[Critique série] WET HOT AMERICAN SUMMER : FIRST DAY OF CAMP – Saison 1
Titre original : Wet Hot American Summer : First Day Of Camp
Rating:
Origine : États-Unis
Créateurs : David Wain, Michael Showalter
Réalisateur : David Wain
Distribution : Bradley Cooper, Elizabeth Banks, H. Jon Benjamin, Janeane Garofalo, Jason Schwartzman, Ken Marino, Christopher Meloni, A.D. Miles, Amy Poehler, Paul Rudd, Molly Shannon, Michael Showalter, Chris Pine, Jon Hamm, Kristen Wiig, Michael Cera, David Wain, Bruce Greenwood…
Genre : Comédie
Diffusion en France : Netflix
Nombre d’épisodes : 8
Le Pitch :
Été 1981 : alors que les enfants affluent au camp de vacances Firewood, en pleine nature, les moniteurs préparent les multiples animations qui vont émailler cette nouvelle saison. Cependant, certains problèmes font déjà leur apparition. Les répétitions du spectacle d’inauguration par exemple, prennent une drôle de tournure, alors que deux moniteurs découvrent l’existence d’une décharge de produits toxiques à deux pas du camp. Pendant ce temps là, dans la colonie adverse, de l’autre côté du lac, les tensions s’exacerbent à l’encontre de Firewood. De quoi faire de cette première journée, une succession de péripéties sans précédents…
La Critique :
Wet Hot American Summer : First Day Of Camp est le préquel du film Wet Hot American Summer, sorti en 2001 aux États-Unis (il reste inédit chez nous). Un préquel réalisé par David Wain, déjà aux commandes du long-métrage. Wain qui ne fut pas le seul à rempiler puisque tous les acteurs déjà présents en 2001 ont répondu présent à l’appel de Wain et de Michael Showalter, l’autre créateur du show, qui figure également au casting. Une liste impressionnante de comédiens, dont certains sont depuis devenu réellement incontournables, à l’image de Bradley Cooper, d’Elizabeth Banks ou de Paul Rudd, rejoints par de nouveaux noms, Chris Pine, Kristen Wiig et Jason Schwartzman en tête. De quoi largement faire de Wet Hot American Summer l’une des séries à la distribution la plus spectaculaire de ces 40 dernières années (au moins). Voilà pour la petite histoire…
Les familiers des productions Apatow, de l’humour du Saturday Night Live et plus globalement de ces comédies américaines portées par un amour sans limite de l’absurde et du second degré, vont rapidement trouver l’eau bonne. Les autres peut-être moins, et cela même si la série sait néanmoins y aller mollo dans un premier temps niveau « grand n’importe quoi », pour ensuite passer la seconde et partir joyeusement en vrille. Ce moment se situant peu ou proue lorsqu’intervient une boite de conserve douée de la parole. Car telle est la vie au camp Firewood ! Tout le monde est le bienvenu et rien ne se passe vraiment comme prévu. En s’affranchissant de toutes les règles relatives au réalisme ou à la bien-séance, le scénario confère une liberté absolue à la prose d’une série nourrie de non-sens et de cet humour propre à un lâcher-prise total. Les acteurs à eux seuls vont dans ce sens. Tous autant qu’ils sont, Bradley Cooper, Elizabeth Banks, Kristen Wiig ou Paul Rudd, ont dépassé la quarantaine ou ne vont pas tarder, et incarnent à l’écran des moniteurs de 16 ans. C’était déjà le cas dans le film, ou le décalage entre l’âge des personnages et celui des acteurs dépassait allègrement la dizaine, mais rien à voir avec ici, où les enfants de la colonie sont bel et bien des enfants, mais où les adolescents sont des adultes. Une façon de notamment se moquer de toutes ces séries américaines pour teenagers, dans lesquelles des trentenaires bien tassés (ou presque) ont longtemps joué des lycéens en proie à des troubles propres à leur jeunesse.
Un peu à la manière de Casa de mi Padre, mais en moins hardcore tout de même, la série de David Wain et Michael Showalter ni va pas avec le dos de la cuillère et pousse le bouchon bien loin quand il s’agit d’en faire des caisses. Pour Wet Hot American Summer, respecter les règles ne fait pas partie du programme. Plus c’est gros, mieux c’est, et généralement, c’est d’autant plus drôle. Réactions abusives, situations bien débiles, répliques au diapason et mise en scène parfaitement raccord font de cette série un sommet d’excès en tous genre. Et là où certains ne verront qu’un truc atrocement lourdingue, d’autres y trouveront leur bonheur, au point d’aduler à juste titre ce classique instantané de la comédie. Autant savoir où on met les pieds…
Prestigieuse de part la somme de talents impliqués à tous les niveaux, Wet Hot American Summer fait partie de ces œuvres qui n’ont jamais vraiment trouvé leur public dans l’Hexagone. On ne pourra pas en vouloir à ceux qui préfèrent les comédies plus conventionnelles, mais ce que propose le show ne se trouve pas, mine de rien, à tous les coins de rue, en cela qu’il démontre par A + B l’extraordinaire verve comique de toute une générations d’acteurs dont l’alchimie et la faculté à verser dans la plus totale auto-dérision forcent en permanence le respect.
Alors que le premier épisode débute au son du Jane de Jefferson Starship, on déboule dans ce camp, avec quelques appréhensions et surtout l’espoir de vivre un moment que l’on espère unique. Les monos ont de bonnes tronches, ils sont plutôt accueillants et surtout très nombreux. Le cuistot est un peu taré, le directeur aussi, et la plupart semblent se foutre éperdument de leur boulot, beaucoup plus intéressés par la drague, le spectacle qu’ils préparent dans la grange ou encore la picole. Même les gamins jouent à la perfection et sont drôles. Très immersive, la série parvient rapidement à nous faire aimer la faune qui peuple le camp Firewood. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, le côté absurde des gags et du récit dans son intégralité ne créent pas du tout une distance, bien au contraire. L’ambiance du début des années 80 est remarquablement retranscrite et la photographie comme la réalisation arrivent à entraîner le spectateur dans un univers régit par ses propres lois. Au final, Wet Hot American Summer est non seulement brillante sur le fond, mais aussi dans la forme. Elle fait souffler un vent de liberté hyper salvateur et enfile comme des perles les répliques hilarantes et les gags sortis de nulle part et souvent absolument imparables. Christopher Meloni, un acteur surtout connu pour ses performances « policières » est terriblement drôle, Bradley Cooper s’affirme un nouvelle fois comme l’un des prodiges de sa génération, Kristen Wiig emporte la mise en une poignée de scènes seulement, Paul Rudd est fabuleux, comme Amy Poehler ; Elizabeth Banks confirme qu’elle est à l’heure actuelle l’une des forces de frappe les plus efficaces, entre verve comique impayable et sex appeal assez dément, et Chris Pine, en campant un ersatz de Jim Morrison, livre une performance superbe d’auto-dérision. Bien sûr, difficile de citer tout le monde. Le mieux est encore de se laisser porter et d’apprécier à leur juste valeur les 8 épisodes de cette série instantanément culte. Une fois débuté, le temps file à une vitesse incroyable et quand vient le dernier plan, un seul regret demeure : pourquoi 8 épisodes seulement ?
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Netflix