[Critique] EMBRASSE-MOI VAMPIRE

STARVIDEOCLUB | 2 septembre 2017 | Aucun commentaire
Embrasse-moi-vampire-poster

Titre original : Vampire’s Kiss

Rating: ★★★★☆
Origine : États-Unis
Réalisateur : Robert Bierman
Distribution : Nicolas Cage, Jennifer Beals, Maria Conchita Alonso, Elizabeth Ashley…
Genre : Comédie/Horreur
Date de sortie : 17 janvier 1990

Le Pitch :
Peter Loew est un homme très occupé. Responsable dans une importante maison d’édition new-yorkaise, c’est aussi un séducteur. Un soir justement, une sublime jeune femme rencontrée dans une boite de nuit, le mord sauvagement dans le cou. Dès lors, Peter le sent : il est en train de se transformer en vampire. À moins que ce ne soit son esprit qui lui joue des tours… Quoi qu’il en soit, son comportement va se faire de plus en plus imprévisible…

La Critique de Embrasse-moi Vampire :

On pense souvent à tort que Nicolas Cage est devenu cinglé assez récemment, quand ses problèmes avec le fisc et autres préoccupations financières l’ont poussé à (trop) tourner et à jouer dans des films parfois assez étranges voire peu recommandables. À tort, car Cage a exprimé assez tôt dans sa carrière une folie totalement incontrôlable. Bien avant de devenir une superstar en tout cas, comme le prouve l’inénarrable Embrasse-moi Vampire, tourné en 1989 par un certain Robert Bierman. Un long-métrage absolument surréaliste qui intervient avant la consécration Sailor et Lula, en pleine montée en puissance de l’acteur, qui venait alors d’enchaîner Rusty James, Cotton Club et Peggy Sue s’est mariée de son oncle Francis Ford Coppola, l’intense Birdy, d’Alan Parker, le fantastique Arizona Junior des frères Coen, ou encore l’attachant Éclair de Lune, de Norman Jewison. Embrasse-moi Vampire où comment Nicolas Cage a exprimé de la plus délirante et incontrôlable des façons son approche si particulière du métier d’acteur…

 

Vampire, vous avez dit vampire ?

Embrasse-moi Vampire n’est pas un film de vampire conventionnel. On le comprend assez vite quand on voit que le scénario n’entend pas simplement raconter comment un homme mordu par une créature de la nuit se change en goule. Non, ici, le doute persiste tout du long. Le protagoniste principal fait la rencontre qui va changer le cours de sa vie, il tombe plus ou moins amoureux et est persuadé qu’il va se changer en vampire. Le mot « persuadé » ayant ici toute son importance tant toute la dynamique repose sur la seule perception du personnage, laissant le spectateur se demander jusqu’au bout ce qu’il en est vraiment. À noter tout de même que le film choisit d’éclaircir son propos vers la fin…
Alors non, vous pouvez le croire, il n’existe pas d’autre film de vampire comme celui-là. Car Embrasse-moi Vampire va très loin. C’est totalement incroyable, parfaitement surréaliste, délirant au possible et génialement bancal. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que si le film reste assez méconnu, plusieurs de ses scènes ont par contre atteint un niveau de culte assez conséquent, pour la simple et bonne raison qu’elles permettent de voir Cage faire tout et n’importe quoi. On pense ici à la vidéo YouTube Nicolas Cage losing his shit, qui compile les plus beaux pétages de plomb de Cage dans ses films, et aux multiples meme et autres gifs. Embrasse-moi Vampire ayant profité d’internet pour acquérir presque malgré lui un statut à part, devenant l’illustration ultime de l’approche hyper rock and roll et personnelle d’un comédien unique en son genre.

Cage sur les dents

Au début plutôt tranquille, le récit voit Nicolas Cage adopter peu à peu une attitude très étrange. L’occasion pour l’acteur de développer un jeu complètement barjot, dans une outrance totale. Incontrôlable, absolument jubilatoire, il est de toutes les scènes et s’avère parfaitement imprévisible, face à des partenaires de jeu un peu paumés devant cette performance hardcore et borderline. On pense notamment à Maria Conchita Alonso (la comparse de Schwarzenegger dans Running Man), qui ne peut pas faire autrement que d’essayer de canaliser son camarade lors de leurs échanges. Ce qui est totalement peine perdu tant Cage s’est déjà envolé trop haut pour être arrêté par quiconque. Sa seule limite ? En fait, il semble n’en avoir aucune. Le summum étant atteint quand son personnage s’achète des fausses dents de vampires pour aller « chasser » dans les bars la nuit. Le truc, c’est qu’ici, Nicolas Cage ne fait rien comme tout le monde. Il envoie valser les conventions et tous les trucs qu’on peut apprendre dans les écoles d’art dramatique et surligne au taquet le moindre détail et la moindre action. Les dialogues, pas spécialement géniaux, gagnant en sel, quand celui qui les déclame y va franco dans l’excès dans un mépris total des conventions.
Bien sûr, un tel film ne peut pas plaire à tout le monde. Clairement, ce dernier est fait pour les fans de Nicolas Cage. Pour celles et ceux qui veulent le voir faire ce qu’il fait de mieux, sans aucune barrière, ni filtre. Embrasse-moi Vampire offre à Cage toute la liberté nécessaire pour composer un personnage qui finit de donner son identité au film. Il bouffe l’écran, hurle, saute, court, mord, pleure et enrage, dans une même scène. Il est insaisissable, revient à la raison le temps d’une demi-respiration puis repart de plus belle, dans la jungle new-yorkaise, la nuit, le jour, seul ou accompagné de la sublime Jennifer Beals, affalé dans son fauteuil, lunettes noires de circonstance, débout sur son bureau, un doigt accusateur pointé sur la personne qui doit le gérer à ce moment-là… Plus que tout autre film de sa filmographie, Embrasse-moi Vampire constitue l’expression ultime du talent de l’acteur, dans ce qu’il peut avoir de plus extrême. Franchement, c’est incroyable !

En Bref…
Difficile d’affirmer qu’Embrasse-moi Vampire est vraiment bon tant la performance super borderline de Nicolas Cage lui confère un statut à part. À ce niveau, on peut carrément parler d’art abstrait. De concept poussé jusque dans ses derniers retranchements. Une chose est sûre : c’est aussi jubilatoire que spectaculaire.

@ Gilles Rolland

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 Crédits photos : MGM

Par Gilles Rolland le 2 septembre 2017

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