[Critique] PRÉSENTATEUR VEDETTE : LA LÉGENDE DE RON BURGUNDY

STARVIDEOCLUB | 1 septembre 2012 | Aucun commentaire

Titre original : Anchorman : The Legend of Ron Burgundy

Rating: ★★★★½
Origine : États-Unis
Réalisateur : Adam McKay
Distribution : Will Ferrell, Christina Applegate, Paul Rudd, Steve Carell, David Koechner, Fred Willard, Chris Parnell, Kathryn Hahn, Fred Armisen, Paul F. Tompkins, Vince Vaughn, Luke Wilson, Ben Stiller, Tim Robbins, Danny Trejo, Jack Black, Seth Rogen…
Genre : Comédie
Date de sortie : 18 mai 2005

Le Pitch :
Dans les années 70, à San Diego, Ron Burgundy, un présentateur vedette du journal d’informations, règne en maitre sur les audiences. Accompagné de ses fidèles acolytes, Ron profite à fond de sa grande notoriété et regarde de haut ses concurrents, loin derrière. Lorsque la journaliste Veronica Corningstone est embauchée par la chaine pour laquelle travaille Ron, ce dernier voit l’occasion de mettre une nouvelle fois à l’épreuve son charme légendaire. C’était sans compter l’ambition de la jeune femme, qui compte bien se faire une place dans le monde très masculin du journalisme. Une ambition vue d’un très mauvais œil par Ron Burgundy…


La Critique :
Lorsqu’on regarde la carrière de Will Ferrell, on s’aperçoit vite que Présentateur Vedette est certainement son premier film important. Bien sûr, avant, le comédien avait déjà tourné dans une grosse quinzaine de longs-métrages, dont l’excellent Retour à la fac, le trop sous-estimé Une Nuit au Roxbury, Zoolander ou le sympathique Elfe, mais c’est ici que le potentiel de ce génie du rire prend vraiment toute sa démesure. Avec le rôle de Ron Burgundy, ce journaliste télé un peu crétin, homme à femmes et macho outrancier, Ferrell bouffe l’écran. Il déploie la grosse artillerie et laisse exploser sans aucune retenue un talent incroyable. Une verve comique jusque là trop souvent exploitée au second plan, qui fait déjà les beaux jours du Saturday Night Live, depuis 1995.
Dès lors, Will Ferrell s’impose un peu partout, y compris en France, où les fans apparaissent et où le Saturday Night Live n’est pas relayé. Des fans nombreux mais toujours -à ce jours- ignorés par les grands réseaux de distribution, qui s’évertuent soit, a) à ne diffuser que dans une poignée de salles les films où Ferrell n’apparait pas accompagné d’une star plus bankable chez nous, ou/et b) à saborder la dynamique de l’acteur, en l’affublant d’un doublage à la ramasse, comme par exemple à l’occasion de Frangins malgré eux ou de Ricky Bobby, Roi du circuit.
Incompris du grand public, qui préfère apparemment se ruer sur le moindre film que peuvent sortir Ben Stiller ou Jim Carrey, sans se soucier de la qualité, Ferrell commence doucement à faire son trou dans l’Hexagone. Quoi qu’il en soit, les fans sont là, un peu partout, formant un noyau solide et fidèle.

Présentateur Vedette est l’un des grands Will Ferrell. Premier film d’Adam McKay, qui s’impose d’emblée comme le réalisateur idéal pour capturer l’essence de l’acteur, il s’agit aussi d’une production Judd Apatow, qui s’apprête à l’époque à connaître la gloire avec 40 ans toujours puceau, sa première réalisation.
Le Brat Pack règne déjà sur le monde de la poilade cinématographique. Le Frat Pack, qui désigne l’équipe soudée que forment des acteurs, réalisateurs, producteurs et scénaristes comme Will Ferrell, Judd Apatow, Adam McKay, mais aussi Ben Stiller, Vince Vaughn, Steve Carell, Jack Black ou Luke et Owen Wilson. Le nom du Frat Pack faisant référence à la fois au Rat Pack qui désignait le groupe formé notamment par Sinatra ou Humphrey Bogart, mais aussi au Brat Pack qui, pour sa part, regroupait la jeune garde des acteurs ayant percé au début des années 80, avec des comédiens comme Rob Lowe, Emilio Estevez ou Molly Ringwall.

Et justement, Présentateur Vedette est une magnifique incarnation de l’esprit d’équipe qui règne au sein de ce Frat Pack. On retrouve au générique quelques-uns des membres les plus emblématiques de cette joyeuse équipée sauvage, comme Ben Stiller, Vince Vaughn, Judd Apatow (à la prod, mais aussi à l’écran via un caméo), Luke Wilson, Paul Rudd, ou encore Jack Black.
Un esprit « film de potes » qui apporte une grande partie de son charme et de son aura au long-métrage. Le mécanisme est très simple et imparable : ils s’amusent et nous avec. Leurs vannes et les situations complètement surréalistes dans lesquelles ils se retrouvent, apparaissent authentiques dans leur désir de communiquer une passion qui passe par un esprit d’équipe évident. Une caractéristique qui ferme certainement la porte à ceux qui n’accrochent pas à cet humour second degré absurde, vulgaire et pourtant tendre, mais qui dénote d’un refus des conventions.
Le Frat Pack ne se plie pas aux règles de la comédie, suivie par tous les métrages médiocres qui déboulent régulièrement. Le Frat Pack écrit de nouvelles règles, tout en se situant globalement dans le sillage des Frères Farrelly.

Incarnation parfaite d’un humour jubilatoire et décomplexé, Présentateur Vedette est un pur monument du genre. Il fait montre d’une rythmique imparable et glorifie une « connerie » contagieuse, qui n’hésite jamais à franchir la ligne jaune. Les comédiens, Will Ferrell en tête, ne reculent jamais devant la prise de risque qui prouve bien que si le ridicule ne tue, il peut par contre être la cause de nombreux fous rires en cascade.
Se payant le luxe de raconter en filigrane l’ascension des femmes à la télévision (et dans le monde du travail en général d’ailleurs), à une époque (les années 70) où seuls les hommes avaient le droit de cité, le long-métrage d’Adam McKay offre de plus, un rôle en or à l’une des seules femmes du lot, la pétillante Christina Applegate qui, face à la tornade Ferrell, fait preuve d’un talent bien ancré et d’un appétit appréciable pour l’humour qui tache. Leur partie de ping-pong verbal, où les vannes fusent comme des balles de tennis à Roland Garros, donnent lieu à de grands moments de rires. À tous les coups, c’est garanti sur facture. Que ce soit la première fois que vous voyez le film, ou la centième, car tel un bon cru, Présentateur Vedette gagne à chaque visionnage.
Et dire que la suite sort l’année prochaine… Stay Classy !

@ Gilles Rolland

Crédits photos : Apatow Productions

Par Gilles Rolland le 1 septembre 2012

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