[Critique] DANS LA BRUME ÉLECTRIQUE

STARVIDEOCLUB | 14 octobre 2014 | Aucun commentaire
Dans-la-brume-électrique-affiche

Titre original : In The Electric Mist

Rating: ★★★★☆
Origine : France/États-Unis
Réalisateur : Bertrand Tavernier
Distribution : Tommy Lee Jones, John Goodman, Peter Sarsgaard, Kelly Macdonald, Levon Helm, Mary Steenburgen, Ned Beatty, Buddy Guy, Justina Machado…
Genre : Policier/Adaptation
Date de sortie : 15 avril 2009

Le Pitch :
Dave Robicheaux, vétéran du Vietnam, est sherif dans un patelin perdu de Louisiane. Hanté par le lynchage et le meurtre d’un homme noir auquel il a assisté étant jeune, il voit son quotidien bouleversé par un tournage se déroulant dans sa juridiction. Alors qu’une affaire de meurtres de prostituées l’obsède, il se découvre d’étranges points communs avec la vedette du film en question…

La Critique :
Bertrand Tavernier est un de ces cinéastes les plus français qu’on puisse imaginer. Bien qu’il ait touché à de nombreux genres tout au long de sa riche carrière, on ne peut s’empêcher de le rattacher à son pays d’origine sans même envisager qu’il puisse le quitter le temps d’un film. Autant dire que lorsque l’on voit son nom au générique de Dans la Brume électrique, on a un choc! Imaginez donc, un film policier avec une pointe de fantastique se déroulant aux States, avec Tommy Lee Jones, Buddy Guy et Levon Helm au casting, le tout sous la direction de Tavernier ! Ça paraît improbable…

Mais avant de voir si ce mélange a bien fonctionné, penchons-nous sur le roman dont il est l’adaptation. Dans la Brume électrique avec les morts confédérés est un roman de James Lee Burke paru en 1993. James Lee Burke est un auteur de polars né en 1936 au Texas. Il grandi entre le Texas et la Louisiane, deux États qui seront, avec le Montana, au cœur de son œuvre littéraire. Il est notamment bien connu pour ses séries mettant en scène détectives et autres policiers, Dave Robicheaux étant son héros fétiche (il a fait l’objet d’une vingtaine de romans).

Alors, quid du film ? Et bien, force est de reconnaître que Tavernier a su se réinventer en changeant de décor et de contexte ! Si le polar ne lui est pas étranger, il nous en donne une nouvelle vision, plus noire et surtout empreinte d’une atmosphère singulière et souvent irréelle. Le bayou étant un environnement unique, source d’inspiration de pas mal de cinéastes (Bad Lieutenant et True Detective nous l’ont bien fait comprendre). Le scénario est imprégné des enjeux propres à cet État à part : racisme, criminalité galopante, corruption rampante et légendes étranges… Le résultat est surprenant d’élégance et de classe. On suit donc Tommy Lee Jones qui est bourré de charisme comme à son habitude (le bonhomme n’a pas son pareil pour camper des hommes taciturnes et au bout du rouleau, cf. No Country For Old Men) dans une enquête sordide. Régulièrement, on aura un aperçu de l’événement qui l’a traumatisé et suscité en lui sa vocation. Le personnage apparaît mystérieux et on en apprend plus au fil du film. Assez classique dans sa construction, sa présence en voix off le temps de splendides interludes et l’interprétation de Jones le rendent tout à fait crédible et intéressant. John Goodman est très à l’aise en gangster fou et bigger than life. Les autres acteurs ne sont pas en reste, qu’il s’agisse des guest stars de luxe que sont Buddy Guy (qui fait très bien le job) et de Levon Helm (que l’on voyait déjà dans Trois Enterrements) ou de rôles secondaires comme Kelly Macdonald (qui fera des merveilles dans Boardwalk Empire) et Peter Sarsgaard fait très bien l’alcoolique en perdition. En plus de l’enquête sur les meurtres de prostituées, le passé resurgi sous plusieurs formes à cause du tournage qui va déterrer quelques cadavres, dont certains fort anciens…
En effet, Elroyd Sykes, la star du film, tombe sur les os d’un homme enchaîné dans le bayou et a des visions étranges, il aperçoit parfois les fantômes de soldats confédérés dans les bois. Visions que Dave finira par avoir à son tour, le faisant douter de sa bonne santé mentale…
Le film est lent, mais son atmosphère très soignée, sa mise en scène élégante et la présence des acteurs le rendent captivant. Mention spéciale pour la photographie impressionnante et la musique discrète mais efficace qui parachève notre immersion au cœur d’une contrée étrange. Un vrai bon polar classique mais efficace et qui, à travers la présence des fantômes, nous offre une belle réflexion sur le poids du passé et sur la hantise qu’il provoque chez certains personnages.

@ Sacha Lopez

Dans-la-brume-électriqueCrédits photos : TFM Distribution

 

Par Sacha Lopez le 14 octobre 2014

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