par Millenium (parallèle d’autant plus pertinent que c’est Niels Arden Oplev qui réalise le pilote, lui qui a réalisé la première adaptation de la saga) mais celles-ci n’en forment pas moins un tout cohérent au service d’une vision très personnelle. La façon dont les thématiques et les échelles d’intrigue sont utilisées nous offre un sentiment de vertige rarement atteint à la télévision. La réalité et la fiction se nourrissent mutuellement puisque Mr. Robot s’inspire de divers événements (Printemps arabe, Occupy Wall Street, piratages de Sony et Ashley Madison, le mouvement Anonymous…). Ainsi, Rami Malek a donné des conférences sur la sécurité informatique dans la vie réelle, certains logiciels usités dans la série se sont vus améliorés grâce à elle… Bref, on nage dans une œuvre méta fascinante et foisonnante. Il y aurait beaucoup à dire mais bon, on va vous laisser bosser dessus, hein !

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Pour porter un tel univers, il a fallu dénicher des acteurs de grand talent, et là encore, c’est carton plein. Christian Slater fait là un incroyable retour sur le devant de la scène en campant le rôle titre (mais pas le héros, vous suivez ?) et nous montre qu’il en a toujours sous le pied. Les seconds rôles ne sont pas en reste avec l’inconnu, et fort prometteur, Martin Wallström, qui prête ses traits à l’inquiétant Tyrell Wellick (celui ou celle qui trouve la référence aura droit à un cookie), et Portia Doubleday s’avère très touchante en amie concernée. Mais c’est surtout Rami Malek qui, dans le rôle d’Elliot, retient l’attention. Avec son visage singulier, il réussit à revêtir les atours d’un personnage complexe, riche qui jamais ne tombe dans la caricature. Il écrase tout sur son passage et nous livre LA performance de l’année dans une série.

En Bref…
Si la première saison de Mr. Robot n’est pas parfaite, elle n’en reste pas moins dangereusement efficace et addictive.Les influences sont certes perceptibles, mais bien digérées et synthétisées dans un pur concentré d’ambition et de méticulosité.

@ Sacha Lopez

mr-robot-rami-malek-christian-slater  Crédits photos : USA Network

Par Sacha Lopez le 29 octobre 2016

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