[Critique] COOTIES
Titre original : Cooties
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateurs : Cary Murnion, Jonathan Milott
Distribution : Elijah Wood, Alison Pill, Rainn Wilson, Morgan Lily, Jack McBrayer, Jorge Garcia, Nasim Pedrad, Leigh Whannell, Kate Flannery, Jared Breeze…
Genre : Comédie/Horreur
Date de sortie : pas de sortie officielle en France hors festivals
Le Pitch :
Clint Hadson est un aspirant écrivain qui officie en tant que professeur remplaçant en attendant la publication de son premier roman d’horreur. Il est retourné dans sa ville natale de Fort Chicken pour se mettre au vert et se retrouve dans son ancien collège, en tant qu’enseignant. Après des retrouvailles avec son amour de jeunesse, il est vite confronté aux élèves, particulièrement froids, voire cruels. L’apparition d’une mystérieuse maladie n’arrangera rien à la situation et va pousser l’équipe pédagogique dans ses derniers retranchements…
La Critique de Cooties :
Cooties, mot d’argot de cour de récréation, synonyme de rejet, qui désigne une maladie imaginaire et est à l’origine d’une version anglo-saxonne du jeu de chat. Très anciens, le terme et le jeu que le terme désigne nous offrent une version morte-vivante du jeu de chat, avec tout ce que ça comporte de dérivés (il y a même des jeux de plateau Cooties, dont certains remontent à la Première Guerre mondiale). Il s’agit donc de tout un pan de l’imaginaire qui ne demande qu’à être exploité au cinéma, pour peu qu’on offre un peu de profondeur à ce petit jeu. Et c’est le cas avec le sobrement intitulé Cooties, qui est co-réalisé par Cary Murnion et Jonathan Millot. Deux vieux complices, qui décident de mettre enfin en scène leur humour et leur sens de l’image très efficace dans un long-métrage.
La formation des équipes
Le casting, d’abord, a de quoi attirer l’œil. Elijah Wood est bien sûr le plus gros nom sur l’affiche. Ce dernier semble utiliser la liberté financière que lui a offert son rôle dans la trilogie sur la joaillerie de luxe de Peter Jackson. Il s’amuse en choisissant des projets qui lui plaisent, sans contrainte. Et ça se sent, tant il met du cœur à dépeindre son personnage d’écrivain raté prétentieux, mais étonnement attachant. Alison Pill, quant à elle, campe l’amour de jeunesse pleine de vie mais aussi à même de tenir tête à ses collègues. Rainn Wilson est parfait en prof de sport beauf mais terriblement drôle de part son maniement affûté de la punchline assassine. Leigh Wannell (auteur du script et fidèle scénariste de James Wan) est parfait dans son interprétation d’un prof de biologie perturbé mais qui sera d’une grande aide. Mais la palme revient aux enfants, qui ont le temps de poser un climat ultra-pesant en début de film, dépeignant un univers scolaire des plus hostiles. Leur transformation leur permet de nous offrir des numéros de vrais sales gosses. Jorge Garcia, quant à lui, a droit à un second rôle peu utile à l’intrigue mais qui sent tellement le délire potache entre membres de l’équipe qu’il s’intègre bien au métrage.
Les règles du jeu
En parlant d’intrigue, on a droit à un exercice délicat. À la fois référentielle (on a droit à quelques citations pop, sans parler de l’influence de Shaun Of The Dead ou de la série de jeux-vidéo Left 4 Dead), elle est aussi assez personnelle. Le réalisme des personnages et de la façon dont ils réagissent à la situation permet quelques ruptures de ton fort bien négociées. Mais au-delà d’être une farce potache qui se permet quelques incartades plus mélancoliques, on a droit à une réflexion intéressante sur l’enseignement. Les professeurs du film sont confrontés à toutes les conséquences, positives ou négatives, de ce que la société produit. Là, c’est la malbouffe, le patriotisme de pacotille, les dérives sexistes ou tout simplement la cruauté brute qu’ils doivent endiguer. Maillons essentiels de la chaîne sociétale, ils peinent à surmonter leurs propres problèmes et souffrent du mépris général dont ils font l’objet.
Sale coup
La mise en scène des deux compères est très efficace, misant souvent sur un comique visuel et une grande fluidité qui leur permet de tirer le meilleur parti d’un huis-clos bien rythmé. La photographie rappelle les productions estampillées Sundance, comme un moyen de subvertir cet univers du cinéma indépendant, parfois un peu trop « lisse ». Habillé par le chaos rock des samples de Kreng, ce petit jeu macabre fait preuve d’une inventivité, d’une générosité sans faille et d’un jusqu’au boutisme old school. La cohérence du délire fait vraiment plaisir à voir. Une forme soignée jusque sur l’affiche, au minimalisme digne des illustres prédécesseurs des années 70/80. L’absence d’exploitation du film dans les salles françaises est d’autant plus honteux qu’il a tout pour réussir et s’offrir un petit succès. Seul les jurés de Gerardmer lui ont offert un petit quart-d’heure de célébrité en le projetant lors de l’édition 2016. Quel gâchis…
En Bref…
Cooties est un film qui, si il ne révolutionne pas le genre, nous offre un vrai bon moment de cinéma à la fois régressif et plus intéressant qu’on ne pourrait l’envisager. Un moment de cinéma bis comme on les aime en somme.
@ Sacha Lopez
Crédits photos : Glacier Films
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