[Critique] TRAQUE SUR INTERNET

Titre original : The Net
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Irwin Winkler
Distribution : Sandra Bullock, Jeremy Northam, Dennis Miller, Diane Baker, Wendy Gazelle, Margo Winkler, Ken Howard…
Genre : Thriller
Date de sortie : 18 octobre 1995
Le Pitch :
Angela Bennett ne sort pas beaucoup. Ses amis sont pour la plupart virtuels et sa vie se limite à son travail d’analyste web. Du moins jusqu’au jour où elle se retrouve au cœur d’une terrible machination orchestrée par un groupe de cyber-terroristes. Une course poursuite s’engage alors pour la jeune femme…
La Critique :
En 1995, lorsque Traque sur internet fait son entrée dans les salles obscures, Facebook n’existe pas. On ne télécharge pas en masse, l’industrie du disque se porte comme une fleur, celle du cinéma aussi et finalement, internet en est à ses balbutiements. En 1995, c’est le Minitel qui squatte encore les foyers français et seuls les plus aisés sont connectés au web.
Un contexte qui fait probablement de Traque sur internet un film d’anticipation.
À plus forte raison quand on le revoit aujourd’hui. Sous ses aspects de Fugitif 2.0 et passés les sourires provoqués par les interfaces préhistoriques des programmes présentés dans le film et par le look des ordinateurs, Traque sur internet laisse apparaitre son caractère visionnaire. Pas au point de le ranger aux côtés de 1984 d’Orwell mais tout de même, il y a un peu de cela.
Lorsqu’ils écrivent le scénario du film, John D. Brancato et Michael Ferris imaginent les dangers qu’un outil comme internet peut engendrer. Les risques apparaissent alors comme évidents.
Le long-métrage traite de l’isolement qu’internet peut provoquer, de la libre circulation d’informations privées et bien sûr de la paranoïa qu’il inspire. En épinglant gentiment au passage les acteurs de l’industrie informatique du moment comme Bill Gates, qui partage avec le grand méchant du film une vague ressemblance physique, le long métrage de Winkler saupoudre son intrigue d’une dose homéopathique de subversion sage. Une approche qui a trouvé dans l’avenir un bel écho et qui confère au film un statut qui lui permet de transcender sa forme très conventionnelle.
Car bien sûr, Traque sur internet n’est pas un thriller de haut-vol. Basique dans sa construction narrative, il est tout aussi prévisible et ne bénéficie pas d’une mise en scène très originale. Les vieilles recettes sont juste transposées dans un contexte un poil futuriste et les personnages finalement très classiques. Ainsi, le méchant, incarné par Jeremy Northam, s’inscrit dans une tradition ancestrale, tout comme la douce héroïne pleine de ressources campée par Sandra Bullock. Une actrice alors en pleine ascension, encore sous le coup des succès successifs de Demolition Man et de Speed, et proclamée petite fiancée de l’Amérique par le public.
Depuis la sortie de Traque sur internet des bits ont coulé sous les serveurs (arf) et Sandra Bullock a connu des hauts des bas. Internet est devenu incontournable, Facebook domine le monde et les Anonymous font la pluie et le beau temps sur le réseau. De quoi offrir à ce modeste mais néanmoins sympathique thriller un éclairage nouveau et de se rappeler sans nostalgie aucune, du chant douceâtre du modem essayant laborieusement de se connecter au net.
@ Gilles Rolland