[Critique] HELL RIDE
Titre original : Hell Ride
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisation : Larry Bishop
Distribution : Larry Bishop, Michael Madsen, Vinnie Jones, Leonor Varela, Julia Jones, David Carradine, Dennis Hopper…
Genre : Action
Date de sortie : 4 novembre 2009 (DTV)
Le Pitch :
Pistolero, un motard, est énervé. Il y a 32 ans (bon, Pistolero n’est pas qu’énervé, il est aussi vieux mais il fait de la moto donc ça change tout), un gang de méchants nommés les 666 (cela doit être des satanistes fans de metal pour s’appeler comme ça ) ont trucidé sa compagne et l’ont transformée en méchoui. Pistolero veut se venger (en gros, en plus d’être vieux, il est rancunier). Et comme il a mis du temps pour se venger et qu’il est un peu rouillé, il demande l’aide d’autres motards qui ont la classe comme lui, dont son frère, The Gent et Comanche. La vengeance n’est pas le seul motif de son réveil tardif, il y a aussi un mystérieux trésor à retrouver…
La Critique :
À la lecture de son nom sur l’affiche, c’est avant tout un insondable sentiment d’incrédulité qui domine. À l’instar de Luc Besson dont le nom, en tant que scénariste ou producteur, a été parfois associé à des projets particulièrement calamiteux, on a la même réflexion pour ce cinéaste culte : « Mais qu’est-ce que Quentin Tarantino fait dans cette galère ? Comment a-t-il pu produire cela ? Dans quel univers parallèle a-t-il pu trouver que c’était une bonne idée ? ». On peut imaginer la scène comme cela :
Larry Bishop : « Hey Quentin, j’ai un super projet pour toi, tu ne veux pas mettre ton nom sur l’affiche ?
– Quentin Tarantino : ça dépend, c’est quoi le pitch ?
– L.B. : Des grosses motos, des motards pas gentils, des motards un peu moins méchants, une quinzaine de paires de seins, des hectolitres de bières et de whisky, des flingues et une vague histoire de vengeance et de trésor.
– QT : ça c’est ta liste de course, c’est pas un scénar, tu te fous de moi ?
– LB : Un scénar ? Pour quoi faire, c’est un grindhouse.
– QT : Oui, mais même un grindhouse, il faut un scénar, même s’il rentre sur deux timbres, bye
– LB : Attends, raccroche pas, y a Michael Madsen, Dennis Hopper et Vinnie Jones qui ont signé, et même une scène de combat de boue féminin.
QT : ah mais pourquoi tu ne l’as pas dit plus tôt ? Je signe de suite, et vive le cinéma ! »
Larry Bishop, qui pourtant avait signé un premier film sympa avec Mad Dogs, a réussi à convaincre Quentin Tarantino et les frères Weinstein de produire un film dont la particularité est que le chien de Bishop a mangé son scénario. Comment expliquer autrement le fait que non seulement, à part le fait qu’une bonne partie des scènes soit inutiles et que le reste soit sans queue ni tête (à part une histoire de vengeance prétexte à sortir les flingues), un élément essentiel de l’intrigue du film ait disparu ? Tout au long du film, on attend parler d’un trésor et ce trésor………..on ne le voit jamais. Bon, on se doute que c’est du pognon, mais vu qu’on ne le voit pas, qu’est-ce que cela peut être ? Des pierres précieuses ? De la drogue ? Des armes ? La raison pour laquelle autant de gros noms ont signé pour ce film ? Le nom de l’assassin de Kennedy ? La sextape de Barack Obama ? Un numéro rare de Picsou Magazine ? La partie du scénario manquante ? Toute les hypothèses sont possibles, et après avoir patienté 83 minutes (et croyez-moi, 83 minutes de ce film, c’est très long), on a rien, et on en ressort frustré.
Hell Ride est un film rohmérien, notamment par la finesse, que dis-je, le lyrisme des dialogues, dont je pourrais citer des extraits, mais ne souhaitant pas que On Rembobine.fr soit interdit aux mineurs, je n’en dévoilerai pas la tenue. On ne pourra pas dire qu’ils fassent avancer considérablement la condition féminine (je le déconseillerai donc aux membres d’Osez le Féminisme ou des Chiennes de Garde), que ce soit les allusions bien grasses tenues par les personnages féminins ou les propos tenus par les « gentlemen à moto » et qui n’auraient pas dépareillé dans la bouche d’un bon gros beauf dégueulasse accoudé au bar, à trois grammes, entre ses commentaires politiques de haute tenue et son récit de son séjour culturel à la Jonquera. Après tout, on est dans un grindhouse, ce film s’adresse donc aux hommes, les durs, les vrais, ceux qui ont du poil et qui nagent dans le cambouis et la bière en écoutant un mélange de bruit de chopper et d’un vieux Motörhead, avec un calendrier de routier accroché au mur. Ces dialogues sont très bien interprétés avec une envie communicative par un casting de premier choix. Dennis Hopper et David Carradine jouent très bien le rôle des mecs qui font une petite apparition et dont se on demande ce qu’ils font dans cette galère, Michael Madsen excelle dans son rôle de dandy brutal habituel mais joué au minimum parce que le cachet, il l’est aussi au minimum. Et les autres, ils n’ont pas eu une carrière transcendante avant, et ça m’étonnerait qu’ils en aient une après, Larry Bishop en tête, d’ailleurs. On comprend mieux pourquoi sa carrière a eu du mal à décoller. Le doublage français n’aide pas d’ailleurs à sauver cet aspect du film. Si on n’atteint pas le maître étalon qu’est le film Belly (qui, en plus d’être mal joué par des rappeurs américains était mal doublé par des rappeurs français), il se situerait entre le mauvais soap et le porno cheap. Mention spéciale à la voix française de Larry Bishop (très gâté sur tous les aspects du film) : un pauvre monsieur qui semble avoir fumé deux paquets de cigarettes et couver une laryngite aigüe. Un détail de plus qui contribue à une impression de foutage de gueule général vis-à-vis de celui qui aura lu sur l’affiche « Quentin Tarantino présente ». En résumé, si vous souhaitez l’offrir à un tarantinophile, abstenez-vous. Si c’est pour un motard, optez plutôt pour un calendrier de routier ou un nounours, car au fond de ce gros corps de biker, il y a un petit piston qui bat.
@ Nicolas Cambon