[Critique] SPINAL TAP

STARVIDEOCLUB | 3 mars 2015 | Aucun commentaire
this_is_spinal_tap_poster

Titre original : This is Spinal Tap

Rating: ★★★★★
Origine : États-Unis
Réalisateur : Rob Reiner
Distribution : Rob Reiner, Christopher Guest, Michael McKean, Harry Shearer, Tony Hendra, Billy Crystal, Anjelica Huston, Fred Willard, Fran Drescher, Dana Carvey…
Genre : Comédie/Musical
Date de sortie : 2 mars 1984 (USA) / 1er novembre 2000 ( France)

Le Pitch :
Spinal Tap est au heavy metal ce que Picasso est à la peinture : une star incontournable. Pourtant, alors que s’apprête à débuter la grande tournée américaine du groupe britannique, les choses vont de mal en pis. Marty DiBergi, un réalisateur et grand fan devant l’éternel, décide de suivre les musiciens sur la route et de capter les moindres moments de la vie de ces rock stars décidément pas comme les autres. Ce qu’il va filmer va aller bien au-delà de toutes ses espérances…

La Critique :
En 1984, quand le réalisateur Rob Reiner réunit Christopher Guest, Michael McKean et Harry Shearer dans l’optique de mettre en boite un faux documentaire centré autour d’un groupe de heavy metal en tournée, rien ne le prédestine à graver son nom dans la légende. Dans celle du cinéma et dans celle du heavy metal, qui ne s’en est toujours pas remis…
Reposant sur un scénario écrit à quatre mains et sur des morceaux composés par le réalisateur et les acteurs, Spinal Tap s’est rapidement imposé comme l’objet suprême d’un culte absolu, pour tout bon amateur de rock et plus largement de comédie. À ce jour, 31 ans après la sortie du film dans les salles américaines, personne n’a fait mieux. D’ailleurs, personne n’a véritablement osé se frotter à l’exercice et ceux qui ont osé n’ont pas approché ne serait-ce qu’un dixième du niveau de ce chef-d’œuvre intégral réussissant l’exploit d’être non seulement hilarant, mais aussi complètement pertinent, au regard de la grande histoire du rock and roll et de son petit frère tapageur, le heavy metal.

this_is_spinal_tap

Régulièrement reviennent dans les interviews des rock stars américaines ou britanniques, des mentions à Spinal Tap. Noel Gallagher en a récemment parlé à la presse française, à l’occasion de la sortie de son nouvel album, et Metallica, Motörhead ou encore Slash des Guns N’ Roses, ont souvent reconnu l’utilité publique de cette œuvre fédératrice et en somme toute remarquable dans sa capacité à illustrer en un formidable tout, les frasques des rock stars les plus illustres. Car si les musiciens du film sont fictifs, leur personnalité et leurs acteurs sont largement inspirés de véritables musiciens et d’authentiques faits divers issus de l’histoire mouvementée de la musique saturée. Il est par exemple aisé de voir en Nigel Tufnel, ce collectionneur de guitares, obsédé par la musique, un mix entre plusieurs guitar hero dont Jeff Beck ou Van Halen. Le coup de la critique en « deux mots » que récolte l’album du groupe dans le film, est véritablement arrivé à Yes et à Def Leppard, si ce n’est que leurs critiques se résumaient à un seul mot. Uriah Heep a véritablement joué dans une base aérienne, comme Spinal Tap dans le long-métrage, tandis que Black Sabbath a vécu la même mésaventure que le groupe fictif quand il voulut faire construire un décors dédié au site de Stonehenge pour l’installer sur la scène. Le groupe Yes s’est également perdu dans les coulisses au moment d’aller sur scène, tout comme Deep Purple, tandis que la propension du combo à enchaîner les batteurs (ces derniers étant régulièrement victimes de curieux accidents mortels), vient de l’histoire de Lynyrd Skynyrd. Plus globalement, le film de Rob Reiner a su capturer l’essence du mode de vie des rock stars en intégrant, de manière à lier les anecdotes entre elles, de multiples détails d’une précision diabolique et ainsi dessiner un portrait qui ne désigne personne, mais pourtant tout le monde à la fois. Chaque groupe, qu’il soit énorme ou tout petit, pense à Spinal tap quand il enchaîne les coups de malchance sur la route ou sur scène. Marshall a même fabriqué un ampli équipé de potards gradués jusqu’à 11 suite au succès monumental du film.

Cela dit, la chose la plus évocatrice quand il s’agit de causer de Spinal Tap, est de souligner ce qui est arrivé après. Une fois que le film fut projeté et que chacun retourna à ses activités…
Car poussé par l’incroyable succès populaire et critique (néanmoins cantonné dans un premier temps à la sphère rock), Spinal Tap est devenu un véritable groupe. Harry Shearer, Christopher Guest et Michael McKean ont repris leurs instruments (dont ils jouent vraiment dans le film), composé de nouveaux morceaux et fait des tournées. Break Like The Wind, leur album, est ainsi sorti en 1992, suivi bien des années plus tard, en 2009, par Back From The Dead. Deux disques auxquels s’ajoutent la bande-originale du film de Reiner et le live acoustique Unplugged and Unwigged de 2009, sur lequel les comédiens jouent sans leurs perruques. Le groupe est aussi apparu lors du concert hommage à Freddie Mercury en 1992, aux côtés de Metallica, Guns N’ Roses, U2 ou encore Bob Geldof.

Plus qu’un film, Spinal Tap est l’illustration parfaite d’un mouvement. Le métrage reste une formidable comédie, brillamment écrite et interprétée, remplie à raz la gueule de répliques cultes et de situations bien décalées, et ne souffre d’aucune faute de goût, mais s’impose aussi comme le témoignage de toute une époque. Il traduit l’auto-dérision d’un mouvement musical caractérisé par les frasques de ses acteurs, qui sont d’ailleurs les premiers à se poiler devant les gags du long-métrage. Spinal Tap reprend à son compte les codes du rock pour les mêler à ceux de la comédie à l’anglaise (quand bien même le film est américain), dans la plus pure tradition des Monty Python et des cadors de cet humour aussi brillant qu’efficace, car constamment en mouvement. Rythmé impeccablement, parcouru de morceaux aussi drôles qu’excellents, parfois carrément émouvant et ô combien authentique dans son discours, Spinal Tap fait intégralement mouche. Il pousse en effet tous les potards jusqu’à 11 et fait des étincelles.
Les années n’ont pas de prise sur Spinal Tap. Avant Wayne’s World, Airheads et toutes ces comédies estampillées rock and roll, cette pierre angulaire mettait (et met toujours) tout le monde d’accord.
La Ponction Lombaire (signification du nom Spinal Tap) est entrée dans la légende en défonçant la porte, alors que personne ne misait un copec sur ce qui s’annonçait comme une gentille blague d’initiés. Culte de chez culte, Spinal Tap fait partie de ces œuvres intemporelles qu’il est bon de voir et de revoir, sans jamais se lasser. Monumental !

@ Gilles Rolland

This-is-Spinal-Tap

Par Gilles Rolland le 3 mars 2015

Déposer un commentaire

S’abonner
Notification pour
guest
0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires