[Critique] KICKBOXER

STARVIDEOCLUB | 4 septembre 2016 | 1 commentaire
kickboxer_poster

Titre original : Kickboxer

Rating: ★★★½☆
Origine : États-Unis
Réalisateurs : Mark DiSalle, David Worth
Distribution : Jean-Claude Van Damme, Michel Qissi, Dennis Alexio, Dennis Chan, Rochelle Ashana, Haskell Anderson…
Genre : Action
Date de sortie : 2 août 1989

Le Pitch :
Eric Sloane, le champion du monde de kickboxing, ne trouve plus aucun adversaire à sa mesure aux États-Unis. Il décide alors de s’envoler pour la Thaïlande afin d’affronter Tong Pô, la vedette nationale. Accompagné de Kurt, son frère, Eric prend le combat à la légère malgré la réputation de son opposant. Sur le ring, l’américain n’a jamais le dessus et finit par mordre la poussière face à un athlète excellant dans son art qui lui sectionne la moelle épinière à l’issu de l’affrontement. Fou de rage, le jeune Kurt Sloane prend alors une décision qui va changer sa vie : apprendre le muay-thaï pour venger son frère. C’est alors qu’il fait la connaissance d’un vieux maître vivant en ermite…

La Critique :
Si c’est sans aucun doute Bloodsport qui révéla Jean-Claude Van Damme aux yeux du grand public, c’est avec Kickboxer que le jeune belge devint une star planétaire. Un film sorti en 1989, juste après le chaotique Cyborg, aujourd’hui encore cité comme l’un des mètres-étalons du genre, qui s’apprête d’ailleurs, au moment où sont écrites ces lignes, à faire l’objet d’un remake (avec Van Damme, cette fois dans le rôle de l’entraîneur).

C’est précédé d’une réputation de champion que Jean-Claude Van Damme fut présenté à ses futurs fans, à la fin des années 80. Il n’est pas bien difficile de comprendre les raisons qui expliquent le succès brutal de ce charismatique européen, qui s’est imposé grâce à ses compétences en arts-martiaux, alors que Stallone et Schwarzenegger régnaient sur le cinéma d’action. Deux acteurs plus portés sur les coups de poings francs du collier et sur les exploits pyrotechniques, alors que Van Damme lui, réglait ses comptes à grand renfort de coups de pieds retournés et autres grands-écarts faciaux directement empruntés à un cahier des charges ancestral remis au goût du jour pour le bien-être d’une cinématographie spectaculaire. Plus abordable que Chuck Norris, beau gosse, souriant, toujours prêt à se prêter au jeu des journalistes et de ses admirateurs, Van Damme a directement incarné un état d’esprit unique. Pour autant, cela n’a jamais suffit quant on entend faire son trou dans le cinéma. Il fallait des films. Du culte si possible pour marquer les esprits. Et comme dit plus haut, si Bloodsport ouvrit la voie, c’est Kickboxer qui alluma la mèche et provoqua l’explosion qui allait tout changer.
Kickboxer qui, quand on le revoit aujourd’hui, a quand même pris un petit coup de vieux. Heureusement, son capital sympathie lui, n’a pas pris une ride. Il est d’ailleurs amusant de voir dans le pilote de la série Jean-Claude Van Johnson, dans laquelle JCVD joue son propre rôle, que les vannes à propos de Kickboxer concernent justement le modèle, désormais obsolète que le film incarne toujours. Les combats, comme celui dans le bar, avec la célèbre scène de la danse bourrée, durant lesquels les mecs arrivent un par un pour se faire avoiner la tronche par Van Damme, étant au centre des remarques concernant l’aspect désuet de l’ensemble. Une critique bienveillante, tant elle ne remet par contre jamais en question l’importance qu’a pu avoir Kickboxer, à la fois dans la carrière de JCVD bien sûr, mais aussi et surtout dans l’Histoire du cinéma d’arts-martiaux et du cinéma d’action tout court.

Kickboxer-Van-Damme

Bon… après, par contre, certaines choses restent relativement inexplicables. Des détails, surtout présents en début de métrage, qui confèrent à Kickboxer, surtout avec le poids des années, une dimension involontairement comique à laquelle il est difficile d’être insensible. En particulier en ce qui concerne le générique. Voir déambuler sur le fleuve Kurt et son frère, comme deux amants en goguette, gestes tendres à l’appui est assez étrange et renvoie directement aux débuts de JCVD dans le film Monaco Forever, alors qu’il est justement ici censé incarner une menace venue du Nouveau Monde, face à l’outrecuidance du champion Tong-Pô. On peut voir Jean-Claude s’amuser devant les autochtones, photographier des gamins qui plongent dans l’eau, accepter un bouquet de fleurs et se précipiter auprès des prostitués. Collection ahurissante de clichés, cette entrée en matière est d’une maladresse rare, dont seule la naïveté lui permet d’acquérir cette dimension comique dont nous parlions. La musique, au diapason, offrant aux images une résonance certes inutile mais bien appréciable pour autant, histoire d’affiner les contours de ce moment kitsch à l’extrême.
Il y a aussi Dennis Alexio, qui joue le frère de Van Damme. Un mec unanimement considéré comme l’un des plus grands champions de kickboxing que la terre ait porté, malheureusement très limité quand il s’agit de jouer la comédie. Ceci dit, il est ici plutôt à sa place tant son hallucinante outrecuidance et son caractère paternel imbuvable font de lui une juste incarnation de l’Amérique conquérante des années 80’s.
À bien des égards, Kickboxer est une sorte de remake martial de Rocky IV et tout comme Apollo Creed, le combattant qu’incarne Alexio se pose comme la représentation d’une supériorité autoproclamée qui se heurte à un mur de pierre, avant de tomber en morceaux pour ensuite mieux renaître de ses cendres. Le problème avec Kickboxer, c’est que le combat durant lequel le frère de Kurt se prend une sévère branlée face à Tong-Pô n’est pas vraiment crédible. Le mec semble complètement dépassé dès le début. Il se contente d’encaisser et de s’écrouler. Van Damme, qui a réglé les chorégraphies du film, a-t-il voulu souligner la supériorité de Tong-Pô et du même coup sa dangerosité ? Peut-être, mais en tout cas, c’est super maladroit car au fond, le champion américain perd toute crédibilité.
Même sentence pour Michel Qissi, le pote d’enfance de JCVD, ici catapulté dans les pompes de Tong-Pô, le bad guy. Un méchant unilatéral, sans aucune nuance, qui s’avère violent sur le ring, mais qui aime aussi violer les femmes et participer en sous-marin, à plusieurs activités illégales. Juste histoire de bien nous faire comprendre qu’il faut absolument qu’il se fasse casser la gueule. Il n’y a pas d’autres alternatives et c’est assurément un boulot pour le gentil Kurt et son cœur de lion…

