[Critique] LA DERNIÈRE MARCHE

STARVIDEOCLUB | 10 mars 2013 | Aucun commentaire

Titre original : Dead Man Walking

Rating: ★★★★★
Origine : États-Unis/Angleterre
Réalisateur : Tim Robbins
Distribution : Sean Penn, Susan Sarandon, Robert Prosky, Raymond J. Barry, Margo Martindale, Jack Black, Celia Weston, R. Lee Ermey, Lois Smith…
Genre : Drame/Adaptation
Date de sortie : 27 mars 1995

Le Pitch :
Sœur Helen Prejean décide de suivre Matthew Poncelet, un détenu accusé de meurtre et de viol, tout au long du couloir de la mort, jusqu’à la sentence finale…

La Critique :
Tout d’abord, un mot sur cette grande dame dame qu’est Helen Prejean. Sœur louisianaise, elle s’engage auprès des pauvres de cet état qui ressemble plus à un pays du Tiers Monde qu’à autre chose… En 1981, elle commence à suivre la voie qui sera celle de toute sa vie, à savoir celle des pénitenciers. Elle accompagnera quatre détenus jusqu’à leur exécution par injection létale, dont Elmo Patrick Sonnier, qui sert d’inspiration au personnage de Sean Penn. Elle a écrit deux livres sur le sujet ; La Dernière Marche : une expérience du couloir de la mort et La Mort des innocents : un témoignage oculaire sur les exécutions arbitraires, qui sont devenus des best-sellers mondiaux. De plus, elle continue aujourd’hui (à 74 ans !) de militer contre la peine de mort à travers le monde…

Après avoir joué un détenu innocent dans Les Evadés, Tim Robbins continue d’explorer le monde carcéral dans son deuxième film en tant que réalisateur. Il nous livre une lecture pertinente de l’une des questions les plus brûlantes en matière de justice, à savoir la peine de mort. En effet, parti d’un postulat simple, il échappe à une lecture bas de plafond d’un fait divers sordide pour toucher à quelque chose d’autre.

Car le personnage de Matthew Poncelet va clamer son innocence jusqu’au bout, et multiplier les provocations sur ses opinions politiques notamment. À l’autre bout du spectre, on trouve une religieuse en proie à une période de doute qui décide de suivre cet homme, de l’accompagner, de le conseiller spirituellement à l’approche de sa mort. Je parle de spectre, car il ne s’agit pas seulement d’un film sur la peine de mort, mais aussi d’une réflexion sur la distance qui sépare tous les êtres humains. En effet, toute l’intrigue repose sur les limites que la sœur ne peut franchir avec le détenu, toujours séparés, par leurs existences respectives et diamétralement opposées, et par les murs et les barreaux de la prison où est retenu Poncelet. La mise en scène montre avec élégance ces obstacles et de quelle façon ils finissent par devenir illusoires au fil du temps. Le seul contact entre les deux héros, une main sur l’épaule sur la route de l’échafaud, nous offre un moment d’émotion intense et puissant. Et des moments comme ça, il y en a tout le film. À titre d’exemple, on pourra noter les adieux de Poncelet à sa famille quisont déchirants sans être mièvres pour un sou… Bref, le film suit une voie unique en son genre sur le sujet.

Oubliez tout manichéisme, tous les points de vue montrés dans le film sont acceptables, et aucun ne saurait être rejeté en bloc. Qu’il s’agisse des familles de victimes, du condamné ou de sa compagne de route, chacun a son mot à dire. Le film n’en est que plus grand, car il ne se contente pas d’être un simple réquisitoire contre la peine capitale, il nous permet d’en cerner tous les aspects pour mieux nous amener à comprendre l’absurdité de cette sanction. De ce côté, la performance des acteurs est béton. Susan Sarandon (qui était la compagne de Robbins à l’époque) obtient un Oscar mérité pour son jeu plein de justesse et de sobriété. Sean Penn est, comme toujours, égal à lui même, à savoir monstrueux, d’autant plus que les rôles d’hommes sombres et brisés semblent lui coller à la peau. Son rôle lui vaudra un Ours d’argent du meilleur acteur à Berlin. Ajoutez à cela une superbe bande son, du talentueux Soufi Nusrat Fateh Ali Khan, agrémentée d’un morceau d’Eddie Vedder pour accompagner le générique et vous avez une pépite inégalable. Tim Robbins fait preuve d’une grande maturité et nous livre un chef-d’œuvre dès son deuxième essai.

@ Sacha Lopez

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Par Sacha Lopez le 10 mars 2013

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