[Critique] 50/50
Titre original : 50/50
Rating:
Origine : Etats-Unis
Réalisateur : Jonathan Levine
Distribution : Joseph Gordon-Levitt, Seth Rogen, Anna Kendrick, Bryce Dallas Howard, Anjelica Huston, Serge Houde, Matt Frewer, Philip Baker Hall, Andrew Airlie, Donna Yamamoto…
Genre : Drame/Comédie/Adaptation
Date de sortie : 16 novembre 2011
Le Pitch :
La vie d’Adam, un jeune technicien radio de 27 ans, bascule le jour où on lui diagnostique une forme très rare de cancer à la colonne vertébrale. Entre sa copine, qui ne sait pas comment gérer la situation, son meilleur ami, qui le pousse à aller de l’avant, et sa mère qui panique à juste titre, Adam commence un combat difficile contre la maladie…
La Critique :
C’est le scénariste (et producteur) Will Reiser qui adapte ici son livre. Un bouquin que Reiser a écrit à la suite de son propre combat contre le cancer. Cependant, il précise bien que le scénario de 50/50 ne s’inspire pas uniquement de son expérience, mais bien de plusieurs, synthétisées au sein du personnage principal, Adam, et des autres protagonistes. Est-ce pour cela que 50/50 est aussi juste, alors qu’il aborde un sujet plutôt casse-gueule ? En partie oui. Car les acteurs ne sont pas étrangers à la très bonne tenue de l’ensemble.
Il y a Joseph Gordon-Levitt, qui tient le rôle qui devait échoir à James McAvoy. Le jeune comédien surdoué ne se contente pas de se raser le crâne, mais livre une performance complexe, à fleur de peau et pour le coup, réellement convaincante. 50/50 apporte une nouvelle fois la preuve de l’extraordinaire perspicacité artistique de Gordon-Levitt. Loin de se conformer aux dictats du « rôle à Oscar » qui, à Hollywood, semble imposer à ce genre de personnage touché par la maladie, une certaine façon de faire, quelque-part entre la grandiloquence et le pathos bien appuyé, Joseph Gordon-Levitt navigue à vue, sans jamais sombrer d’un côté ou de l’autre. En cela, l’acteur incarne la démarche du film, qui ne se complait jamais dans le drame, mais qui se refuse également à tourner complètement son sujet en dérision. Oui on peut rire du cancer, mais sans ignorer la gravité de la situation.
Jonathan Levine, qui avait réalisé l’excellent film d’horreur lyrique, Tous les garçons aiment Mandy Lane, trouve le ton juste. Ayant complètement pigé la démarche du scénariste Will Reiser, Levine arrive à emballer son métrage sans forcer le rire, ni les larmes. On y vient naturellement. Très triste en un instant, 50/50 arrive, par la seule force d’une vanne super pertinente, à renverser la tendance.
Quand une histoire d’amour se termine dans la souffrance, une autre se profile. Là encore, pas besoin de souligner le trait. Levine l’a parfaitement compris. Son film cumule les étiquettes, aborde son sujet avec maturité, mais ne s’interdit jamais de parler de sexe crûment, comme quand le personnage incarné par Seth Rogen pousse son pote malade à mettre en avant son cancer pour emballer des nanas. La manœuvre est périlleuse, mais passe ici comme une lettre à la poste.
Là encore, grâce aux comédiens. Et si Gordon-Levitt est au centre des préoccupations, il n’est pas le seul à se distinguer admirablement dans le long-métrage.
Seth Rogen en premier lieu. Charriant avec lui un humour familier, qui a fait ses preuves dans des métrages comme En Cloque Mode d’emploi, Rogen campe un personnage plus complexe que ses blagues vulgos et sa faculté à coucher avec tout ce qui bouge peuvent le laisser paraître. Ami fidèle, qui feint l’enthousiasme et la confiance quant au pronostic vital de son pote, Kyle, son personnage est lui aussi très authentique. Il est, comme l’indique l’affiche française, le remède.
Plus généralement, c’est le cas de l’intégralité des comédiens. D’Anjelica Huston, à la fois stricte et touchante, à Anna Kendrick, terriblement émouvante, en passant par Bryce Dallas Howard, parfaite de mesure dans un rôle ingrat. Aucun cliché scénaristique ne venant obstruer des performances habitées et concernées.
Exercice périlleux, 50/50 est un très beau film. Il aborde la maladie avec une sensibilité admirable, ne se complaît jamais dans la douleur, mais ne fait pas non plus un excès de légèreté. Le titre prend alors tout son sens. 50/50 représente donc à la fois les chances de survie d’Adam et illustre également l’équilibre entre légèreté et gravité qui personnifie le film. Un cocktail qui tient à bonne distance la mièvrerie pour un étonnant feel good movie d’une extrême justesse. Sans conteste un grand tour de force.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Metropolitan FilmExport