[Critique] RESIDENT EVIL

STARVIDEOCLUB | 30 septembre 2012 | Aucun commentaire

Titre original : Resident Evil

Rating: ★☆☆☆☆
Origine : États-Unis/Angleterre
Réalisateur : Paul W.S. Anderson
Distribution : Milla Jovovich, Michelle Rodriguez, Eric Mabius, James Purefoy, Martin Crewes, Colin Salmon…
Genre : Science-fiction/Action/Horreur/Adaptation
Date de sortie : 3 avril 2002

Le Pitch :
Alice se réveille dans un manoir désert, complètement amnésique. Elle rencontre un homme prénommé Matt, qui se prétend policier. C’est alors qu’un commando d’élite surgit et les entraîne dans une mission de reconnaissance dans un gigantesque laboratoire souterrain, appartenant à la méga-corporation Umbrella et contrôlé par une intelligence artificielle high-tech, pour enquêter sur la mort mystérieuse de tous les employés. Alors qu’Alice s’efforce de retrouver la mémoire, le groupe se retrouve prisonnier de l’étrange univers technologique, où les morts commencent à se réveiller pour pourchasser les vivants…

La Critique :
Resident Evil est un film du 21ème siècle. Ça, on le sait, parce qu’il n’arrête pas de nous le dire. Il y a des labos high-tech souterrains, des méga-corporations, des conspirations secrètes, une intelligence artificielle, du clonage génétique… Par exemple, parmi les trucs qui font peur dans Resident Evil, il y a des portes qui claquent. D’un bruit métallique, la plupart du temps. C’est révolutionnaire : Paul W.S. Anderson a inventé la formule de la porte claquante 5 ans avant Paranormal Activity. À moins que ce ne soit quelqu’un d’autre.

Le film est, bien sûr, inspiré de la saga Resident Evil, une série de jeux vidéos sur les zombies et les gens qui tuent des zombies, qui se distingue par des scénarios bébêtes et des dialogues risibles. Néanmoins, sa popularité est généralement méritée, puisque ce qui rendait les jeux funs, c’était leur capacité à poser une ambiance qui donnait bien la chair de poule, dans la veine des survivals d’horreur traditionnels. Bref, il va de soi que la franchise vidéo-ludique n’est pas sans sa propre légion de fans, et comme avec d’autres licences, le dévouement de certains est tel qu’ils examinent minutieusement tous les détails et sont impossibles à réduire au silence. Comme avec ces histoires de midichloriens ou Greedo qui consistent à décider de qui a tirer le premier. Quand on adapte un jeu vidéo au cinéma, on le fait sous un microscope. Que faire si on veut transposer parfaitement tous les éléments qui avaient fait le succès du produit à l’écran le plus fidèlement possible ?

Et bien apparemment, on doit embaucher Paul W.S. Anderson. Et si c’est infaisable, alors là on est vraiment dans la merde parce qu’on est coincés avec Uwe Boll. Alors Paul n’était pas dispo ? Boll, un réalisateur tellement mauvais qu’il devrait être jugé pour des crimes contre l’humanité pour ses tactiques innovatrices (ou écervelées, si on veut) d’injecter des séquences de jeux vidéo dans ses films. Paul a souillé le Septième-art avec ses propres bouses, comme le honteux Soldier et l’abominable Mortal Kombat. À ce jour, son seul « vrai » film reste Event Horizon : Le Vaisseau de l’Au-delà. En terme de cinéastes incompétents, Anderson est une triple menace : il choisit des franchises plus ou moins faiblardes, écrit le scénario lui-même, et se met à tout foutre en l’air.
C’est sans surprise donc, que son Resident Evil est un autre échec dans la lignée toujours croissante des adaptations ratées. Méga-chiant et d’une nullité extrême, c’est un film de zombies mou et convenablement inerte, à mi-chemin entre un plagiat de L’Armée des morts de George Romero et un plagiat d’Aliens de James Cameron. Faut pas trop s’étonner, parce que le jeu vidéo lui-même ne fait pas dans l’originalité : Resident Evil a toujours re-pompé l’univers de Romero, (qui notamment avait été l’un des premiers scénaristes embauchés pour le film, avant que Paul vienne impressionner tout le monde avec ses crayons et ses feutres). Ici, Anderson mélange ses scènes copiés de La Nuit des morts-vivants avec celles piquées de Ghosts of Mars de John Carpenter, sauf qu’ici, les zombies ne sont pas effrayants et les trains ne sont pas aussi grands.

