[Critique] JUSTICE SAUVAGE
Titre original : Out for Justice
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateur : John Flynn
Distribution : Steven Seagal, William Forsythe, Thomas F. Duffy, Gina Gershon, Jerry Orbach, John Leguizamo, Julianna Margulies, Dominic Chianese…
Genre : Action/Policier
Date de sortie : 12 avril 1991
Le Pitch :
Gino Felino, un flic new yorkais aux méthodes expéditives, se lance à la poursuite de Richie, un ancien ami d’enfance devenu complètement barjot qui, contrairement à lui, a choisi de vivre du mauvais côté de la loi. Richie qui est aussi et surtout responsable du meurtre du meilleur ami de Gino…
La Critique :
Justice Sauvage est peut-être bien le meilleur film de Steven Seagal. Pourtant, sur bien des aspects, Justice Sauvage a tout du navet. Paradoxal non ? Mais c’est aussi pour ça qu’on l’aime ce film. Parce qu’il enfile les énormités, les dialogues complètement à la ramasse, les bastons virtuoses et les situations qui ne semblent avoir qu’un seul but : brosser la tignasse huilée de Steven Seagal.
Quelques petits exemples illustratifs de cet étrange paradoxe qui donne au film tout son sel :
– Dans Justice Sauvage, Gino, le personnage incarné par Seagal, est italien. Mais italien de pure souche hein, pas un mec vaguement italien par alliance. Car le truc, c’est que l’action prend pied dans un quartier italien et la mafia est aussi de la partie. Et puis, c’est cool de faire partie d’une communauté unie, car on peut ainsi jouer sur des thématiques proches de celles des films de mafia, comme Les Affranchis. Dans Justice Sauvage, le méchant et le gentil sont d’anciens camarades de maternelle que le destin a séparé et la famille, comme la loyauté, sont des éléments primordiaux à la bonne progression du récit. Coup de bol, Steven est brun et a le teint halé. Grâce à la magie du cinéma, un type d’origine irlandaise devient italien. Il parle italien, donne un nom italien à son chien et se comporte comme le plus italien des italiens. Il est là le talent de l’acteur : embrasser des us et coutumes qui lui sont complètement étrangers et livrer une performance solide. On rêve alors de ce qu’aurait pu donner le film si il avait été situé à Harlem…
– Justice Sauvage est régulièrement entrecoupé de passages où Steven raconte des anecdotes sur sa vie passée. L’action se met sur pause et Steven revient sur sa vie. Comme ce jour où son oncle a mis un type qui lui cherchait des noises dans le coffre de sa bagnole et où Steven, alors âgé de 9 ans, s’est senti, pour la première fois, comme un dur à cuire. Il revient, l’air nostalgique, sur son enfance avec un père absent, qui galérait tandis que lui pouvait compter sur la générosité du paternel de l’un de ses potes pour ne pas se péter la honte devant ses amis. Steven Seagal, la larme prête à rouler sur ses joues glabres, se remémore le bon vieux temps… Des scènes souvent sans grand rapport avec l’intrigue ultra simpliste qui, pour rappel, voit Steven chercher à buter un mec qui a lui-même tué son meilleur pote. De quoi meubler et permettre au long-métrage d’arriver à cumuler quasiment 89 minutes…
– L’intrigue de Justice Sauvage s’ouvre sur le meurtre d’un flic, en pleine rue, par un immonde salopard incarné par un William Forsythe en roue libre. Dès lors, Steven, qui connaissait bien la victime, se met en tête de buter le meurtrier. La ville est prise d’un émoi considérable, la police est sur les dents et pourtant… Pourtant, le film montre clairement que seul Steven mène l’enquête. Afin de glorifier sa démarche et son personnage, Steven Seagal est le seul flic compétent de la brigade. Les autres sont inexistants et/ou arrivent tout le temps après la bataille. Steven intuite, enquête, et les autres sont aux fraises. Une fusillade éclate dans un quartier résidentiel, une poursuite en bagnole met le centre-ville à feu et à sang, mais la police ne cesse de montrer son incompétence. Un seul type, accompagné de bras cassés aussi débiles que salement croqués, met en échec la police, histoire que seul Steven puisse régler leur compte aux bad guys, en -au passage- bafouant totalement la loi et en butant le plus violemment possible les pauvres gus qui ont le malheur de se trouver sur sa trajectoire. C’est magnifique et en même temps, l’accroche de l’affiche nous avait prévenu : “Il est flic, c’est un sale boulot, mais quelqu’un doit bien sortir les ordures“.
Justice Sauvage n’est pas un film réaliste et c’est pour cela qu’on l’aime. On est pas non plus chez William Friedkin bordel ! Oui, il n’existe que pour installer un acteur à l’époque en pleine bourre. Pas encore touché par un embonpoint qui aujourd’hui lui interdit de lever la jambe ou de courir, Steven peut faire parler la poudre et mettre en pratique ses fameux et mortels mouvements d’aïkido. Quand il lutte contre les méchants, Steven sait varier les plaisirs et les grosses scènes où il se retrouve seul contre un petite armée de gus, sont toutes mémorables. Que l’on parle de la séquence dans la boucherie, où il tabasse un type avec un saucisson, de celle dans le bar où entre ses mains, une boule de billard devient une arme fatale, ou encore de cet affrontement viril dans une baraque transformée pour l’occasion en champs de bataille où Steven explose la jambe d’un mec au fusil à pompe avant de prouver qu’un tire-bouchon peut servir à autre chose qu’à déboucher la bouteille de villageoise (qui normalement se dévisse… Mais ne chipotons pas). L’action, savamment retranscrite par un John Flynn toujours avisé quand il s’agit de filmer les bastons urbaines entre machos adeptes de repartis verbales et physiques, constitue le gros point fort d’une œuvre quasi-métaphysique où Steven Seagal brille par son assurance à tout épreuve. Il sait tout, n’a peur de rien, se prend une balle mais ne sent rien, sauve un chien d’une mort atroce, refuse les avances d’une prostituée qui lui propose une passe gratis et sauve à lui tout seul la veuve, l’orphelin, son quartier et la ville (le monde, ce sera pour plus tard, dans Piège à Grande Vitesse notamment). De plus, Steven ne se laisse jamais ralentir bien longtemps par des sentiments encombrants. Son pote se fait atrocement buter ? Il a les boules mais plaisante dans la scène suivante. Et dans l’intervalle, le bougre essaye de recoller les bouts d’un mariage qui part en lambeaux. C’est beau, c’est grand, c’est sauvage et dedans, Steven porte un béret pendant ses jours de congés.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Warner Bros.
j aime bien moi steven il a une fameuse force hein gilles hum hum il faut le prendre au 2e degré même au 3e