[Critique] BIKINI BANDITS : EXPÉRIENCE

STARVIDEOCLUB | 7 juillet 2014 | Aucun commentaire
Bikini_Bandits

Titre original : Bikini Bandits

Rating: ½☆☆☆☆
Origine : États-Unis
Réalisation : Steve Grasse
Distribution : Corey Feldman, Maynard James Keenan, Dee Dee Ramone, Jello Biafra, Gary the Retard, Hank the Dwarf, Peter Grasse, Heather-Victoria Ray, Heather McDonnell, Betty San Luis, Cynthia Diaz, Robyn Bird…
Genre : Comédie
Date de sortie : Novembre 2002 (DTV)

Le Pitch :
Quatre braqueuses d’épiceries en tenue très très très légères, les Bikini Bandits, vont périr en voiture en voulant échapper à la police. Arrivées dans ce qui semble être l’Enfer et accueillies par un Satan libineux en tenue SM (en même temps, c’est le Diable, il n’allait pas se saper comme un expert-comptable, quoi que cela aurait été plus drôle). Elles se voient confier par ce dernier, sous peine d’être transformées en « lesbiennes féministes politiquement correctes », une mission des plus délicates…

La Critique :
Comment résumer un film qui part tellement dans tous les sens qu’au final, soit on adhère soit on a envie de se crever les yeux avec une cuillère en plastique ? Quand on mélange un peu de tout en voulant faire un prétendu OVNI cinématographique, il vaut mieux qu’on ait un semblant de liant, un fil rouge, ou alors c’est tout simplement du n’importe quoi. Bikini Bandits, c’est un (air-)film qui se veut grosse rébellion et bordel immense avec des références au cinéma bis. Aux premières minutes, on pourrait penser à un hommage aux films de Russ Meyer. [Pour ceux qui ne connaissent pas, les films de Russ Meyer, c’est, comment dire, une sorte de cinéma d’auteur plutôt tendance série Z, rendant hommage à la femme, du moins à celles qui choisissaient leurs soutifs chez Zeppelin. En un mot, du kitsch et des boobs]. Seulement voilà, au milieu des scènes dévêtues, tout un tas d’expérimentations : des interventions entre le réalisateur et un obscur commanditaire en animation cheap, fausses pubs pour une enseigne de supermarché façon vieilles pubs d’entreprise, faux téléachats (les seuls moments vraiment drôles) vendant aussi bien des armes que des laboratoires de méthamphétamines en jouet pour les enfants, et des séquences à l’humour plus que dégueulasse et ne reculant devant rien. Bref, c’est assez dur de suivre et comme apparemment ce sont plusieurs courts-métrages imbriqués, on rencontre des personnages et des univers totalement différents les uns des autres sans la moindre cohérence, de l’Enfer puis Bethléem à une cavale chez un Amish attardé et libidineux, en passant par une machine à remonter le temps qui emmène les Bikini Bandits à la Philadelphie de l’époque des Pères Fondateurs de la Nation (dans une séquence où on verra, seule séquence drôle en dehors du téléachat, Benjamin Franklin et George Washington se foutre sur la gueule dans une taverne) avant de finir dans un plateau de tournage de film X à la recherche du fils attardé et surmembré d’une Amish enrôlé dans le porno, le tout ayant apparemment pour but d’enquiller le plus possible de sous-entendus scabreux plus lourds qu’un mélange entre Cyril Hanouna, Patrick Sébastien et Cauet (apparemment si, c’est possible).
Ce qui semble relier le tout, c’est le cul, les flingues, les handicapés mentaux et Gmart, autant dire que cela ne vole franchement pas haut. Naviguant entre private jokes incompréhensibles, film concept, et humour pachydermique, on se retrouve devant un gros clip de 50 minutes sous acides où, fait rare, toutes les scènes tombent comme un cheveu sur la soupe et c’est apparemment pas le pire car acteurs comme réalisateur semblent partager un point commun, à savoir celui de faire complètement n’importe quoi.

Steve Grasse, le réalisateur, était un publiciste fou furieux capable, pour un magasin de vêtements, d’utiliser des images des tueurs en série Charles Manson et Jeffrey Dahmer. Il s’est reconverti en producteur d’alcool. Hank the Dwarf (Hank le Nain) et Gary the Retard (Gary l’Attardé) sont deux personne qui jouent régulièrement dans le show controversé de l’animateur radio sulfureux Howard Stern. Corey Feldman était un enfant star qui a joué jadis dans Stand By Me et Les Goonies et qui finira par tourner dans des séries B et Z, et faire de la téléréalité. L’atout casting du film, Dee Dee Ramone est le bassiste et membre fondateur des Ramones, cultissime groupe de punk américain qui a inondé le genre de hits comme Now, I Wanna Sniff Some Glue, Sheena Is A Punk Rocker, I Wanna Be Sedated, Blitzkrieg Bop, ou encore We’re A Happy Family, à savoir des morceaux tantôt engagés tantôt fun, signé la chanson du film Simetierre, avant de faire des conneries et se séparer, notamment pour divergences d’opinion (la moitié du groupe était de gauche, l’autre de droite, chose pourtant impensable dans le punk) et aussi à cause de divers excès. Dee Dee, qui campe le pape Ramone, rejoindra deux autres membres dans l’au-delà peu de temps après le film. Dans cette pantalonnade, la surprise vient de la présence de Maynard James Keenan (moments gênant dans les scènes en Enfer, où il joue le rôle d’un Satan libineux armé d’un gode-ceinture géant qui tire des lasers), chanteur du groupe de metal progressif Tool, formation pourtant réputée exigeante, à la musique pas évidente d’accès. On est également surpris de voir aussi Jello Biafra, ancien leader à la voix si particulière du groupe de punk engagé Dead Kennedys, lui dans le rôle du méchant producteur de porno. Bref, pour beaucoup de protagonistes du « film », une crédibilité anéantie pour longtemps, et c’est bien dommage.
Mélangeant tout et n’importe quoi (surtout n’importe quoi), Bikini Bandits se veut être un foutoir complet entre pantalonnade vulgos insultant la mémoire de Russ Meyer et film conceptuel véritable Everest d’onanisme intellectuel, le tout « réalisé » par un mec dont le credo est « Fuck Hollywood ». Tout un programme. Au final, on se retrouve avec, en guise de film barré, une espèce de truc innommable, irregardable et irritant au possible, le tout avec une caution rock et un esprit « soooo rebel ». Au-delà du Z, il faudra carrément inventer une lettre pour en définir la catégorie.

@ Nicolas Cambon

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Par Nicolas Cambon le 7 juillet 2014

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