[Critique] LE JOURNAL DE BRIDGET JONES

STARVIDEOCLUB | 1 janvier 2016 | Aucun commentaire
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Titre original : Bridget Jones’s Diary

Rating: ★★★★☆
Origine : Grande-Bretagne/États-Unis
Réalisatrice : Sharon Maguire
Distribution : Renée Zellweger, Colin Firth, Hugh Grant, Gemma Jones, Shirley Henderson, Jim Broadbent, James Callis…
Genre : Comédie/Romance/Adaptation
Date de sortie : 10 octobre 2001

Le Pitch :
Bridget Jones a 32 ans et est toujours célibataire. Cependant, elle compte bien changer cet état de fait, en reprenant sa vie en main. Désormais, c’est décidé, Bridget va se débarrasser de toutes ses mauvaises habitudes et tenter de remettre sa vie sur les rails du succès. De bonnes résolutions qui semblent avoir attiré l’attention de Daniel Cleaver, le séduisant patron de Bridget. Mais un autre homme ne va pas tarder à faire lui aussi son entrée dans l’existence de la jeune femme…

La Critique :
Carton de la littérature populaire, Le Journal de Bridget Jones s’est écoulé à un nombre relativement impressionnant d’exemplaires, faisant d’Helen Fielding une authentique star des librairies. Un tel succès appelait ainsi forcément une adaptation au cinéma, d’autant que le sujet, parfaitement dans l’air du temps, semblait s’y prêter parfaitement.

Helen Fielding ne s’en est jamais caché : le premier volet de la saga Bridget Jones est une sorte de remise à jour moderne d’Orgueil et Préjugés. Le personnage de Marc Darcy par exemple, emprunte non seulement son nom de famille à son homologue indirect du roman de Jane Austen, mais aussi ses traits de caractère. Bien sûr, pour ce qui est de l’héroïne, c’est un peu différent, même si au fond, avec la pression exercée par la famille et les conventions sociales, bien soulignées chez Austen et chez Bridget, au sujet de la quête du grand amour, le parallèle ne cesse d’apparaître avec une évidente clarté.
Loin de nuire au livre comme au film, les ressemblances avouées avec le classique de la littérature anglaise confèrent à sa version délurée un piquant non négligeable. Déjà particulièrement jubilatoire et étonnamment fédérateur (comprendre par là que le bouquin est tout aussi conseillé aux femmes qu’aux hommes), le livre mettait en avant une verve assez unique et pour le moins énergique. Le film de Sharon Maguire également. Grâce à une rythmique redoutable, qui ne laisse que peu de répit au spectateur, et à un désir de se défaire assez vite des encombrants lieux communs rose guimauve de la comédie romantique au cinéma, le long-métrage fait office d’électron libre. Un constat valable en 2001, à l’époque de la sortie en salle, et aujourd’hui, quelques 15 ans plus tard.

Bridget-Jones-Diary-cast

 

La nature du personnage, ainsi que l’interprétation d’une Renée Zellweger en pleine forme, sont en grande partie responsables de l’unité et de l’originalité du film. Bridget Jones est un personnage de cinéma très attachant. Maladroite, aspirant finalement à quelque chose que beaucoup de personnes recherchent, et en phase avec son époque, elle est également jolie, sans pour autant répondre aux canons des magazines de mode. À vrai dire, peu sont les héroïnes de comédies romantiques ayant réussi à synthétiser avec autant de vérité les aspirations du public auquel leurs mésaventures s’adressent. Car au fond, un long-métrage comme celui-là ne fonctionne véritablement que si on comprend son protagoniste principal et qu’on se reconnaît au moins dans un point ou deux de son caractère. Surtout quand on est face à une tornade aussi dévastatrice que cette trentenaire accro à l’amour.
Avoir choisi de confier le rôle principal à une Renée Zellweger alors principalement populaire pour Jerry Maguire, Nurse Betty et Fou d’Irène (dans le désordre), est une excellente idée. Donner vie à Bridget ne semble lui poser aucun problème tant son interprétation apparaît avec une pertinence et une spontanéité rares, y compris quand l’intrigue se permet des outrances tout à fait bienvenues car raccord avec l’humour « so british » que le récit distille savamment.
Et c’est là que le génie de Richard Curtis fait lui aussi tout la différence. Maître de la comédie romantique anglaise, le réalisateur scénariste par ailleurs derrière Quatre Mariages et un Enterrement, Love Actually, ou encore Good Morning England, Curtis insuffle son talent dans cette excellente adaptation, sans dénaturer l’esprit du livre. Pas étonnant que les fans d’Helen Fielding s’y soient, pour la plupart, retrouvés. Richard Curtis a compris le personnage et a rapidement fait en sorte que son travail se fonde dans celui de l’écrivaine, dont il a conservé le style, sans s’y reposer lui-même. En quelques mots, on peut affirmer que Curtis et Fielding étaient fait pour se rencontrer, même si l’alchimie accusera de petits ratés quelques années plus tard à l’occasion de la suite de Bridget Jones.
Pour l’heure, tout se déroule à merveille. La quête du grand amour de la jeune femme est très drôle, les répliques percutantes fusent, et tous les personnages, du plus crucial au plus insignifiant second rôle, font mouche à un moment ou à un autre. De plus, il convient aussi de saluer cette bonne idée qui consiste à opposer Hugh Grant à Colin Firth. Deux acteurs ici dans les rôles antinomiques des deux soupirants. Colin Firth est coincé, très charismatique et mystérieux, tout en imposant un humour pince sans rire impeccablement calibré, tandis que Hugh Grant est séduisant et odieux dans la peau d’un patron libidineux et tout aussi détestable qu’envoûtant. Un rôle qui lui sied à merveille et qu’il exploitera d’ailleurs de différentes façons dans les années qui suivront, avec des films franchement recommandables comme Pour un Garçon.

Film générationnel, mais aussi d’une certaine façon universel, Le Journal de Bridget Jones fait partie de ces adaptations réussies qu’il est bon de voir et revoir. Sans se compliquer la vie, en mettant en avant une mécanique aussi simple qu’efficace, ce film ne renie pas sa condition de love story, mais sait néanmoins modérer son propos pour que le rire se taille la part du lion en toute quiétude. L’émotion aussi d’ailleurs, sans que l’un ni l’autre ne mette en danger un équilibre plus savant que ce que les apparences ne peuvent le laisser entendre. Et si Le Journal de Bridget Jones est encore plus que jamais considéré comme l’un des fleurons de sa catégorie, c’est bien parce qu’il a su trouver ce petit quelque chose qui touche au vif.

@ Gilles Rolland

Bridget-Jones-Diary  Crédits photos : StudioCanal

Par Gilles Rolland le 1 janvier 2016

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