À côté du gore ridicule, la musique de Marilyn Manson qui sert de B.O. accablante et des monstres animés par des effets-spéciaux lamentables, c’est surtout le scénario qui marque, ayant la distinction d’être atrocement crétin et désespérément compliqué, même quand on le compare aux jeux. D’ailleurs, Resident Evil n’a quasiment rien à avoir avec sa source d’inspiration, mis à part le fait qu’il y a des zombies dedans. Il y a aussi la présence d’Umbrella, une effigie anti-corporatiste dans le rôle du bad guy et fondée par des rigolos qui ont préféré regarder Captain Planet, plutôt que d’aller faire des études à l’école de commerce. Apparemment, ils ont pensé que ce serait une bonne idée de laisser la cousine éloignée de CARL gérer leur base top-secrète.

Il y a aussi des lasers dans Resident Evil, notamment dans une scène particulièrement débile qui voit un commando d’élite se faire massacrer par des lasers dans un couloir. Certains se font décapiter, d’autres sont coupés en deux, mais l’un des soldats arrive à éviter tous les lasers quelle que soit leur hauteur. Puis le couloir se remplit de lasers qui le découpent en Big Mac. Puisque la grille de lasers est incontournable, à quoi servaient les autres ? Les couloirs ont le sens de l’humour, maintenant ?

Quelques dialogues auraient peut-être pu éclaircir le mystère, sauf qu’ils sont inexistants. Il n’y a que des ordres, des explications, des exclamations. Pas de conversation. Pas de papotage. Pas de profondeur. Les personnages sont tous en carton et chaque réplique est prononcée avec tout le dynamisme d’un type qui vient de boucher ses chiottes. « C’est impossible! » s’exclame un scientifique apparemment hautement qualifié alors qu’il regarde coaguler une flaque de sang de zombie. « Pour que le sang coagule comme ça, il faut être mort! ».

Le peu de belles choses qu’il y a, se passent du côté du casting. Michelle Rodriguez se dégage du lot dans la peau d’une sorte de Lara Croft constipée, un rôle qu’elle perfectionnera dans les années à venir, pour enfin devenir l’archétype fiable de la dure à cuire badass qu’elle incarne aujourd’hui. Et plutôt que d’essayer de retranscrire les protagonistes loufoques du jeu à l’écran, Paul prend le temps de construire le film autour d’un nouveau personnage principal, interprété par l’ex-top model Milla Jovovich. Bien entendu, son talent est gaspillé en faveur d’une prestation mono-expressive et de la nudité gratuite, et il n’y a pas plus niais que la conception du personnage (elle se nomme Alice, l’action est souterraine, l’ordinateur de la base s’appelle la Reine Rouge, et il y a même des lapins blancs dans les labos. Autant remplacer le titre par Alice au Pays des Merveilles. Sérieux, Paul, t’es trop un génie…). Mais Jovovich se montre convaincante et s’avère être la seule lueur d’espoir dans ce marasme soporifique de médiocrité.

On se pose toujours la même question : pourquoi est-ce que les jeux vidéo ne marchent pas au cinéma ? Tout simplement parce qu’on choisit toujours le mauvais jeu. Une abondance de jeux avec des histoires ou des idées originales sont à portée de main pour être adaptés : Bioshock, Mario, Portal, Zelda. Il leur suffirait juste d’un bon traitement et le genre de respect envers le sujet d’inspiration que l’on montre aux films de super-héros, comme Batman Begins et Iron Man. Le problème, c’est que l’on vit dans la période post-Playstation, et la plupart des jeux qui envahissent le marché se résument à des plagiats interactifs de récits déjà populaires au cinéma, du moins sur un plan narratif.

Ceux-là sont les jeux que l’on n’arrête pas de sélectionner, et le résultat est inévitablement le plagiat d’un plagiat. Si quelqu’un donne le feu vert sur une adaptation de Medal of Honor, on sera tous choqués quand c’est juste Il faut sauver le soldat Ryan, mais avec des acteurs pourris. Cela ne sert à rien de se plaindre que les deux films catastrophiques de Tomb Raider sont simplement Indiana Jones avec des nichons, puisque cela a toujours été le cas. Comment ça, Max Payne c’est juste un film policier à deux balles? Qui l’aurait vu venir ? Vous croyez encore que Halo sera un succès au cinoche ? Spoiler : ça sera Starship Troopers, mais en moins bien. Resident Evil appartient à cette catégorie, et lorsqu’on arrive à se tenir éveillé pour voir le résultat final, c’est clair que la leçon n’a toujours pas été apprise.

@ Daniel Rawnsley

Crédits photos : Metropolitan FilmExport

Par Daniel Rawnsley le 30 septembre 2012

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