[Critique série] OUTLANDER – Saison 1

SÉRIES | 16 septembre 2016 | 2 commentaires

Titre Original : Outlander

Rating: ★★★★½
Origine : États-Unis/Grande-Bretagne
Créateur : Ronald D. Moore
Réalisateurs : John Dahl, Brian Kelly, Anna Foerster, Mike Barker, Richard Clark, Metin Hüseyin.
Distribution : Caitriona Balfe, Sam Heughan, Tobias Menzies, Duncan Lacroix, Graham McTavish, Gary Lewis, Stephen Walters, Grant O’Rourke, Finn Den Hertog, Bill Paterson, Lotte Verbeek, Nell Hudson…
Genre : Fantastique/Aventure/Science-Fiction/Romance/Drame/Adaptation
Diffusion en France : Netflix
Nombre d’épisodes : 16

Le Pitch :
1945. Claire Beauchamp Randall est en vacances en Écosse avec son époux Franck Randall. L’occasion pour eux de se retrouver après cinq années de séparation, en raison de la Seconde Guerre mondiale. Les deux époux anglais, meurtris et traumatisés, voient en ce voyage une chance de recréer les liens, désormais abîmés, de leur relation. Mais alors que Claire décide d’aller s’aventurer seule sur le lieu mythique de Craigh na Dun, non loin de la ville d’Inverness, elle se retrouve tout à coup propulsée au XVIIIe siècle. Complètement perdue, elle est recueillie par un groupe de soldats écossais et fait la rencontre de Jamie Fraser. Commence alors pour elle de nouvelles aventures, aussi passionnantes que dangereuses…

La Critique :
La série mi-époque/mi-fantastique créée par Ronald D. Moore est entrain de gagner du terrain. Celle qui ne comptabilise pour le moment que deux saisons, vient d’être renouvelée pour une troisième et une quatrième. Le succès est grand, les attentes immenses. Retour sur une véritable réussite.

Outlander nous raconte l’histoire de Claire Beauchamp Randall, infirmière anglaise ayant servi sur les champs de bataille lors de la seconde guerre mondiale, qui se voit soudainement propulsée au XVIIIe siècle. Cette fuite dans l’espace-temps se produit lors de l’année 1945, au moment où Claire se trouve en Écosse avec son époux Franck Randall. C’est lors d’une balade au cœur du lieu mythique « Craigh na Dun », un plateau d’arbres et de vieilles pierres formant un cercle, que cette dernière effectuera son plus grand voyage. Mentionnons que cet assemblage de vielles pierres n’existe pas, le lieu chargé de magie a spécialement été créé pour la série. Après avoir franchi les pierres par accident, Claire se retrouve au même endroit, en Écosse donc, non loin de la ville d’Inverness, mais 200 ans plus tôt. À partir de ce moment précis, sa vie ne sera plus jamais comme avant. Ces voyages dans le temps et l’atmosphère mystique qui se dégage de l’ensemble confèrent à Outlander son statut de série fantastique, mais elle est loin de n’être que ça. L’histoire raconte des faits réels, bien que romancés, et c’est la Bataille de Culloden qui en est le centre. Le déroulement de cette dernière n’apparaîtra cependant que dans la seconde saison. Au cœur du récit, si bien mis en scène, on (re)découvre l’histoire des clans mythiques, le mode de vie dans les Highlands, les châteaux à l’architecture typique ainsi que les merveilleux paysages écossais, naturels et vastes. La grande bouffée d’oxygène est bien présente, ce qui est appréciable, car plutôt unique dans l’univers des séries. La qualité de la retranscription de cette époque, dans les moindres détails, rend hommage à la culture écossaise et à son histoire, mais fait aussi naître beaucoup de curiosité positive pour ce singulier pays du Royaume-Uni. L’époque, l’atmosphère romanesque, les lieux ou encore la mythologie écossaise font d’Outlander une œuvre fictionnelle unique, dépaysante et surtout exaltante. Au fil des épisodes, la série de très bonne facture multiplie les genres et les époques, ce qui constitue une grande richesse garantissant son unicité.

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La première saison est un peu comme le bon vin, cela devient meilleur au fil du temps. En effet, si les premiers épisodes introductifs peuvent paraître assez lents, on constate néanmoins par la suite que tout s’enchaîne très vite dans cette histoire, qui ne démarre réellement qu’à partir de l’épisode 4. Un épisode au cours duquel les protagonistes se mettent en marche vers de nouvelles aventures enthousiasmantes, et qui annonce pour la suite de l’histoire, la combinaison intéressante de plusieurs univers différents. On passe du château fermé de Castle Leoch à un décor ouvert sur les magnifiques paysages écossais. Puis les actions s’enchaînent, et l’intrigue se développe au gré de lieux toujours changeants, sur un rythme épique particulièrement prenant. Après une longue présentation, importante et nécessaire, l’histoire se met enfin en mouvement, pour notre plus grand plaisir. Il serait donc alors dommage d’abandonner en cours de route avant que le millésime n’arrive.

