[Critique] LEPRECHAUN
Titre original : Leprechaun
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Mark Jones
Distribution : Warwick Davis, Jennifer Aniston, Ken Olandt, Mark Holton, Robert Hy Gorman, Shay Duffin, John Sanderford…
Genre : Épouvante/Horreur/Comédie
Date de sortie : 8 janvier 1993 (États-Unis)
Le Pitch :
Un homme sans le sous revient aux États-Unis après un voyage en Irlande, les poches pleines de pièces d’or. De l’or dérobé à un Leprechaun qui a également fait le voyage afin de récupérer son trésor…
La Critique :
Petite présentation du Leprechaun : le Leprechaun est petit et teigneux. D’apparence monstrueuse, il aime son or qu’il protège avidement. Le Leprechaun aime aussi lustrer les chaussures, car le Leprechaun est cordonnier de son état. Fait peu connu vous en conviendrez. Issu du folklore irlandais, le Leprechaun -parfois également appelé Farfadet- est décrit comme étant issu de l’union d’un mauvais esprit et d’une créature féerique dégénérée, pas complètement maléfique, mais pas complètement bon non plus. Farceur, il conserve son or au pied d’un arc en ciel et très généralement, il est représenté vêtu de vert. On peut aussi lire parfois que les personnes qui ont réussi à capturer un Leprechaun ont ensuite pu exiger de lui trois vœux.
Quoi qu’il en soit, dans le film de Mark Jones, le Leprechaun est un dur à cuire. Il encaisse des décharges de plomb, est amputé de la main et se voit arraché un œil, mais finit toujours par se relever. La légende en prend un méchant coup dans l’aile et franchement, c’est plutôt fendard.
Le Leprechaun est ici décrit comme un petit être revanchard, tout juste intéressé par le cirage de pompes (au sens propre) et par son fric. Confronté à une bande de bras cassés, tombés par hasard sur son l’or, le Leprechaun multiplie les frasques, prend le temps de cirer des chaussures (encore), massacre ses victimes avec lesquelles il aime rigoler un bon coup, et jète des éclairs verts dont on cherche encore quel est leur effet exact.
Rentré dans la mythologie du cinéma d’horreur bis, Leprechaun est quand même un sacré navet. Dans le bon sens du terme (si, si, il y a un bon sens). Rien à voir avec Les Griffes de la Nuit, Halloween, Massacre à la Tronçonneuse ou même Jeu d’Enfant dont le personnage de Chucky, la poupée tueuse, peut en quelque sorte se rapprocher du Leprechaun. Ok, le lutin irlandais est aussi un ersatz de croque-mitaine et ok son film est un slasher, mais non, Leprechaun de Mark Jones n’est pas un chef-d’oeuvre du genre (pas dans le sens où on l’entend généralement du moins). Et encore, le terme slasher est, dans le cas présent, à prendre avec des pincettes. Il y a bien des meurtres assez violents (et encore), mais ce ne sont pas les forfaits criminels qui retiennent le plus l’attention. Ce qui retient le plus l’attention est l’humour. L’humour ET Jennifer Aniston qui trouve ici son premier « grand » rôle au cinéma. Leprechaun est une comédie, volontaire ou non (à vous de décider), parfois très drôle car proche d’un épisode un peu débile d’une sitcom déviante qui aurait décidé d’introduire un lutin ravagé et salement porté sur le lustrage de pompes. En cela, la scène qui voit les gentils jeter au Leprechaun des chaussures, pour le tenir à distance, vaut son pesant de cacahuètes. Car si Superman ne peut pas souffrir la kryptonite, le Leprechaun lui ne peut s’empêcher de frotter des chaussures quand il en voit. Un talon d’Achille auquel il faut ajouter une totale aversion pour les trèfles à quatre feuilles, qui le paralysent littéralement.
Tout un programme, orchestré par un cinéaste totalement inconnu au bataillon, qui a torché un truc vite fait bien fait, a qui le temps s’est chargé de conférer un statut de film culte, mérité, si on possède un solide sens de l’humour sacrement déviant. Si vous êtes dans ce cas, Leprechaun offre largement de quoi se fendre la poire.
Les acteurs sont à peu près tous à la ramasse, hormis Warwick Davis, qui après Willow, se glisse avec une jubilation contagieuse dans le costume vert du lutin maléfique. Au point d’ailleurs d’avoir rempilé dans les multiples suites, qui ont même envoyé le Leprechaun dans l’espace… Sans commentaire.
Jennifer Aniston de son côté, fait le job. Et là, il faut comprendre : fait ce qu’elle peut. Pas vraiment aidée par un gamin insupportable, un beau gosse issu des Feux de l’Amour, et un lourdeau de première classe, la jeune comédienne en impose au moins physiquement, grâce à un mini-short que le réalisateur ne se prive pas de mettre en valeur chaque fois que l’occasion se présente.
Face au Leprechaun, la belle se débat, débite des lignes de dialogues complètement aux fraises et cherche un trèfle à quatre feuilles.
Tourné avec quatre bouts de ficelles (les effets-spéciaux ne sont pas mémorables), Leprechaun est une curiosité qu’il faut néanmoins avoir vu quand on s’intéresse au genre. Si vous aimez les chaussures aussi, le film est pour vous. Fétichistes des pieds, ne pas s’abstenir. Rarement au cinéma a-t-on vu un si bel hommage à la profession de cordonnier.
Retrouvez ICI notre interview de Warwick Davis, la star de Leprechaun !
@ Gilles Rolland