[Critique] THE DIVIDE

STARVIDEOCLUB | 5 juillet 2012 | Aucun commentaire

Titre originale : The Divide

Rating: ★☆☆☆☆
Origine : États-Unis/Angleterre
Réalisateur : Xavier Gens
Distribution : Michael Beihn, Lauren German, Milo Ventimiglia, Michael Eklund, Rosanna Arquette, Courtney B. Vance, Iván González, Ashton Holmes, Jennifer Blanc…
Genre : Horreur/Thriller
Date de sortie : 1er juin 2012 (DTV)

Le Pitch :
Une gigantesque explosion retentit en ville. Depuis les fenêtres de leur immeuble, des personnes arrivent à se réfugier dans la cave in extremis. Passé le choc de la déflagration, ils se rendent compte qu’ils risquent de rester un bon moment enfermés…

La Critique :
Xavier Gens n’est pas du genre à se compliquer la vie. Son The Divide n’est ainsi pas si différent de Frontière(s), un de ces précédents films. Et vu que Frontière(s) est bien nase, vous devinez ce qu’il en est de The Divide.

Les deux longs-métrages partagent entre autres ce goût du glauque bien cradingue. Xavier Gens chercher à choquer, car c’est bien connu, c’est comme cela qu’on fait un bon film d’horreur. Et pour choquer, il ne lésine pas. Une tendance symptomatique du cinéma français d’horreur qui joue la facilité. Du gore, du cul, un démontage en règle de la morale et des personnages écrits à la serpe assurent en théorie à une œuvre un potentiel certain. En théorie, car dans les faits, il n’en est rien. Et ici, comme souvent, c’est le script qui fait défaut.

The Divide prend néanmoins son temps avant de sombrer définitivement. Au début, quand les survivants de l’explosion se retrouvent cloitrés dans leur cave, l’ambiance est posée. Ils se demandent ce qui a bien pu se passer dehors et cherchent un moyen de sortir. Des types en combinaison débarquent et nos protagonistes pigent qu’ils sont détenus de force dans cet espace clos. Le décors est limité. On appelle cela un huis-clos. The Divide explore les effets de l’enfermement, de la peur et de la faim sur des personnages ordinaires. Un peu comme le film The Hole, de Nick Hamm. Avec beaucoup moins de pertinence cela va de soi (même si The Hole n’était pas non plus franchement folichon).

Tel un savant sadique observant ses souris de laboratoire, Xavier Gens filme la détresse de survivants dont les heures semblent comptées. Forcement, au bout d’un moment, des leaders se détachent. Michael Beihn dans un premier temps. Un acteur que l’on retrouve avec plaisir (c’est le seul qui tire son épingle du jeu) et qui a, par le passé, brillé dans des rôles bien burnés, notamment dans Terminator ou Aliens, Le Retour. Ce dernier, badass à souhait (avec un cigare fiché au coin de la tronche), est dans son territoire et c’est lui qui entend gérer la situation. La cave est en effet son fief, vu qu’il se trouve être le gardien de l’immeuble. Un peu raciste, brut de décoffrage et instable, Charlie, son personnage, est antipathique au possible, mais relativement bien interprété. Il y a aussi Rosanna Arquette qui revient, elle qui est habituée depuis une bonne dizaine d’années à cachetonner dans des navets de catégorie olympique (American Pie : Les Sex Commandements est un bon exemple). Elle joue ici une mère de famille qui va perdre sa fille, enlevée par les fameux hommes en combinaison. Et une fois la dite gamine hors cadre, le film peut tranquillement partir en vrille.

Le temps passe et d’autres leaders commencent à se détacher du lot. Milo Ventimiglia notamment, qui peut donner libre court à sa tendance à cabotiner en tordant la bouche comme il sait si bien le faire. Des meneurs qui perdent la tête hyper vite et qui décident de rationner la bouffe et de payer du rab à leurs colocataires en échange de faveurs graveleuses. Xavier Gens perd pied et se lâche comme un vieux bourrin. Dès lors, les personnalités changent et deux camps se forment. Les gentils et les méchants. Les gentils sont faibles et se terrent dans une peur sourde et les méchants font n’importe quoi. Rosanna Arquette notamment, qui passe du statut de mère éplorée à celui de nymphomane cougar, en un claquement de doigts. Elle subit les pires outrages, devient le jouet de ses nouveaux tortionnaires, se retrouve couverte de scotch et perd ses cheveux par poignées.
Les tortionnaires en question aussi d’ailleurs. Car dans The Divide, plus on est pourri et plus on morfle physiquement. Il faut bien identifier qui est mal intentionné et qui ne l’est pas non ? Plus le film avance et plus Milo et son pote Mickael Eklund se transforment en ersatz des cyber-punks de Mad Max. Ils chient à même le sol, picolent comme des trous, toussent du sang, puis finissent par se raser la tête et les sourcils tout en portant des robes. C’est un truc assez incroyable qui se déroule sous nos yeux. Le huis-clos part dans tous les sens et le rendu est tout sauf intéressant. Xavier Gens veut bien nous faire comprendre qu’il n’est pas là pour rigoler. Ça gicle bien et la crasse qui envahit les protagonistes et le décors d’apporter la touche finale.

Il s’en passe des trucs dans cette cave. On joue à action/vérité, on mange des abricots en boite et Rosanna Arquette n’a plus de tampax (un moment particulièrement pathétique). La pauvre doit regretter l’époque où elle battait la campagne avec Jean-Claude Van Damme dans Cavale sans Issue. Finalement, dans ce bordel sans nom, seul le personnage interprété par la jolie Lauren German semble ancré dans une logique qui tient à peu près debout. C’est du moins ce que l’on se dit avant que son personnage ne décide de péter un câble à son tour, quand vient le moment de clôturer cette œuvre pénible. Elle se met au diapason. C’est dommage, mais cohérent avec le reste. À l’instar de ses petits camarades, elle agit alors en dépit du bon sens. Xavier Gens s’en fout, car ce qu’il veut lui, c’est en mettre plein les yeux. Pas besoin de se bouffer le foie pour écrire un scénario qui tienne la route.

Gens qui a d’ailleurs produit La Horde. Et c’est étrange, car si The Divide reste bien en dessous de La Horde qualitativement parlant, les deux longs-métrages se terminent un peu de la même façon. Dans un grand n’importe quoi pseudo-contemplatif.

The Divide est donc un bien mauvais film, aux qualités aussi rares que relatives. Parmi ces dernières, on retiendra donc Michael Beihn, plutôt en forme, quelques mouvements de caméra plutôt habiles et des effets-spéciaux réalistes (contrairement aux maquillages).

Pour le reste, force est de reconnaître qu’ici, la violence ne sert qu’à nourrir une réflexion en carton qui se prend les pieds dans le tapis au bout d’une petit demi-heure. Et quand on voit que l’intrigue se finit dans les chiottes, on se dit, que la principale qualité de The Divide est d’avoir su habilement situer géographiquement sa conclusion.

@ Gilles Rolland

Crédits photos : ContentFilm International

Par Gilles Rolland le 5 juillet 2012

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