[Critique] TWILIGHT – CHAPITRE 1 : FASCINATION

STARVIDEOCLUB | 14 avril 2012 | Aucun commentaire

Titre original : Twilight

Rating: ★½☆☆☆
Origine : États-Unis
Réalisation : Catherine Hardwicke
Distribution : Kristen Stewart, Robert Pattinson, Billy Burke, Taylor Lautner…
Genre : Romance/Fantastique/Adaptation
Date de sortie : 7 janvier 2009

Le Pitch :
Isabella Swan vient de débarquer à Forks, une petite ville perdue de l’état de Washington. Elle fait vite la connaissance de l’étrange et envoutant Edward Cullen, dont elle tombe amoureuse. Lorsqu’elle apprend que ce dernier est un vampire, il est déjà trop tard…

La Critique :
La meilleure façon de décrire Twilight en tant que phénomène culturel serait de le comparer à un astéroïde sur le point de s’écraser sur Terre. Beaucoup auront la réaction de s’enfuir en hurlant, mais d’autres accepteront la fatalité d’un impact inévitable avec une révérence extasiée. Twilight signifie « crépuscule » en anglais, au fait. Retenez le bien, car ça ne vous servira à rien en regardant le film.
La série de romans écrite par Stéphanie Meyer doit son succès à une fusion improbable entre deux sous-genres douteux : la formule basique des histoires d’amour teenager et l’érotisme vampirique.
Résultat : une saga qui a séduit des millions d’adolescent(es) avec une hystérie pas vue depuis Harry Potter. Maintenant, Twilight accueille ses fans avec une adaptation sur grand écran, afin qu’ils puissent apprécier le coup de foudre d’une étudiante pour un prédateur violent et bipolaire. Tant pis pour les novices : ce film est uniquement pour les fans. Les non-initiés n’auront qu’à aller chercher ailleurs.

Ceci dit, aller chercher ailleurs est une très bonne idée en ce qui concerne ce premier chapitre de la saga Twilight. Quoi qu’on puisse dire, l’esprit des romans est retranscrit à merveille sur l’écran, mais c’est peut être le seul honneur qu’on puisse attribuer au film. Et même cet honneur ne le sauve pas de la noyade. Après l’échec qu’était La Nativité et deux fiascos créatifs (Thirteen et Les Seigneurs de Dogtown), Catherine Hardwicke a la lourde charge d’adapter le premier roman de Stéphanie Meyer, et se montre ici coupable d’une incompétence choquante avec un long-métrage incohérent, auto-indulgent et prétentieux au point d’en devenir risible.
L’histoire est presque la même que celles des téléfilms mélodramatiques pour ados qu’on a déjà vu maintes fois. Kristen Stewart joue Bella Swan, la nouvelle venue dans une ville à la météo la plus pourrie d’Amérique. Elle fait la rencontre du beau-gosse du coin, cinq minutes après s’être fait de nouveaux amis. Amis qui répondent à la sélection obligatoire des minorités ethniques du lycée. Il y a aussi des amérindiens qui sont supposés être des loups-garous…

Robert Pattinson (qui selon les avis a laissé une bonne impression ou pas avec son rôle de Cédric Diggory dans Harry Potter et la Coupe de Feu) se retrouve dans la peau de Edward Cullen, un vampire perpétuellement en phase d’adolescence, doté de pouvoirs surnaturels (une force à égaler celle d’Hercule, une rapidité incroyable et la capacité de grimper aux arbres). Donc Edward est Superman. Ou Spider-Man. Franchement, c’est la seule excuse qu’on pourrait donner aux abrutis qui habitent Forks, une ville aux habitants tellement débiles que seulement Springfield pourrait les égaler.

Par ailleurs, Edward fait partie de toute une famille de gentils vampires, dont la stratégie pour éviter de se faire repérer dans le monde humain est de vivre parmi une population d’imbéciles. Tout le monde connaît les Cullen : ce sont ceux qui ressemblent, parlent et agissent exactement comme l’archétype du vampire qu’ils sont. Tout le monde remarque qu’ils sèchent les cours quand il fait beau, qu’ils ne mangent pas et ne boivent rien. Mais seulement, Bella a l’intelligence de deviner leur vraie nature. Et elle le fait après une enquête qui a du lui coûter beaucoup d’efforts et de réflexion, car l’illumination vient de ses recherches sur un outil indispensable : internet. Sérieusement, même Google devrait faire l’effort de la secouer un peu. Elle n’avait pas besoin de chercher loin – les Cullens portent limite des T-shirts « Je suis un vampire ».

