[Critique] THE WICKER MAN

STARVIDEOCLUB | 24 mars 2012 | 1 commentaire

Titre original : The Wicker Man

Rating: ★★★★½
Origine : Angleterre
Réalisateur : Robin Hardy
Distribution : Edward Woodward, Christopher Lee, Diane Cilento, Ingrid Pitt, Britt Ekland…
Genre : Épouvante
Date de sortie : 1973 (Première sortie en France : 10 janvier 2007 en DVD)

Le Pitch :
Un inspecteur britannique se rend sur une île de l’archipel des Hébrides, suite à la réception d’une lettre anonyme lui signalant la disparition d’une petite fille. Sur place, il se heurte au manque de coopération d’une population soumise à des croyances d’un autre âge…

La Critique :
Christopher Lee affirme volontiers que The Wicker Man est son meilleur film. Et il suffit de jeter un œil à la filmographie de ce grand monsieur pour se rendre compte de l’importance d’une telle déclaration. The Wicker Man est ainsi une œuvre importante. En Angleterre et ailleurs où le temps n’a cessé de lui conférer un statut de film culte, The Wicker Man est encore régulièrement cité, notamment dans la liste du Bristish Film Institute, où il demeure classé dans les cent plus grands long-métrages jamais produits au Royaume-Uni (à la 96ème position).

Sorti en pleine période pop, quelques années à peine après la séparation des Beatles, The Wicker Man se présente comme un film d’épouvante résolument à part. Jouant du contexte musical et idéologique de son époque, Robin Hardy injecte dans son œuvre la légèreté inhérente au champs lexical de la pop music et du rock and roll psychédélique et la paranoïa emblématique d’une certaine création cinématographique et télévisuelle. Notamment via la solitude tragique de son héros, finalement pas si loin de celui du Patrick McGohan, dans la série Le Prisonnier.

Horrifique, The Wicker Man l’est assurément, même s’il ne propose pas un spectacle particulièrement choquant, ni saignant. L’horreur est savamment suggérée et profondément psychologique. La tension, présente dès le départ, enfle au fur et à mesure que le héros progresse dans son enquête. Seul contre tous, Neil Howie, le personnage principal, est la brebis parmi les loups. Des loups aux allures d’agneaux qui exercent leur pouvoir de la plus étrange des façons. Loin de brandir des couteaux et de proférer des menaces à l’encontre de celui qui ne démord pas de retrouver la fillette qu’il recherche, les autochtones chantent et dansent, copulent dans les champs et cherchent progressivement à miner le moral d’un homme qui voit dans ces provocations autant de sacrilèges. Figure autoritaire pieuse, accrochée farouchement à son badge de sergent, le personnage central du film incarne la société traditionnelle britannique. C’est la monarchie qui part en croisade face à des sujets égarés. Même si au fond, ce n’est pas si simple.

Le héros de The Wicker Man est lâché au milieu d’une bande de fanatiques, adeptes des sacrifices humains. Le film interroge la foi et montre du doigt ses excès. En cela, il se montre impitoyable, notamment au travers d’un dénouement brutal. Chevalier vertueux, le personnage principal ne cède pas aux tentations de la chair, comme lors de cette scène où une sublime naïade le flatte à travers la cloison de sa chambre d’hôtel (naïade d’ailleurs incarnée par Britt Ekland, girlfriend notoire de Rod Stewart qui voulu retirer les copies du film du marché en s’apercevant que sa belle s’y dévoilait intégralement). Lui, de son côté, souffre face à ses pulsions mais ne cède pas. Et sans le savoir, il scelle son destin. Le long-métrage est impitoyable et propose un point de vue central dénué de pitié. De quoi inscrire The Wicker Man dans la grande tradition du cinéma horrifique des années 70. Un cinéma sans concession, relativement jusqu’au-boutiste et tout à fait raccord avec les idéologies et certains des codes de son temps. De quoi permettre aux œuvres de vieillir avec classe et de garder toute leur fraicheur, plusieurs décennies plus tard.

Néanmoins, le déroulement du film est résolument atypique. Le ton est enjoué, même si ce n’est là qu’une façade perfide. Parcouru de plusieurs passages musicaux, par ailleurs marqué par des chansons folk psychédéliques du plus bel effet, un peu dans la veine des compositions de Donovan ou de Billy Nichols, The Wicker Man ne s’attache pas à coller aux codes d’un genre en particulier. Un parti-pris qui permet non seulement à l’œuvre de se démarquer des autres cadors de la catégorie, mais qui apporte une tonalité plus complexe et dense que le simple postulat de départ n’aurait pu le laisser penser. Alors non, on ne sursaute pas. Par contre, le climat malsain et l’ambivalence transpirent un peu plus à chaque minute. Le cauchemar est immersif et dense et l’horreur profonde.

Un film culte qui a notamment tapé dans la rétine des métallurgistes d’Iron Maiden qui lui rendent en 2000, un vibrant hommage avec le morceau éponyme sur l’album Brave New World.

34 ans plus tard, Neil LaBute décidait de s’attaquer au remake de The Wicker Man. Pour cela, il s’offrit les services de Nicolas Cage, un acteur connu lui aussi pour son refus des conventions. Mais ceci est une autre histoire…

@ Gilles Rolland

Crédits photos : Studio Canal

Par Gilles Rolland le 24 mars 2012

Déposer un commentaire

S’abonner
Notification pour
guest
1 Commentaire
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
trackback

[…] List fait donc du pied, dans son dernier quart, à The Wicker Man, de Robin Hardy. On pense aussi à l’inédit produit par la Hammer, Wake Wood. Le […]