[Critique] THE WICKER MAN (remake)

STARVIDEOCLUB | 25 mars 2012 | Aucun commentaire

Titre original : The Wicker Man

Rating: ★★★☆☆
Origine : Canada/États-Unis/Allemagne
Réalisateur : Neil LaBute
Distribution : Nicolas Cage, Ellen Burstyn, Kate Beahan, Frances Conroy, Leelee Sobieski, Molly Parker, Diane Delano, Paul Becker, Christa Campbell, James Franco…
Genre : Épouvante
Date de sortie : 26 février 2008 (DTV)

Le Pitch :
Le jour où il reçoit une lettre de son ex-compagne l’informant que la petite fille de cette dernière est portée disparue, le policier Malus Edward décide de se rendre sur l’île où celle-ci réside. Une fois sur place, il se heurte très vite à une communauté essentiellement féminine, qui semble obéir à d’anciens rituels obscurs…

La Critique :
Remake du film éponyme réalisé par Robin Hardy et sorti en 1973, The Wicker Man est quasi unanimement considéré par la communauté cinéphile comme étant un grand navet. Nominé aux Razzies Awards en 2007 et sorti directement en vidéo chez nous, le film souffre d’une réputation catastrophique et fait les beaux jours de YouTube où plusieurs vidéos compilent les passages les plus ubuesques comme notamment ceux où Nicolas Cage se livre à une séance de karaté improvisée avec Leelee Sobieski. Un grand moment d’ailleurs, il faut le souligner !

Pour autant, si cette nouvelle version du grand classique des années 70 n’apporte rien et n’arrive à aucun moment à ne serait-ce qu’égaler son modèle, il est injuste de la fustiger à ce point.
Premièrement, il faut saluer les efforts de Neil LaBute et de son comédien (également co-producteur) Nicolas Cage d’avoir essayé de se démarquer de l’original. Conscients qu’ils s’attaquaient à un mythe du cinéma britannique les deux larrons ont tenu à apporter une touche très personnelle qui vient, à en croire Nic Cage, notamment des écrits d’Edgar Poe (et supposons-nous de Chuck Norris).

The Wicker Man se délocalise ainsi aux États-Unis, sur une île au large de Washington. L’île en question, si elle conserve son nom est placée sous l’autorité d’une communauté de femme. Ellen Burstyn remplaçant au pied levé Christopher Lee. Et ce ne sont plus les fruits et légumes que cultivent les habitants, mais le miel. Le reste est à peu près identique, le remake reprenant même plusieurs scènes de son illustre modèle, en apportant seulement que de menus changements.

Se voulant plus complexe dans sa narration, le remake de LaBute prend le temps de poser le décors, implantant à l’intrigue originale une histoire secondaire liée à un traumatisme subit par le héros. Alors que le long-métrage de Robin Hardy rentrait directement dans le vif du sujet, son remake tente de la jouer plus psychologique. En vain car la démarche nuit au propos principal. Le fait que le policier connaisse la mère de la gamine disparue pour l’avoir fréquentée et que ce dernier ne cesse de faire des parallèles entre un accident de la route auquel il a assisté et les évènements dont il est le témoin sur l’île ne sert à rien. De l’esbroufe qui rallonge le film, et qui encombre la force évocatrice du pitch original. Surtout quand elle remplace la réflexion théologique, quasiment absente ici. La démarche est foirée qu’on se le dise ! Mais peut-être conscient du fait qu’il y avait péril en la demeure, LaBute a tenu à jouer sur plusieurs tableaux. Et c’est tant mieux, car c’est précisément ceci qui confère à ce Wicker Man une aura résolument particulière.
The Wicker Man version 2007 va donc complètement au bout de sa démarche borderline, quitte à allègrement dépasser la ligne jaune à maintes reprises.

Passé une introduction plutôt calme où Cage mène l’enquête à grand renfort de froncements de sourcils et d’airs interrogateurs, les choses ne tardent pas à s’affoler. Face à la l’étrangeté des mœurs des habitants de l’île où, rappelons-le, Nicolas cherche une fillette disparue, l’acteur n’y va pas par quatre chemins et fait parler ses phalanges (le Nic Cage’s show peut débuter pour la grande joie de ses fans). S’ensuit alors un déferlement bordélique et hilarant qui, quitte à ruiner l’ambiance un poil oppressante que le film était laborieusement parvenu à instaurer, déclenche un regain d’intérêt chez le spectateur déviant et moult fous rires .

Nicolas Cage bastonne alors les habitantes de l’île qu’il croise. Avec la légèreté qu’on lui connait, il rentre dans le lard de la maitresse de maison de l’auberge, balance un front kick à Leelee Sobieski, vole un vélo à une paysanne, se déguise en ours et balance une gigantesque baffe à une autre autochtone, avant de péter littéralement un câble face à la tournure tragique que prennent les évènements. Et en plus, son personnage est allergique aux piqures d’abeilles. Ce qui, quand on se ballade sur une île dédiée à la culture du miel, peut s’avérer gênant.

The Wicker Man est donc très loin de l’ambivalence et de l’originalité du classique dont il s’inspire. Pas réellement mauvais pour autant (car suffisamment déviant), le film doit s’entrevoir comme la tentative burnée d’une paire de francs-tireurs un peu astiqués du bulbe, de vouloir marcher dans les ornières d’un cinéma décomplexé, qui s’assume comme tel. Visuellement réussi, parfois étrangement immersif, le film se trimballe un paquet de casseroles car il revisite un monument. Une parenté lourde à porter quand on fait le choix de s’en éloigner pour verser dans la gaudriole festive et bucolique.
Alors oui, The Wicker Man est peut-être un navet ! Mais un navet qui a du caractère. Et le caractère, c’est ce qui fait toute la différence !

@ Gilles Rolland

 

Crédits photos : Lionsgate

Par Gilles Rolland le 25 mars 2012

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