Mais quelle est donc la réaction de Bella, quand elle fait cette découvre et se voit confrontée à un beau-gosse morne, autocentré, physiquement dangereux, verbalement abusif mais à l’esprit soi-disant torturé ? Et bien, elle fait ce que font toutes les filles de son âge : elle lui déclare immédiatement son amour éternel et sacrifie toute son individualité pour se dévouer à une relation co-dépendante. Pas de quoi s’étonner : on a déjà vu ce genre de chose dans Grease, L’Equipée Sauvage et La Fureur de Vivre. C’est peut être le seul élément réaliste dans tout le film. Et après, on est surpris de voir autant de personnes cyniques vis à vis l’amour. Flash spécial : dans la vraie vie, des gars comme ça ne sont pas des êtres magiques. Ce sont juste des connards.

Et c’est ici qu’on rentre dans le vif du sujet. Allez, honnêtement, c’est quoi Twilight, en somme ? C’est une métaphore rallongée et très indiscrète de l’abstinence sexuelle : vous voyez,  Edward et Bella veulent s’envoyer en l’air comme Vlad et Mina, mais, oh, c’est dangereux ! Il pourrait s’exciter et il pourrait la mordre ! Et si elle se fait mordre, c’est pour toujours ! Y a pas de retour en arrière ! C’est mieux d’attendre. Et vous avez vu comme c’est génial et honorable ?!
Subtil, hein ? On vit certainement dans un monde étrange quand la soi-disant plus grande saga littéraire de la planète peut être apparemment résumée avec les mots « Mormone », « Vampire », et « Abstinence ». Le pire, c’est que c’est même pas sûr que la métaphore morale tienne la route. Aucune décision n’est faite par le couple dans le film, ni par l’un, ni par l’autre. Edward passe tout son temps à faire la gueule jusqu’à ce que l’un des méchants les plus pourris du cinéma fasse son apparition pour lui donner une excuse de se défouler. Bella, elle, a le cafard en boucle et supplie qu’on lui arrache la gorge afin qu’elle fasse partie des enfants de la nuit. Évidemment, nous le savons tous, il n’y a pas de meilleur moment que notre adolescence pour faire des choix qui pourraient nous changer la vie à jamais, surtout quand on est bourré(e) d’hormones.

Oublions le mauvais scénario, les jeux d’acteurs pathétiques, les dialogues risibles, le moralisme flagrant et le fait qu’il est tout simplement profondément débile ; le plus grand crime de Twilight – Chapitre 1 : Fascination est de provoquer l’ennui. Du début soporifique à la fin somnolente, en 122 minutes somnifères, rien ne se passe. Rien du tout. Edward et Bella enchaînent les conversations inintéressantes, puis les méchants à deux balles débarquent à l’écran et c’est fini. Et quand un spectateur s’ennuie, il s’endort, ou il se pose des questions bien plus intéressantes que le film. Comment – par exemple – Edward (qui est censé être beau gosse mais ressemble plus à un mime raté ou à un junkie accro à l’héroïne) réussit-il à perfectionner son look, y compris son visage maquillé et sa coiffure d’Elvis, sans pouvoir se voir dans un miroir ? Car les vampires n’ont pas de reflet, n’est-ce pas ?

Parlons-en, des vampires, pour finir. Ici, le film joue la carte de « Tout ce qu’on savait à propos des vampires est faux » (vous vous souvenez de la dernière fois qu’un film de vampires a suivi les règles classiques, par hasard ?). Mais pour le dire gentiment, Twilight crache au visage du mythe éternel des vampires, « enlevant » des éléments et « ajoutant » ses propres contributions. Tout ce qui rendait les vampires terrifiants ou intéressants est jeté aux orties.
Ainsi, les vampires ne se transforment pas en chauve-souris, ne deviennent pas invisibles, ne dorment pas dans des cercueils, n’ont pas de dents pointues, ne sont pas allergiques à l’ail et ne sont pas sensibles aux pieux. A la place, ils aiment jouer au baseball, mais ils doivent le faire pendant des orages pour pas qu’on entende leurs coups de batte. Et au lieu de se changer en pierre ou brûler au soleil, ils brillent. Non, vraiment.

Le monde n’est plus le même. Est-ce trop tard pour dire que Joss Whedon est un génie ? On est d’accord, tout le monde n’était pas à la fête avec Buffy, mais on pourrait peut être lui pardonner, après avoir vu Twilight. Twilight qui démontre à quoi ressemble un film de vampires quand il est signé par des gens qui ont pas la moindre idée de ce qu’ils font. Pour preuve, pas besoin de se creuser les méninges. Prenons cette scène (fameuse) où Edward dévoile sa vraie nature à Bella, tandis que sa peau de paillettes scintille au soleil. Bella affirme que c’est la plus belle chose qu’elle ait jamais vue. Alors que ça ressemble plutôt à Dracula dans une pub pour Mr. Propre. Qui aurait cru que Wesley Snipes nous manquerait tant ?

@ Daniel Rawnsley

Crédits photos : Summit Entertainment

Par Daniel Rawnsley le 14 avril 2012

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