[Critique] STAND BY ME

STARVIDEOCLUB | 17 février 2013 | Aucun commentaire

Titre original : Stand by me

Rating: ★★★★★
Origine : États-Unis
Réalisateur : Rob Reiner
Distribution : Will Heaton, River Phoenix, Corey Feldman, Jerry O’Connell, Kiefer Sutherland, John Cusack, Casey Siemaszko, Richard Dreyfuss…
Genre : Drame/Comédie/Adaptation
Date de sortie : 25 février 1987

Le Pitch :
À la fin des années 50, quatre garçons d’une douzaine d’années décident de partir à la recherche du corps d’un enfant de leur âge, mort après avoir été percuté par un train. Par cela, ils espère alors récolter la gloire qui devrait revenir à ceux qui découvriront le cadavre. Cette aventure sera pour Gordie et ses amis l’occasion de laisser les illusions de l’enfance derrière eux et d’apprendre ainsi à mieux se connaître…

La Critique :
À ceux qui pensent que Stephen King n’est qu’un auteur de livres horrifiques, Stand by me fait partie de ses films (avec notamment Les Évadés) qui prouvent à quel point l’écrivain américain est tout aussi doué quand il s’agit de composer des récits humanistes, sans aucun monstre, en lien direct avec les ressentis profonds qui accompagnent des expériences de vie puissantes. Adapté d’une nouvelle (Le Corps) publiée dans le recueil Différentes Saisons, Stand by me est ainsi un authentique chef-d’œuvre du cinéma américain des années 80. À l’instar des Évadés, il parvient à illustrer avec toute la justesse nécessaire (voire à sublimer), une histoire déjà pleine de sens, sans en rajouter des tonnes, ni chercher à flatter un quelconque public à grand renfort d’effets superflus.

L’histoire est curieuse, et la métaphore brillante. À Castle Rock, la ville fictive favorite de King, quatre gamins décident de suivre la voie ferrée afin de retrouver le corps d’un enfant. D’un postulat de départ un poil morbide, le film ambitionne de raconter le passage à l’adolescence de quatre amis inséparables. Il arrive, avec un naturel confondant, à retranscrire des émotions propres à l’enfance, comme la magie et la force de l’amitié qui peut unir quatre copains aussi différents que complémentaires. Stand by me raconte un rite de passage. Il confronte la vie cabossée mais bel et bien éclatante d’enfants, à la mort d’un des leurs. Donnant par cela du sens au combat que chacun des protagonistes mène en son fort intérieur. Que l’on parle de Gordie, délaissé par des parents inconsolables à la suite de la mort tragique de leur ainé ; de Chris, le bad boy freiné par la réputation de sa famille et victime des ragots inhérents aux petites villes ; de Teddy, souffre-douleur d’un père violent, qu’il admire néanmoins, ou encore du maladroit Vern, le rigolo de la troupe, tous doivent dépasser une condition étouffante, d’une façon ou d’un autre. Le voyage qu’ils entreprennent le long de la voie ferrée en cette fin d’été représente en cela bien des choses.

Difficile de ne pas saisir la dimension universelle du film de Rob Reiner. Plus encore que le livre, et ce malgré le fait qu’il se déroule dans les années 50, le long-métrage tient une grande partie de sa force dans sa capacité à fédérer tous les publics par le biais d’évocations de l’enfance. Sans édulcorer le langage de ses héros, ou leurs attitudes (si le film avait vu le jour aujourd’hui, jamais les enfants n’auraient été montré en train de fumer par exemple) le script de Raynold Gideon s’attache à insuffler une pertinence rare dans les rapports qui animent les personnages. Que l’on parle des enfants, mais pas seulement. Il aborde également le deuil et ses conséquences, ou la quête de reconnaissance, comme unique moyen de s’extraire d’un quotidien cloisonné, tandis que la meute des « méchants » dirigée par Keifer Sutherland symbolise d’une certaine manière la façon dont le monde des adultes pèse sur ceux qui ne demandent qu’à se faire entendre et ainsi à s’épanouir.

Et puis Stand by me, c’est aussi une grande comédie. Une comédie qui passe certes du rire aux larmes, mais une comédie quand même. Que l’on parle de cette histoire de mangeurs de tarte que Gordie raconte à ses amis au coin du feu, du passage des sangsues ou encore de certaines des déclarations du personnage incarné par Jerry O’Connell. Le rire n’est jamais très loin, comme une façon de mettre de la nuance dans une histoire qui n’en manque pas. En cela, les acteurs sont tous admirables. Lorsqu’on (re)découvre le film aujourd’hui, il est marrant de retrouver de jeunes acteurs, tous en début de carrière, comme Jerry O’Connell, bien loin alors des mondes parallèles de la série Sliders (et encore plus des Piranhas d’Alexandre Aja), du regretté surdoué River Phoenix, qui prouve quant à lui que le talent était, chez les Phoenix, une composante essentielle de leur code génétique (c’est le frère de Joaquin), de Kiefer Sutherland, le grand bad guy de l’affaire ou encore de l’oublié devenu tricard à Hollywood à l’age adulte, Corey Feldman. Sans oublier Will Wheaton, connu des amateurs de The Big Bang Theory pour incarner la nemesis de Sheldon, meneur de l’équipée « sauvage » et pour le coup véritablement excellent.
Avec les années, Stand by me prend de la valeur. Ceux qui ont vu le film à sa sortie et/ou qui étaient eux-même des enfants, ont grandi avec les acteurs. Figés à tout jamais sur la pellicule d’un monument du conte initiatique, les comédiens ont tous pris des directions différentes et nous avec. River Phoenix nous a quitté, Corey Feldman tente plus que jamais de raccrocher les wagons d’une carrière chaotique, Will Wheaton est devenu champion de poker, Jerry O’Connell oscille entre la télé et le cinéma, et Kiefer Sutherland a sauvé le monde un paquet de fois.
L’enfance est censée représenter ce moment de la vie où absolument tout est possible. Le meilleur, mais aussi le pire, en fonction des choix que chacun fait. Stand by me incarne ce tournant que tout le monde est amené à prendre tôt ou tard, peu importe le temps durant lequel on s’évertue à repousser l’échéance. La fameuse scène de l’esquive de train, elle-même, symbolise le côté primordial de ces instants qui séparent les petits garçons des hommes. Stand by me n’idéalise pas la vie. Il la montre telle qu’elle, à grand renfort d’une nostalgie pénétrante, à vous donner la chair de poule et les larmes aux yeux, sans oublier de nous faire marrer entre temps. Culte !

@ Gilles Rolland

Stand-By-Me-photoCrédits photos : Columbia TriStar

Par Gilles Rolland le 17 février 2013

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