Il y a beaucoup de choses dans Outlander, beaucoup de bonnes choses. Il y a ces nombreux ingrédients qui en font une série complète à la beauté renversante et menée par des intrigues passionnantes. Cependant, un point important fait de la série une fiction non seulement très intéressante, mais aussi quelque peu « avant-gardiste », on parle ici de son point de vue féministe. Et le terme n’est pas exagéré. Le personnage principal est après tout, une femme, admirablement interprétée par Caitriona Balfe. Claire Beauchamp Randall est la narratrice, celle sur qui repose toute l’histoire et qui apparaît sur 90% des plans. Et si cette héroïne n’est pas parfaite, elle est un modèle d’intégrité et de courage auquel il est facile de s’attacher. Propulsée au XVIIIe siècle, elle va vite s’adapter, non sans heurts, et imposer son avis et ses idées au milieu d’une société archaïque extrêmement machiste. Il était évident que le personnage principal de l’histoire devait être doté d’un fort caractère, mais au-delà de ces choix indubitables, on remarque très nettement une intelligence plus profonde du propos. Une clairvoyance notable qui s’incarne par un inversement des valeurs, à tous points de vue. Il y a bien sûr les nombreux aspects romanesques, les guerriers écossais en kilt plein de courage, mais la série n’est pas l’histoire de l’éternel héros qui sauve sa belle. Claire sait faire preuve d’audace, et son bonheur passe par son accomplissement personnel, sa propre réalisation. C’est là où la série innove et apporte une nouvelle vision, plus juste, de ce que doit être l’héroïsme chez un personnage féminin. On peut aisément reconnaître qu’un personnage principal incarné par une femme souhaitant s’émanciper, se réaliser ou tout simplement exister par elle-même, le tout dans un contexte d’époque, n’est pas chose commune. Les personnages féminins dans la fiction servent bien trop souvent de faire-valoir au service de l’histoire globale.
Claire est la narratrice, les choses sont appréhendées de son point de vue, et cela concerne également les scènes de sexe, très présentes dans la série. Ces dernières ne sont pas filmées de façon machiste, bien au contraire, et contribuent à faire de Claire un personnage féminin fort et décisionnaire. Dans la série, elles ont toujours un sens particulier car elles marquent un tournant nécessaire et primordial dans la narration et dans l’évolution des personnages, tout en reflétant admirablement la passion qui existe entre Claire et Jamie. Intelligence et finesse sont ici les maîtres-mots, un point qui mérite d’être soulevé. Jamie Fraser est un jeune guerrier écossais du XVIIIe siècle, et le second personnage principal de l’histoire, qui va très vite développer une passion pour Claire. Jamie remettra en question les traditions obsolètes et révoltantes de son éducation au contact de la jeune femme. Il est interprété par Sam Heughan, un acteur très investi qui n’a de cesse de donner de l’épaisseur à son personnage à mesure que les événements avancent, avec tout le charisme qui le caractérise. Le jeu des deux acteurs principaux est incroyable, tous deux font naître une empathie réelle et par conséquent une affection certaine pour leurs personnages, hauts en couleur. Il y a d’ailleurs une alchimie très impressionnante entre Caitriona Balfe et Sam Heughan.

