[CRITIQUE SÉRIE] WE OWN THIS CITY
Titre original : We Own This City
Rating:
Origine : États-Unis
Créateurs : David Simon, George Pelecanos, Ed Burns.
Réalisateur : Reinaldo Marcus Green
Distribution : Jon Bernthal, Wunmi Mosaku, Jamie Hector, Josh Charles, Rob Brown, David Corenswet, Don Harvey…
Genre : Policier/Adaptation
Diffusion en France : OCS
Nombre d’épisodes : 6
Le Pitch :
Dans une ville de Baltimore de plus en plus violente, une unité spéciale de Police est mise en place pour ramener l’ordre. Avec à sa tête le Sergent Wayne Jenkins, les premiers résultats sont plutôt encourageants, mais tout va vite partir à vau l’eau, au grand dam des Institutions locales…
La Critique de la saison 1 de We Own This City :
Deux décennies après la cultissime The Wire, la triade Simon/Pelecanos/Burns est de retour à Baltimore. Pas question de spin off ou autre suite, We Own The City s’impose comme un nouveau chapitre dédié à une ville et sa population toujours à l’agonie. Complémentaire, là où The Wire relatait les actions policières menées par l’inoubliable Mc Nulty et sa brigade, le constat est ici bien moins reluisant, à base de violences gratuites, corruption et autres déviances en bande organisée, comme dirait l’autre.
Back in town
Employé au Baltimore Sun dans ses jeunes années, David Simon base ici les faits sur l’ouvrage de Justin Fendon, journaliste lui aussi dans la même rédaction. Au menu, l’histoire de la Gun Trace Task Force, une unité d’élite policière venue mettre fin au désordre ambiant. Mais de fil en aiguille, de vols dans les saisies aux tabassages gratuits, délits de faciès, extorsions et autres, les « gentils » deviennent encore plus redoutables que les supposés « méchants ». Chronique urbaine d’une Amérique à bout de souffle, l’adaptation à l’écran reste captivante, même si elle manque par moment de basculer dans la pure violence, chose paraissant pourtant évidente vu la morosité des faits relatés.
Baltimore à tous les coins de rue
Derrière la caméra, il manque à Reinaldo Marcus Green ce brin de transpiration incessante existante dans The Shield par exemple. À l’image du rôle central campé par Jon Bernthal, qui aura pourtant eu le mérite d’avoir quitté The Walking Dead à temps, certains personnages sont en surchauffe là où d’autres excellent (jubilatoire Josh Charles en flic bien pourri de service). Le format n’y est sans doute pas pour rien, des portes restant ouvertes, ce qui laisse à l’arrivée un léger goût d’inachevé. Des regrets, tant le parti pris alternance documentaire fiction pure est maîtrisé à merveille, avec en fil rouge l’affaire Freddie Grey, jeune afro américain victime de violences policières en 2015, donnant à l’ensemble de l’œuvre une dimension dépassant le simple état des lieux accablant.
Amérique perdue
Démantelée dix ans après sa création, l’unité a laissé aujourd’hui une plaie ouverte à un système américain qui ne se cicatrisera sans doute jamais. Malgré les multiples alertes exposées ici, le pays de l’Oncle Sam sera une nouvelle fois entaché d’une affaire similaire dans le Minnesota quelques années plus tard avec la mort de George Floyd, dans des circonstances similaires, donnant naissance au mouvement Black Lives Matter. « En vingt ans, rien n’a changé, c’est même pire » pouvait-on lire sur les affiches annonces du nouveau show d’HBO, et au vue du contenu de ce We Own This City, la publicité est malheureusement bien loin d’être mensongère ….
En Bref …
Pour son retour en ville avec ses deux habituels acolytes, David Simon signe avec We Own This City une nouvelle plongée dans les bas-fonds de Baltimore. Bien moins monumentale que The Wire, cette mini-série reste toutefois une excellente mise en abîmes des dérives policières américaines au cœur d’un des états les plus violents des États-Unis.
@ Mathieu Laforgue