[Critique] DES SERPENTS DANS L’AVION
Titre original : Snakes on a Plane
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateur : David R. Ellis
Distribution : Samuel L. Jackson, Julianna Margulies, Nathan Phillips, Rachel Blanchard, Flex Alexander, Kenan Thompson, Keith Dallas, Lin Shaye, Elsa Pataky, Taylor Kitsch…
Genre : Horreur/Action/Catastrophe
Date de sortie : 30 aout 2006
Le Pitch :
L’agent spécial Flynn doit escorter à Los Angeles un témoin qui devrait permettre de faire tomber l’un des plus redoutables mafieux du pays. En partance d’Hawaï, l’avion de Flynn, de son collègue et leur protégé, doit rallier Los Angeles. Le voyage ne sera pas de tout repos. Les hommes de main du chef mafieux ayant truffé l’appareil de serpents venimeux plutôt furax…
La Critique :
On a beau essayer d’habiller le pitch de la façon que l’on veut, le film qui nous intéresse ici se résume bel et bien en ces quelques mots : Des serpents dans l’avion. On ne peut plus simple, le long-métrage de David R. Ellis (Destination Finale 2) ne raconte rien d’autre et doit s’entrevoir comme un pur trip horrifique à l’ancienne. Un trip qui ne vole pas bien haut, mais qui ne s’économise pas pour nous offrir son lot de situations horrifico-burlesques.
Un avion rempli de serpents donc, des passagers épouvantés, des morsures multiples, sur le visage, sur les jambes, les bras, les seins, le sexe… Les reptiles ne manquent pas d’imagination pour mettre à mort leurs victimes impuissantes. Classique de chez classique, Des Serpents dans l’avion se démarque pourtant de la masse de films animaliers où de pauvres quidams se font ravager la tronche par des bestioles en proie à des humeurs carnassières. Lorsque le projet est en effet annoncé, le web s’affole. Le titre ne laisse personne indifférent et déclenche rires et moqueries. Ultra premier degré, le titre est en effet digne d’un « direct-to-video » ringard, tout juste digne de passer sur une chaine de seconde zone du câble en quatrième partie de soirée. Samuel L. Jackson lui-même avouera n’avoir accepté de tourner dans le long-métrage que parce que le titre l’avait amusé. Punaise, ils ne sont pas nombreux les mecs de son calibre qui acceptent comme ça de faire un film sur son seul titre. Quoi qu’il en soit, Des Serpents dans l’avion déclenche une hystérie croissante six mois durant. Les producteurs tournent des scènes plus violentes et les fans susurrent à l’oreille de Jackson, la réplique culte qui intervient à la fin du long-métrage : « Bon ! Ca suffit ! J’en ai ma claque de ces putains de serpents qui se baladent dans ce putain d’avion ! Attachez-vous bien ! Je vais ouvrir ces putains de hublots ! ».
Une réplique emblématique qui porte en elle l’essence même des personnages que l’acteur aime à incarner à l’écran et qui contribue à conférer au film son côté jubilatoire. Car si les morts se multiplient, De Serpents dans l’avion est une authentique perle de série B (avec mention Z), décomplexée, bourrine, décérébrée et jubilatoire.
Le scénario enfile les clichés, mélangeant les fragrances du film catastrophe aérien et du gore animalier et ne reculant devant rien. Le postulat de départ et la façon dont les fameux serpents atterissent dans l’avion vaut déjà son pesant de cachuetes. En même temps on s’en fiche un peu car l’important est qu’ils y soient… dans l’avion. À partir de là, tout peut arriver et le film ne se prive pas.
Un peu à la manière d’un Pirahnas 3D, Des Serpents dans l’avion mise sur le graveleux et entame le carnage sur un coitus interruptus où le débutant Taylor Kitsch (John Carter, Battleship) se tape une bimbo aux attributs mamaires généreux, dans les toilettes, avant de tomber sous le joug d’une attaque de reptiles des plus violentes. La suite est au diapason. C’est le grand bordel. Les serpents taillent dans le lard, Elsa Pataky (Fast and Furious 5) suce les plaies, Samuel L. Jakson envoit des décharges aux serpents, tandis qu’un énorme anaconda bouffe un mécréant en commencant par la tête. Une scène d’ailleurs relativement ratée car traduisant honteusement le côté bacal d’effets-spéciaux aujourd’hui dépassés. Ceci dit, la présence à l’écran de vrais serpents rattrape l’affaire et arrive à faire oublier les tas plus ou moins difforme de pixels qui rampent vers les guibolles des passagers.
Profondemment fun, généreux en répliques mordantes, drôle et porté par un Samuel L. Jackson en pleine forme, Des Serpents dans l’avion a le mérite de ne pas tromper sur la marchandise. Il livre précisemment ce à quoi un tel titre pouvait prétendre.
Lorsqu’il rampe dans les salles obscures, le long-métrage de Ellis est un bide. Les internautes qui avaient porté le film pendant sa conception n’ont pas suivi et le bouche à oreille calamiteux n’a pas aidé. Incompréhensible vu le caractère foncièrement honnête de l’entreprise. C’est sa modestie qui sauve le film. Un film qui assume sa condition de nanar et qui capitalise à fond les bananes sur son pitch. Et mine de rien, ce n’est pas si fréquent…
@ Gilles Rolland