[Critique] WILLOW

STARVIDEOCLUB | 9 avril 2013 | 2 commentaires

Titre original : Willow

Rating: ★★★★★
Origine : États-Unis
Réalisateur : Ron Howard
Distribution : Warwick Davis, Val Kilmer, Joanne Whalley, Joan Marsh, Billy Barty, Kevin Pollack, Kenny Baker, David Steinberg, Patricia Hayes, Julie Peters, Kate Greenfield, Ruth Greenfield, Tony Cox…
Genre : Fantastique/Fantasy/Aventure
Date de sortie : 2 novembre 1988

Le Pitch :
En des temps immémoriaux vivaient les Nelwyns, de petites personnes paisibles et pacifiques. Évoluant à l’écart des grands Daikinis, les Nelwyns se retrouvent néanmoins au centre de toutes les préoccupations, lorsque Elora, un bébé, tombe, par le fruit du hasard, entre les mains de Willow, un tranquille père de famille sans histoire. Destinée à renverser le règne de terreur de la terrifiante reine Bavmorda, Elora doit à tout prix être protégée de la grande menace qui pèse sur elle. Désigné d’office pour l’amener en lieu sûr, Willow se met en route. Il ne tardera pas à rencontrer Madmartigan, une fine lame au caractère impétueux, lui aussi destiné à jouer un grand rôle dans cette aventure fantastique…

La Critique :
Imaginé par un George Lucas, alors persuadé qu’il tient un nouveau filon aussi lucratif que Star Wars, Willow ne reçut pas, du moins à sa sortie, les louanges et le succès espérés. Aujourd’hui, c’est une autre histoire, tant le métrage a acquis, au fil des années, une aura de film culte, notamment près de la génération qui a pu, enfant, le découvrir en salle.
Il semble évident que Le Seigneur des Anneaux de J.R.R. Tolkien a largement influencé Lucas, lorsque celui-ci commence à songer à Willow, dès 1972. Ainsi, les Nelwyns, ces êtres de petites tailles, paisibles et festifs, évoquent les Hobbits ; la quête même de Willow, accompagné de ces amis et d’un courageux chevalier, entraîne des images proches de celles de La Communauté de l’Anneau ou du Hobbit ; et la localisation même du tournage -la Nouvelle-Zélande- fait aussi le lien entre les deux univers. Dans cette logique, Willow partage des thèmes avec Le Seigneur des Anneaux et met en scène un héros en apparence insignifiant, destiné à inscrire dans la grande histoire ses actes valeureux. Le tout largement baigné dans un univers de magie, où les trolls, dragons et autres sorcières font la pluie et le beau temps.

Sur bien des aspects, Willow demeure aujourd’hui un monument de la fantasy. N’en déplaise aux détracteurs. Les bons films de fantasy ne sont pas légion et Willow en fait partie. En d’autres termes, c’est le haut du panier. Le fin du fin. Un long-métrage qui certes n’est pas parfait, mais qui rattrape allègrement tous ses défauts, par une générosité indéniable et une capacité à instaurer une ambiance magique de manière fort efficace, pour déboucher sur un divertissement de haut standing, de plus, véritablement fédérateur.
Les thèmes abordés sont connus et rabâchés, mais le film prouve qu’une bonne histoire reste une bonne histoire. L’important demeure dans la façon de faire et ici, les forces en présence donnent leur meilleur. Lucas, pas encore versé dans le révisionnisme actif de son propre héritage, a eu bon nez de confier les reines de son projet à Ron Howard, alors débutant sa carrière très prolifique de réalisateur (même si Willow est déjà son sixième film). Ce dernier a su mettre en image et ainsi sublimer le scénario que Bob Dolman a tissé sur les idées de Lucas, sans trop en faire, mais en se focalisant en permanence sur la cohérence des scènes et leur côté spectaculaire. Représentant une date clé dans l’histoire des effets-spéciaux au cinéma, Willow incarne dans un certain sens la jonction entre l’ancienne école et la nouvelle. Bâti sur les bonnes vieilles ficelles (via notamment les scènes où apparaissent les minuscules Brownies, qui comptent d’ailleurs dans leurs rangs l’acteur Kevin Pollack), le film fait aussi preuve de modernité, notamment en perfectionnant la technique du morphing, lors de la scène qui voit Willow tenter de redonner à la gentille magicienne, sa forme humaine. Un travail admirable, imputable à Dennis Muren, cador d’Industrial Light & Magic, auxquels les Star Wars doivent beaucoup, tout comme James Cameron qui a pu matérialiser ses idées les plus folles concernant Terminator 2, grâce à lui.
Aujourd’hui, en 2013, ces effets-spéciaux tiennent étonnamment la route. Face aux longs-métrages reposant en partie sur les nouvelles technologies, telle que la Performance Capture, Willow ne démérite pas. D’ailleurs, inutile de le replacer dans son contexte pour s’immerger dans ce monde féerique  le temps s’étant chargé de conférer au long-métrage un charme intemporel, comme c’est le cas pour Terminator 2 et une poignée d’autres sur lesquels les années n’ont pas d’emprise. Jouissant de l’héritage de légendes comme le concepteur d’effets-spéciaux Ray Harryhausen (Jason et les Argonautes, Le Choc des Titans, etc…), Willow peut alors dérouler sa suite d’incroyables péripéties, dans un univers où les effets-spéciaux astucieux s’intègrent d’une manière tout à fait harmonieuse aux sublimes paysages de la Nouvelle-Zélande et de l’Angleterre.

Mais Willow peut aussi compter sur son casting. Là aussi tout à fait inspiré, Lucas n’a pas eu à aller chercher bien loin Warwick Davis, pour incarner le jeune héros, puisque ce dernier était déjà dans Le Retour du Jedi, où il interprétait un Ewok. Parfait, car possédant le charisme et la naïveté nécessaire au personnage, Davis trouve le rôle de sa vie. Semblant évoluer de concert avec Willow, Warwick Davis ne se démonte jamais. Qu’il soit confronté à d’ignobles trolls ou à un Val Kilmer au top de sa forme, Davis assure et réussit à inscrire son nom au Panthéon du cinéma de fantasy.
Val Kilmer donc, incarne un certain idéal (ou un idéal certain c’est selon), de figure chevaleresque romantique. Affuté, la tignasse sombre, et jamais avare en bons mots, son personnage, Madmartigan est l’exact opposé de Willow et donc son parfait complément. À ce duo génialement assorti s’ajoute la jolie guerrière Joanna Whalley, alors future épouse de Kilmer, et elle aussi trouvant ici son rôle le plus emblématique.

Évidemment destiné en priorité aux plus jeunes, Willow n’exclut néanmoins jamais les autres tranches d’âge. En 1988, la fantasy n’était pas aussi aseptisée qu’elle peut l’être aujourd’hui, comme en témoignent les films clairement réservés aux enfants. Dans Willow, les batailles sont sanglantes (dans la mesure du raisonnable bien sûr) et les monstres ont de sales tronches bien dégueulasses. Ce qui au fond, rend les héros d’autant plus propres à une identification facilitée, surtout si on prend en compte les valeurs nobles qu’ils incarnent. Très bien écrit, car farci de répliques depuis longtemps cultes (“Ooooh ! J’ai peur ! Arrête ! Non fait pas ça ! Au secours ! Au secours ! Y’a un pec qui me menace ! Il a un gland dans la main !!!“), Willow démontre aussi du savoir-faire de Ron Howard, dont la mise en scène fait preuve d’une belle ampleur. Son film a réussi ce que peu de films parviennent à accomplir, à savoir rentrer dans l’inconscient collectif de toute une génération, tout en séduisant les nouvelles, comme en témoignent les nombreux commentaires favorables déclenchés par la sortie récente du film en blu-ray. 25 ans plus tard, Willow n’a rien perdu de sa force et de sa capacité à coller la chair de poule, ainsi qu’une bouffée bienfaisante de nostalgie.
À elle seule, la musique de James Horner, aussi fantastique que tout le reste (et grandement responsable de la réussite de l’ensemble), évoque des ressentis puissants. Revoir Willow aujourd’hui, c’est renouer avec un idéal de cinéma populaire de plus en plus mis à mal de nos jours, à l’heure des blockbusters désincarnés. Oh bien sûr, il existe toujours des artisans capables de livrer de tels films, comme Sam Raimi et son Monde Fantastique d’Oz, ou bien évidemment Peter Jackson, mais ils sont rares. Raison de plus pour garder Willow sous le coude et lui réserver la place particulière qu’il mérite amplement.

Vous pouvez aussi consulter la critique avisée de l’ami Bruno Mateï, sur Strange Vomit Dolls, ICI !

@ Gilles Rolland

Madmartigan-and-willowCrédits photos : United International Pictures/20th Century Fox

Par Gilles Rolland le 9 avril 2013

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Dae-Soo
Dae-Soo
4 années il y a

Excellente critique, j’ai adoré la parcourir..
Je me suis d’ailleurs remis le film, des années que je l’ai pas vu, merci de m’avoir donné envie.
Il fait partie de mon enfance, bien que je sois né 2 ans après la sortie. Je le range au côté de l’histoire sans fin ou les Goonies, parmi ces films comme vous le dites intemporels.
Et puisque j’ai pu le voir tout môme, je pense que je pourrai le montrer à ma fille plus tard. Même si elle est habituée aux productions d’aujourd’hui aseptisées, je ne pense pas que ça va la traumatiser.
En tout cas j’aime beaucoup cette critique. Et cette musique, elle m’émeut toujours autant…

Dae-Soo
Dae-Soo
4 années il y a
Répondre à  Dae-Soo

Ah ben non j’avais 4 ans quand il est sorti.. Je sais pas pourquoi j’étais sûr qu’il était de 1982…