[Critique] ADVENTURELAND : UN JOB D’ÉTÉ À ÉVITER

STARVIDEOCLUB | 8 mars 2012 | Aucun commentaire

Titre original : Adventureland

Rating: ★★★★½
Origine : États-Unis
Réalisateur : Greg Mottola
Distribution : Jesse Eisenberg, Kristen Stewart, Ryan Reynolds, Martin Starr, Bill Hader, Kristen Wiig, Margarita Levieva, Matt Bush, Michael Zegen, Ryan McFarland, Jack Giplin, Page Howard…
Genre : Comédie/Comédie romantique
Date de sortie : 21 octobre 2009 (DTV)

Le Pitch :
1987 : James, un jeune diplômé, est obligé de prendre un boulot d’été pour pouvoir espérer déménager à New-York à la rentrée. Il atterrit à Adventureland, un parc d’attraction où travaille également Emily, une jeune fille dont il va rapidement tomber amoureux…

La Critique :
Oubliez le sous-titre français complètement aux fraises ! Adventureland est un véritable petit bijou.
Rien d’étonnant quand on sait que c’est Greg Mottola qui a écrit et réalisé le film. Ce même Mottola qui, en 2007, livrait avec Supergrave, un nouvel étalon de la comédie potache adolescente qui en a dans le ciboulot.

C’est bien simple : rarement un long-métrage n’avait su saisir avec autant de justesse les incertitudes et les émois inhérents au passage de l’adolescence à l’age adulte. Conte initiatique plus que véritable comédie, Adventureland découle d’une succession de choix plus que judicieux. Comme par exemple celui qui poussa le réalisateur à implanter son intrigue en 1987. Une période brillamment dépeinte à travers le prisme d’une bande de jeunes adultes en plein apprentissage de la vie. Une période qui s’illustre aussi via une bande originale tout simplement excellente. On croise dans le film le rock psyché-mélancolique de Lou Reed et du Velvet Underground, le punk des New York Dolls, le rock alternatif de The Cure, de The Replacements ou de Hüsker Dü ou encore le heavy metal de Poison et de Judas Priest. Mottola a une excellente oreille et s’arrange pour caser ces merveilles du répertoire 80’s pile poil au bon moment. Que ce soit pendant les échanges fugaces de regards entre le jeune héros et la jolie fille pour laquelle il craque avec le Sattelite of Love de Lou Reed, ou durant un folle course poursuite dans un parc d’attraction avec le Breaking the Law de ces vieux briscards de Judas Preist. Une B.O qui assure au film un supplément d’âme et qui renforce un peu plus le réalisme de l’ambiance 80’s.

Saisir un moment clé de la vie, souligner l’importance d’un regard… la réalisation et l’écriture de Mottola parviennent à capter l’essence profonde de cette période de l’existence où lâché dans le monde, l’adolescent apprend, quelques fois à ses dépends, à composer avec lui-même et avec les autres. Le personnage principal d’Adventureland, interprété avec une pertinence absolue par Jesse Eisenberg (The Social Network) reflète les doutes et les ressentis de sa génération mais pas seulement. Car le film, de par sa faculté à illustrer l’universalité des sentiments naissants et des déceptions de la vie d’un jeune un peu paumé, s’adresse à tout le monde. Que l’on soit né dans les années 70, 80 ou 90. Ainsi, il y a fort à parier que les futurs post-ados y trouveront leur compte. De quoi faire d’Adventureland un classique. Un film bien plus fin que son affiche ou que son titre ne pouvaient le laisser présager et qui jamais de dévie de son axe.

Mottola ne cède en effet jamais à la facilité et ses recours à la vulgarité sont toujours justifiés et du coup furieusement drôles. Les thématiques abordées, que ce soit la culture underground (qu’elle soit littéraire ou musicale), la quête de l’indépendance, l’amitié ou l’amour, le sont avec sensibilité. Une démarche teintée d’une mélancolie attachante, qui ne tombe jamais dans la mièvrerie ou la farce genre American Pie. De par son statut d’œuvre indépendante bricolée en quelques semaines pour une poignée de biftons par une troupe d’artisans honnêtes, Adventureland sort des sentiers battus. Il ne cherche pas l’originalité à tout prix et ne fait finalement que raconter un tournant dans une existence qui ressemble à tant d’autres. Le genre de truc qui d’habitude n’intéresse pas les studios. La vie de tous les jours en somme. Les amours d’un jeune homme un peu complexé, les turpitudes d’une donzelle compliquée et les personnes qui gravitent autour. C’est cette apparente « normalité » qui fait mouche…

Côté casting, personne n’est d’ailleurs mis au rancart. De quoi laisser aux acteurs une belle opportunité de briller, tout en douceur, dans des registres parfois éloignés de leur terrain de jeu habituel.
Celui qui illustre le mieux la chose étant sans conteste Ryan Reynolds. Le « Green Lantern » trouve tout simplement dans Adventureland l’un de ses meilleurs rôles. À la fois pathétique, détestable, attachant et irritant, Reynolds ne se cache pas derrière son physique de mannequin Calvin Klein et laisse parler l’acteur. Le reste de la distribution est au diapason. Sans tous les citer, sachez que dans Adventureland, tout le monde est à sa place. De Kristen Wiig, la superstar des Mes Meilleures Amies à Martin Starr, idéal en admirateur plus ou moins beatnick de la littérature classique. Et bien sûr il y a Kristen Stewart. La démarche de la comédienne, qui consiste à tourner dans de petites productions entre deux épisodes de Twilight, prend à nouveau tout son sens avec Adventureland. Kristen Stewart est parfaite dans un rôle pourtant rabattu de jeune fille torturée. La lueur triste qui anime son regard se conjugue à merveille avec le sourire timide de Jesse Eisenberg. Les deux acteurs forment un couple à la fois logique et authentique. Leurs échanges, on s’en doute ponctués de hauts et de bas, portent un joli long-métrage délicieusement rétro, destiné à toutes celles et ceux qui recherchent un film profondément touchant.

Distribué à l’arrache et vendu comme une énième comédie américaine, Adventureland mérite beaucoup plus que ce mépris. Gageons que d’ici quelques années, il sera reconnu à sa juste valeur : comme une œuvre aux airs de cultes, qu’il est tentant d’inscrire dans l’héritage d’un John Hughues (Breakfast Club).

@ Gilles Rolland

Crédits Photos : Miramax

 

Par Gilles Rolland le 8 mars 2012

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