Une grande gueule arrive sur une terre étrangère, en prétendant apprendre aux locaux un art qu’ils ont eus-mêmes inventé et perfectionné. Il se fait calmer et voit son frangin prendre la relève. Van Damme, jusqu’alors discret, entre en scène. Son charisme fait tout le boulot. Écrit de la manière la plus simple possible, Kickboxer est un monument à la gloire de sa star. Il adopte une structure classique et ne prétend qu’à mettre en valeur Jean-Claude Van Damme, qui s’y montre très généreux quand il s’agit de nous faire l’étalage de ses compétences. On tente bien d’en rajouter des louches, avec une histoire de kidnapping prétexte à quelques fusillades et des interventions fugaces d’esprits ancestraux ayant vu chez Van Damme le parfait réceptacle de leur savoir mystique, mais au fond, une seule chose compte : Van Damme et ses combats. En cela, le film comprend autant de temps forts que de bastons. Van Damme au village contre les méchants pilleurs, Van Damme au bar contre les méchants locaux, Van Damme qui s’entraîne et Van Damme qui se retrouve à tremper les poings dans du verre pilé pour casser la gueule de Tong-Pô. Tout le reste sert de liant, mais à la fin, y compris 27 ans plus tard, c’est Van Damme qui compte. Ses muscles, son jeu basique mais sincère et tous les petits trucs qui ont mine de rien contribué à redéfinir les contours de ce cinéma et qui, par la suite, ont été largement repris au fil de films, parfois catastrophiquement nazes et parfois beaucoup plus convaincants.

Contrairement à Sylvester Stallone et Arnold Schwarzennegger, Van Damme n’a pas commencé, ni poursuivi d’ailleurs, avec un (ou des) chef-d’œuvre. Il est arrivé aux USA, s’est fait remarqué et a tourné pour des cinéastes tombés dans les limbes hollywoodiennes pilotés par des producteurs opportunistes et parfois géniaux (comme ceux de la Cannon). Si on se souvient encore en 2016 de Kickboxer, c’est presque uniquement grâce à Jean-Claude qui a su s’impliquer sans compter dans un processus créatif calqué sur sa personnalité et ses compétences. Mine de rien c’est fort.

En Bref…
Ainsi, Kickboxer n’est pas un grand film. Il est bourré de défauts, la réalisation est correcte mais basique, il y a des erreurs techniques, le jeu des comédiens est un peu grossier, etc… Mais c’est un film qui a une âme. Une œuvre qui respire l’honnête et la bienveillance envers le genre auquel elle s’attache. Le capital sympathie est ici énorme. Voilà pourquoi on prend toujours plaisir à le regarder 2, 3, 4 ou 50 fois.

@ Gilles Rolland

Kickboxer-JCVD

Par Gilles Rolland le 4 septembre 2016

Déposer un commentaire

S’abonner
Notification pour
guest
1 Commentaire
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
trackback

[…] Kickboxer devient, dès lors, autre chose qu’un simple film d’action. On aura bien droit à quelques rappels du genre, faisant du Kurt le héros de ces dames, ou plus précisément de Mylee (Rochelle Ashana), la nièce de Xian Chow. En effet, autour du refuge du maître, l’emprise d’un certain Freddy Li (Ka Ting Li), dont Tong Po est le poulain, est terrifiante : lui et sa bande terrorisent les honnêtes gens. Ce qui ne fait qu’ajouter du ressenti à la phase d’entrainement vécue. La souffrance physique envahit l’écran, dans la démonstration d’une courbe de progression très excitante. On constate les progrès de Kurt, et l’on ne peut s’empêcher de souhaiter, au plus profond, assister au combat final, qui s’annonce dantesque. Avant cela, le scénario ajoute encore de la perfidie au personnage de Tang Po, véritable antagoniste diabolique, qui fonctionne d’un bout à l’autre. Dans une séquence, on comprend qu’il agresse, sexuellement, Mylee. Un paralysé, une violée, une population terrifiée, il va falloir que l’immonde personnage se prenne une gigantesque rouste, car le spectateur bouillonne comme rarement ! […]