[Critique] PIÈGE EN HAUTE MER
Titre original : Under Siege
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Andrew Davis
Distribution : Steven Seagal, Tommy Lee Jones, Damian Chapa, Gary Busey, Troy Evans, Erika Eleniak, Patrick O’Neil, Nick Mancuso, David McKnight, Lee Hinton…
Genre : Action
Date de sortie : 10 février 1993
Le Pitch :
Alors qu’il entreprend son dernier voyage direction San Francisco où il doit être désarmé, le navire de guerre emblématique USS Missouri et son équipage sont pris en otage par un groupe terroriste. À sa tête, un soldat dissident défouraille à tout va et prend rapidement le contrôle des opérations. L’équipage, enfermé dans la cale, est impuissant face à la menace qui gronde. Du tout cuit pour les terroristes qui ont néanmoins négligé un détail : Casey Riback, le cuistot en chef. Un cuisinier expert en bouillabaisse et en arts-martiaux, ancien foudre de guerre et bien décidé à mettre son grain de sable dans la machine…
La Critique :
Quatrième film de Steven Seagal, Piège en Haute mer est aussi son plus gros hit au box-office. Celui que l’on surnomme volontiers Saumon Agile vient d’enchainer quatre « classiques » du cinéma d’action qui ont imposé son style à la fois nonchalant et sévèrement burné. Des films aux noms sans équivoque (Nico, Échec et Mort, Désigné pour mourir et Justice Sauvage), sur lesquels nous reviendrons et qui ont inscrit leur interprète vedette dans la légende de la série B bourre-pif. Car Steven Seagal, à l’époque, c’est du très lourd. Un mec qui revient du japon couronné du titre du « seul occidental assez balèze pour ouvrir une école d’aïkido au Pays du Soleil Levant » et qui peut se targuer d’avoir envoyé Sean Connery à l’hosto sur le plateau de Jamais plus jamais où il coordonnait les combats. Moins musclé que Stallone et Schwarzie, moins poilu que Chuck Norris et moins souple que Van Damme, Seagal intègre son savoir destructeur aux scenarii de ses longs-métrages et devient l’un des types les plus dangereux du cinéma d’action. Steven Seagal est unique en son genre. Normal qu’au début des années 90, les producteurs voient en lui le nouvel action man. Une logique imparable qui propulse Steven à la tête du casting de Piège en haute mer, grosse production de 35 millions de dollars et sorte d’hybride de Piège de cristal sur l’eau. Une ressemblance avec le film de John McTiernan qui n’a pas échappée aux distributeurs français, qui ont compris qu’en incluant le mot « piège » dans le titre, le public saurait de suite de quoi il s’agit.
Toujours est-il que Piège en Haute mer est un grand succès. Il assoit Seagal sur son trône de représentant officiel de la clé de bras au cinéma, lance pour de bon la carrière de Tommy Lee Jones et déclenche la mise en route d’une suite (Piège à Grande vitesse qui ne connaitra pas le même engouement, malgré des scènes d’anthologie). De quoi nourrir l’égo déjà surdimensionné de Steven qui ne se sent plus pisser. Sans le savoir, Steven tient ici dans son « Casablanca ». La suite de son parcours sera moins glorieuse, néanmoins traversé de quelques jolies fulgurances et verra le comédien monolithique se tourner presque exclusivement vers de petites productions souvent catastrophiques, emballées par de vieux sagouins en Roumanie, pour un budget inférieur à celui alloué à la coiffure de Tom Cruise dans le dernier Mission : Impossible. Mais revenons à Piège en Haute mer !
Dans Piège en Haute mer, Steven Seagal joue Casey Riback. Casey Roback est un dur à cuire. Il aime lancer des vannes, il cuisine le poisson comme pas deux, emballe les meufs avec le bagout de Bogart et maitrise toutes les formes les plus extrêmes de mises à mort, à mains nues ou pas. Avec un Micro-onde, Casey Riback fabrique une bombe, avec un cure-dent il pêche le thon et avec une fusil, il peut tenir tête à une armée. En gros, mieux vaut ne pas trop chatouiller Casey. Casey Riback est plutôt soupe au lait et lorsque le personnage interprété par l’excellent Gary Busey crache un gros glaviot dans sa bouillabaisse, Casey voit rouge. Terroristes ou pas terroristes, les mecs vont dérouiller !
Suivant le même schéma que Piège de cristal (à savoir : un mec sous-estimé fait face à une escouade de bad guys sur-armés dans un lieu clos), le film de Davis ne cherche pas l’originalité. Son film est ultra conventionnel, ultra codifié, ultra téléphoné, mais pour le moins efficace. Car Davis n’est un branque quelconque. Il sait tenir une caméra et emballe son long-métrage avec une certaine maestria. Souffrant qu’un manque de clarté au niveau de l’éclairage, Piège en Haute mer arrive néanmoins à bien restituer les savants combos de l’ami Seagal lors de ses séances de kinésithérapie avec les méchants terroristes. Car l’intérêt principal est bien sûr ici : dans les affrontements. Des combats à mains nues, parsemés de répliques savoureuses. La recette est pimentée, à l’image de la bouillabaisse de Casey Riback, qui au passage ressemble davantage à une vulgaire soupe de tomate.
Le héros sans peur et sans reproche confère à cette œuvre conceptuelle toute sa personnalité, c’est certain. Mais Piège en Haute mer peut aussi compter sur un méchant de taille, incarné par Tommy Lee Jones, alors pour le moins méconnu du grand public. Tommy Lee Jones qui ensuite décollera, campe un bon vieux salopard comme on en fait plus, quelque-part entre la rock star dégénérée et le trafiquant d’armes schizophrène. Et un bon méchant, c’est extrêmement important pour un film de ce calibre. Sans grand méchant, pas d’enjeu et sans enjeu pas de plaisir. Même si il est évident pour toute personne ayant déjà vu un film de Steven Seagal, que c’est lui et lui seul qui va remporter la bataille à la fin. Ici, il a même le droit de se trimballer la moitié du temps avec Erika Eleniak, l’une des premières playmates d’Alerte à Malibu. Erika Eleniak dans un rôle de composition puisque elle interprète… une playmate. Ça ne s’invente pas et on appelle ça de l’art.
@ Gilles Rolland
[…] des bras avec la même passion qu’il cuisine la bouillabaisse. Gros succès au box-office, Piège en Haute en Mer donne bel et bien lieu à une suite, qui arrivera 3 ans plus tard, juste après l’échec de […]