[Critique série] WESTWORLD – Saison 2
Titre original : Westworld
Rating:
Origine : États-Unis
Créateurs : Lisa Joy, Jonathan Nolan
Réalisateurs : Richard J. Lewis, Vincenzo Natali, Lisa Joy, Craig Zobel, Tarik Saleh, Nicole Kassell, Uta Briesewitz, Stephen Williams, LFrederick E.O. Toye.
Distribution : Evan Rachel Wood, Thandie Newton, Jeffrey Wright, James Marsden, Tessa Thompson, Ed Harris, Anthony Hopkins, Clifton Collins, Luke Hemsworth, Katja Herbers, Louis Herthum…
Genre : Science-Fiction/Western/Aventure/Drame/Adaptation
Diffusion en France : OCS
Nombre d’épisodes : 10
Le Pitch :
Les androïdes ont débuté leur révolution dans le sang, traquant les humains à travers le parc de Westworld. Révolte qui s’organise différemment selon les aspirations de chacun. Alors que Dolores cherche à sortir du parc avec l’objectif d’asservir les humains, Maeve tente quant à elle de retrouver sa fille. L’Homme en noir pour sa part, poursuit sa quête dans le chaos d’un univers qui ne cesse de trembler sur ses fondations…
La Critique de la saison 2 de Westworld :
La remise au goût du jour au format série du film Mondwest (Westworld en version originale), qui voyait Yul Brynner et ses copains les robots, débiter de l’humain dans un parc à thème, s’est imposé comme l’un des nouveaux vaisseaux amiral de HBO. Une série ambitieuse, dont l’une des prouesses fut d’épaissir considérablement l’intrigue de son modèle cinématographique pour proposer quelque chose de plus complexe donc, avec de vraies réflexions philosophiques. Le tout sans sacrifier le plaisir immédiat, l’action et quelques-uns des codes propres au western et à la pure science-fiction. La saison 1 se terminant sur un carnage aux multiples implications. Car tel fut le défi de la saison 2 : assumer les choix narratifs du premier acte et aller de l’avant en prenant de véritables risques… Pari réussi, mais de justesse…
Le soulèvement des machines
La saison 1 de Westworld était parvenue à maintenir un savant équilibre lui permettant d’à la fois disserter avec la profondeur nécessaire sur ses thématiques, mais aussi imposer une rythmique et un sens du spectacle accru. Presque d’emblée, la saison 2 semble éprouver un peu plus de difficulté à faire la même chose. Et le principal responsable, c’est le scénario. Alors au début, forcément, ça va à peu près. C’est par la suite, tout spécialement quand certains personnages atteignent les limites de leur monde pour pénétrer dans l’autre (les fameux autres univers promis dans la saison précédente), que les choses se gâtent un peu. Non pas que Westworld déraille complètement. Loin de là. Disons plutôt qu’elle ne se montre pas aussi fluide qu’avant et les multiples intrigues, censées se rejoindre à un moment donné, ont plus de mal à se télescoper sans y perdre un peu de pertinence et de leur puissance.
Faux-semblants
En jouant sans cesse sur les allers-retours temporels, le récit s’embrouille un peu et nous avec. Il se mord la queue plus d’une fois et pêche presque par excès d’ambition. Ce qui finit par ressembler à de la prétention un peu mal placée compte tenu du résultat à l’écran. Car si Westworld parvient toujours ici à s’emménager quelques passages bien tendus, elle échoue par contre à maintenir la tension, qui se noie dans des considérations un peu mal dégrossies et une structure trop brouillonne pour se montrer aussi efficace qu’espérée. Tout spécialement en milieu de saison car après, quand se profile la conclusion de ce deuxième acte, ça s’arrange un peu. On peut prendre l’exemple du monde Shogun. Un univers qui ouvre ses portes mais au sein duquel il ne se passe rien de particulièrement palpitant. On pourrait même dire que si on enlevait l’épisode qui s’y consacre quasiment entièrement, la saison n’en souffrirait pas vraiment. Au contraire. Alors pourquoi avoir justement ouvert d’autres mondes, comme celui-ci, si c’était juste pour changer de décors ? Jamais ces extensions ne justifient réellement leur existence et au final, on revient de toute façon au western. Comme si les showrunners, conscients de leur incapacité à avoir su exploiter le monde japonais ou le monde indien, avaient décidé de faire demi-tour. Mais encore une fois, rien de catastrophique. Westworld s’est simplement laissée piéger par ses aspirations, perdues dans une histoire un peu trop alambiquée pour que les thématiques et le discours s’épanouissent pleinement.
Jugement dernier
Ainsi, la montée en puissance de Dolores déçoit un peu. Non pas à cause d’Evan Rachel Wood, excellente et pour le coup aussi flippante que fascinante. Non, ici, c’est encore une fois l’écriture qui est à montrer du doigt. Même constat pour l’Homme en noir campé par Ed Harris ou pour ce qui est de Bernard, l’androïde incarné par Jeffrey Wright. Aucun personnage n’échappe au scénario un peu trop bancal. Chacun voit ses aspirations et ses objectifs impactés par cette écriture trop alambiquée.
Heureusement, on le répète, vers la fin, Westworld revient un peu sur les rails, retrouvant un certain sens de la poésie, alors que le récit prend une direction inattendue. N’ayant en rien perdu de sa capacité à surprendre et donc à prendre à revers, la série de Jonathan Nolan et Lisa Joy a également profité de ce nouvel acte pour étendre son monde. Et si l’ambition au niveau de l’écriture ne convient pas toujours, tout ce qui relève de l’aspect visuel est par contre irréprochable. Westworld est toujours l’une des plus belles séries du moment, aucun doute sur ce sujet. Malheureusement, ça ne suffit pas forcément et parfois, le show aurait gagné à faire preuve d’un peu plus de limpidité pour atteindre ses objectifs et ainsi tenir l’ennui à distance. Espérons que la saison 3 rectifie le tir.
En Bref…
Si la saison 2 de Westworld débute sur les chapeaux de roue, les épisodes suivant déçoivent par leur incapacité à maintenir une rythmique soutenue ainsi que par leur écriture parfois trop brouillonne. Le show se perd ainsi au fil d’une structure alambiquée même si au fond, l’ambition philosophique est toujours aussi appréciable.
@ Gilles Rolland