[Critique] PEACE, LOVE ET PLUS SI AFFINITÉS
Titre original : Wanderlust
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateur : David Wain
Distribution : Paul Rudd, Jennifer Aniston, Justin Theroux, Malin Akerman, Alan Alda, Joe Lo Truglio, Kathryn Hahn, Ken Marino, Kerri Kenney, Lauren Ambrose…
Genre : Comédie
Date de sortie : 30 mai 2012
Le Pitch :
Stressés, épuisés et à court d’argent, Linda et George décident, suite à la perte de leur boulot respectif, d’accepter l’hospitalité de Rick, le frère de George, un authentique abruti, aussi vénal que vantard. Sur le chemin, le couple tombe néanmoins par hasard sur Elysium, une communauté pseudo-hippie, vivant en harmonie avec la nature. Ce havre de paix qui leur ouvre les bras séduit George et Linda à un tel point, qu’ils décident de s’y installer…
La Critique :
Si on s’intéresse d’un prime abord à Peace, Love et plus si affinités, c’est parce qu’il s’agit d’une production Judd Apatow. Apatow qui a produit Frangins malgré eux, Walk Hard ou Supergrave et qui est, à l’heure actuelle, le roi incontesté de la comédie américaine, lui qui a réalisé 40 ans toujours puceau, Funny People, ou plus récemment l’excellent 40 ans, Mode d’emploi.
La présence du grand monsieur est ainsi rassurante car à première vue, le film aurait tout aussi bien pu se placer dans la lignée des autres Jennifer Aniston movies, à savoir ce genre de comédie romantique gentillette, nourrie à la bluette et aux bons sentiments. L’ex-star de Friends n’étant pas spécialement populaire pour ses choix de carrière audacieux depuis qu’elle est passée du petit au grand écran.
À l’arrivée, Peace, Love et plus si affinités a le cul entre deux chaises. Un peu irrévérencieux mais pas assez, et un peu mièvre mais quand même un peu trop. Tout dépend de quel côté vous vous situez même si le mélange un poil bizarre à de quoi déconcerter à la fois les fans d’Apatow et ceux qui aiment les films plus doux, où l’amour sert de moteur à un ensemble marqué par sa propension à faire couler les larmes et à essorer la pompe aortique.
Pour autant, ce cocktail de bons sentiments et de blagues scabreuses a du bon. Et si on voit assez rapidement qu’il ne s’agit pas d’un grand cru, c’est avant tout parce que le long-métrage ne parvient pas, contrairement aux meilleurs Apatow, a offrir un mélange homogène et pertinent entre franche poilade qui tâche, et sentiments réalistes remarquablement retranscrits.
Entre les deux, Peace, Love et plus si affinités ne tire alors pas pleinement parti de son pitch et sert un plat un peu trop tiède pour convaincre pleinement. Voilà pour le défaut principal.
Débutant à New York, où l’on suit un jeune couple en quête d’un nid douillet pour construire une vie qui est destinée à l’être tout autant, le film se poursuit dans une communauté hippie à la suite d’une succession de déconvenues. Surfant assez délicatement sur un contexte de crise économique, le film propose une alternative et du même coup livre une critique douce-amère du mode de vie bio et de ses dérives. Tout le monde en prend un peu pour son grade (les pro-bio hardcore et les citadins amorphes accros à la technologie) et à priori c’est une bonne chose, car c’est de là que vient l’irrévérence qui caractérise le scénario. Mais malheureusement, encore une fois, cette irrévérence n’est pas exploitée comme elle le devrait. Le réalisateur, David Wain, préfère se concentrer sur les gags bien gras pour contrebalancer la guimauve de son script. Il dynamite le couple à coup de situations plus ou moins graveleuses, remarquablement illustrées par des acteurs rompus à l’exercice. Kathryn Hahn par exemple, vue en belle-sœur nymphomane dans Frangins malgré eux, fait des merveilles. Tout comme le trop sous-estimé et pourtant génial Paul Rudd, parfaitement à son aise dans un univers qu’il connait bien. Ce qui n’est pas le cas de Jennifer Aniston. Acculée, l’actrice semble perdue et tombe trop souvent dans une caricature de Rachel, alors que le contexte aurait pu clairement favoriser un changement de registre bienvenue.
C’est alors que les seconds rôles sauvent la mise et portent, avec Paul Rudd en tête, Peace, Love et plus si affinités. Justin Théroux, Malin Akerman ou Alan Alda ont tous pigé quel ton adopter dans de telles circonstances. Personne ne rame et le petit monde qui se forme sous nos yeux de prendre vie, avec un naturel qui aide beaucoup l’ensemble à gagner une authenticité appréciable.
Mais les habitudes ont la vie dure et il est tentant de céder aux tentations faciles de la romance à la mode hollywoodienne. David Wain mélange certes ses thématiques et ses acteurs dans un bouillon de sexe libre, de drogue et de situations comiques, mais rajoute dans un dernier tiers super-convenu, une trop large dose de clichés. Alors que l’on pense que le film va prendre une direction inattendue, il se remet dans le « droit » chemin et se termine en eau de boudin.
Heureusement qu’intervient à ce moment-là, une guest-star inspirée, qui contribue à améliorer l’impression finale et à rappeler que malgré son dénouement téléphoné et ses intentions confuses, l’ADN de Peace, Love et plus si affinités contient un pourcentage suffisant d’Apatow pour sortir la tête hors de l’eau et s’extirper un tout petit peu de la masse. De justesse, grâce à quelques gags vraiment réussis, à des acteurs à fond les ballons, à des dialogues parfois inspirés et à une idée initiale quand même assez savoureuse. Ouf !
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Universal Pictures International France