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Car on l’aurait presque oublié mais Outlander c’est avant-tout l’histoire de la romance passionnée entre Claire et Jamie, qui tous deux n’appartenant pas à la même époque, développeront tout de même des sentiments très forts l’un pour l’autre. Des sentiments à l’épreuve du temps et de toutes les adversités. Cet amour vibrant à la fois « inter-temporel » et intemporel est exploité intelligemment mais surtout magnifiquement interprété. Néanmoins attention, rien de « fleur bleue » pour autant. Si cette romance est belle et authentique, elle se développe néanmoins au cœur d’un monde sanglant, féroce et souvent injuste. La violence est très présente, certaines scènes choquent ou surprennent, d’autres sont à la limite du soutenable. Le monde du XVIIIe siècle est rude, les injustices omniprésentes tout comme les dangers, et les femmes n’ont quasiment aucun droits. La réalisation se veut à la fois réaliste et moderne et se refuse à sombrer dans la facilité ou la simplicité. Les thématiques difficiles sont toujours abordées par le biais d’une vision intelligente, alors que les questionnements et les remises en cause des mythes et croyances sont omniprésents. Par ailleurs, si l’intense romance entre les deux protagonistes est le pilier de l’histoire, l’action n’est quant à elle jamais délaissée, et les rebondissements foisonnent. Des rebondissements divers rendus possibles grâce à un scénario solide et au large éventail de personnages tous aussi différents les uns des autres. En ce qui concerne l’interprétation générale on peut dire que le casting est exemplaire. Certains acteurs qui ne sont pas écossais sont troublants de part l’authenticité de leur accent. On pense notamment à Stephen Martin Walters qui interprète le très drôle Angus Mhor et à Duncan Lacroix qui incarne Murtagh Fraser, un personnage attachant. Graham McTavish alias Dougal MacKenzie est quant à lui charismatique et brillant à souhait, aux côtés du très bon Gary Lewis qui joue Colum MacKenzie. En somme, on voit très clairement que tous les acteurs ont été castés avec un souci tout particulier et le résultat est franchement grandiose. L’excellente interprétation générale est un des grands atouts de la série. Et que dire de l’excellent Tobias Menzies qui interprète l’un des plus grands méchants de la télévision à ce jour ? La violence, très présente dans la série, s’incarne sous les traits de son personnage, Jonathan « Jack » Randall, capitaine des dragons de l’armée anglaise. Rare sont les acteurs capables de livrer une prestation aussi épatante, et il est parfaitement étonnant que ce fabuleux acteur n’ait à ce jour obtenu aucune récompense pour sa double prestation. Car Tobias Menzies interprète deux personnages à la fois dans la série, tous deux très différents l’un de l’autre. Il est à la fois Franck Randall, le mari patient et compréhensif de Claire, et Jonathan « Jack » Randall surnommé « Black Jack » le tortionnaire sadique du XVIIIe siècle. Et que serait une histoire romanesque sans grand méchant ? Ici, on peut dire que l’acteur remplit son rôle à la perfection.

Par delà cette violence, la série n’oublie pas d’être drôle, agrémentée de touches rocambolesques. Une dimension salutaire qui permet de relâcher un peu la pression inhérente au contexte dramatique. La réalisation est superbe, aidée par des décors idylliques de pleine nature. Il y a un immense travail qui est effectué derrière la caméra et ça se voit. Mais ce qu’il y a certainement de plus incroyable dans Outlander, c’est la profonde authenticité qui s’en dégage. On est réellement transporté vers un autre univers et l’empathie ressentie pour les personnages est aisée. La série passe par une palette riche d’émotions différentes, renforcée par des partitions musicales extraordinaires et incroyablement à propos. La bande-originale mériterait sans doute elle aussi une récompense.

Au-delà des grandes qualités cinématographiques de la série, rappelons qu’à la base Outlander est une suite de romans intitulée Le Chardon et le Tartan en français, écrite par Diana Gabaldon, à ce jour inachevée. C’est également le cas des romans A Song of Ice and Fire (Le Trône de fer en français), écrits par George R. R. Martin et adaptés sur le petit écran sous le nom de Game of Thrones. Outlander – Le Chardon et le Tartan s’inscrit dans plusieurs genres littéraires différents comme la fantasy, le roman historique, la romance ou encore la science-fiction. Une diversité intéressante, respectée dans l’adaptation télévisée, comme mentionné plus haut. Diana Gabaldon est d’ailleurs consultante sur la série, qu’elle apprécie beaucoup.

La première saison de Outlander est un tour de force, à tous points de vue. Voyage, dépaysement et évasion sont au rendez-vous, mais attention, cette fresque historique et fantastique est aussi empreinte d’une très forte mélancolie. De celle qui pèse sur le cœur et qui laisse des traces …

En Bref …
Outlander est une série de grande classe, toujours en mouvement, qui a « de la gueule » et une identité propre. Unique dans l’univers des séries et donc immanquable, elle pourrait captiver le plus grand nombre grâce à la pluralité de ses univers et thématiques abordées.

@ Audrey Cartier

outlander-season1  Crédits photos : Starz

Par Audrey Cartier le 16 septembre 2016

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figarella
figarella
6 années il y a

bonjour .je regarde la serie mais pas avec grande passion
le scénariste doit être un grand malade dans sa tete.
Entre luxure ,lubrique ,domination,pour la partie fesse en l air et il y en a beaucoup .Puis la barbarie voir boucherie de pas mal de scène de combat .la lenteur monotone de certain Episode sans est même lourd et ennuyeux .Enfin soit disant la femme qui veux s émancipé , mais alors quelle cruche c est plus fort qu’elle elle sait pas se taire ,et a chaque fois ca lui reviens dans la tronche , et ca rame rame rame pffff

Audrey
Audrey
6 années il y a

Personnellement, j’ai beaucoup apprécié la première saison, un peu moins la seconde, et du mal avec la troisième. Assez d’accord avec vous sur la lenteur, j’avais mis quelques épisodes à être dedans, mais après j’avais adoré la première saison, la considérant comme une oeuvre vraiment à part. La violence et la sexualité y sont exacerbées mais elles ont, à mon sens, une fonction. Vous n’avez donc pas poursuivi ?