[Dossier] On se marre encore avec Les Simpson – Part. 1

DOSSIERS SÉRIES | 28 mai 2012 | Aucun commentaire

Vous vous rappelez de la quatorzième saison des Simpson ? Ah ! Que de bons souvenirs ! L’île du Docteur Hibbert, Moe le babysitteur de Maggie, Homer qui prend le contrôle d’une église, Bart et Lisa dans la même classe…

La moitié de ceux qui lisent ces lignes ont surement déjà décroché et sont partis se plaindre que la série n’est plus marrante. Ou qu’elle n’est plus marrante depuis la saison neuf. Ou la saison dix. Ou depuis l’épisode Le Principal principal. Ou depuis Derrière les rires. Ou depuis que certains sont allés faire leurs études ou ont trouvé autre chose à faire que de suivre obsessionnellement les aventures de la famille Simpson de semaine en semaine.

En fait, la notion que les Simpson ont souffert, pour certains, d’une baisse directement identifiable de qualité a toujours été mystérieuse. Peut-être que son temps à l’antenne a duré un peu trop longtemps ? Probablement. Est-ce que certains personnages et/ou des caractéristiques ont subi un usage excessif maintenant que l’émission a effectivement dépassé l’époque de la « télé polluante » des années 80-90 qu’elle était censée parodier ? Absolument.

 Mais là où tout le monde semble voir une série qui était autrefois parfaite et qui sombre à présent dans la nullité, on a plutôt affaire à une émission qui a toujours eu des hauts et des bas mais qui est restée au-dessus de la moyenne d’une manière assez cohérente. Autrement dit, on peut tous être d’accord (ou pas) sur le fait que les Simpson ont eu leur lot de nanars ces temps-ci. Mais il faudrait également se demander si les générations précédentes n’auraient pas un peu exagéré la brillance de l’âge d’or de la série. En ce qui concerne la dynamique relationnelle entre un film et ses admirateurs, une série télé et ses fans, Les Simpson est un phénomène unique. Sérieusement, avec un peu de recul, on aurait beaucoup de mal à trouver un cas similaire.

Expliquons. Il existe bien entendu des exceptions, mais il semblerait qu’une grande majorité des fans hardcore des Simpson qui sont déçus de l’état actuel de l’émission sont aussi, sans surprise, des fans venus de la Génération Numéro Uno qui suivent la série depuis le début (et qui ont beaucoup grandi depuis). Soyons brutalement honnêtes : quand on a découvert les Simpson pour la première fois, ce n’était probablement pas la satire perspicace de la pop-culture qui nous a scotché, ni la comédie sarcastique et intelligente. Plus probablement, c’était le fait qu’il y avait un dessin animé avec des insultes, des bagarres violentes et controversées, un dysfonctionnement familial qui nous faisait rire et un gamin futé qui balançait des vannes aux représentants de l’autorité sans se faire avoir.

On n’est pas seuls sur ce point. Beaucoup d’entre-nous aimaient Les Simpson quand ils étaient gosses, dés la première fois qu’on s’est plantés devant la télé pour regarder cette chère famille en jaune. On l’aimait de la même façon et pour les mêmes raisons qu’on aimait Les Maîtres de L’Univers ou Les Tortues Ninja ou Ultraman…Hé, c’est pas grave, on était jeunes ! En général, on ne développe pas des goûts raffinés à l’âge pré-pubère. Il faut grandir pour ça.

C’est pourquoi, en rétrospective, certains des épisodes « classiques » des Simpson qu’on pensait être les meilleurs du monde à l’époque (comme disons, Terreur à la récré ou Une soirée d’enfer), manquent un peu de cran d’un point de vue adulte, alors que d’autres qu’on trouvait ennuyants à la base (comme Marge perd la boule par exemple) semblent meilleurs aujourd’hui.

C’est un rite de passage : on grandit, nos goûts changent, on se rend compte que des trucs qu’on adorait en étant gamin ne tiennent pas la route comme prévu. Peut-être que c’était mauvais depuis le début. Peut-être que c’était fun mais compromettant dans des façons qu’on ne pouvait pas comprendre étant jeunes. Ou peut-être que cela avait du potentiel, mais que c’était présenté d’une façon trop primitive. En gros, « ne tient pas la route » est la règle du jour. C’est pour ça que nos générations actuelles sont de tels fans de l’ironie, appréciant notre nostalgie avec un détachement sarcastique du genre « Je sais que c’est nul mais c’est pour ça j’aime encore ». Ce genre de comportement nous a permis d’éviter que nos trésors d’enfance sombrent totalement dans l’oubli.

Mais avec Les Simpson, il s’est passé quelque-chose de bizarre. On a grandi et la série n’est pas devenue subitement pourrie. Au contraire, elle s’est améliorée, ou plutôt, elle avait toujours cartonné, mais maintenant on pouvait apprécier à quel point elle était bien, d’une autre manière. On a peut-être dépassé l’âge où on pensait que les bombes puantes, le graffiti et « Ay, Caramba ! » étaient les trucs les plus cool de la planète, mais maintenant on peut rire de la satire mordante du show-biz avec Krusty, des agacements quotidiens de la classe ouvrière avec Homer, ou encore un des nombreux problèmes existentiels de Lisa : le fait d’être une intello piégée dans un monde abruti… Le tout signé par une équipe très douée de scénaristes spécialisées dans la comédie.

C’était ça, le vrai miracle de l’âge d’or des Simpson. En grande partie grâce à la brève transformation de l’archétype « vilain petit garçon » des sitcoms (auquel correspondait Bart) en phénomène actuel de « Bartmania », la série a ainsi attiré un vaste public de primaires et de collégiens vers une émission destinée à l’origine au téléspectateurs des heures de grande écoute. Par la suite, elle a pu devenir pour ces mêmes gamins un des rares divertissements précieux de leur enfance. Une émission qui était toujours aussi géniale, peut-être d’une autre façon, lors de leur adolescence et en tant qu’adultes. Voilà comment quelque-chose passe d’une simple série télé à une institution culturelle irréfutable. Et puisque la chronologie de cette « institutionnalisation » coïncide plus ou moins avec les dix premières années de la série, devinez quelles saisons sont considérées comme étant les meilleures ?

Ainsi, Les Simpson ont acquis un héritage d’un niveau tellement élevé que même Les Simpson eux-mêmes ne pouvaient plus être à la hauteur. La question devient alors, qu’est-ce qui a réellement changé aujourd’hui pour que la série trouve sa réputation impopulaire ?

 À suivre ICI !

@ Daniel Rawnsley

Par Daniel Rawnsley le 28 mai 2012

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