[Critique] WESLEY WILLIS’S JOYRIDE

EVENTS L'ÉTRANGE FESTIVAL 2013 STARVIDEOCLUB | 24 septembre 2013 | Aucun commentaire
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Titre original : Wesley Willis’s Joyride

Rating: ★★★★☆
Origine : France
Réalisateur : Chris Bagley
Distribution : Wesley Willis, Chris Bagley, Kim Shively…
Genre : Documentaire/Musique
Date de sortie : disponible en ligne sur YouTube (voir en bas de page)

Le Pitch :
Compositeur prolifique de prés de cinquante albums en moins de sept ans et brillant dessinateur, Wesley Willis était un artiste hors norme. Wesley Willis’s Joyrides vous propose de revenir sur les événements marquants de son incroyable vie.

La Critique :
Présenté dans le cadre de la sélection Jello Biafra, c’est le patron du punk lui-même qui est venu se coller à la tache de la présentation de Wesley Willis’s Joyrides et qui s’est même fendu d’un bon quart d’heure de débat après le film, tant il était désireux de nous en dire davantage sur ce musicien hors norme. Encore attaché à celui qui était son ami, Biafra ne manque pas une occasion de rendre hommage à la fois à l’artiste mais aussi à l’homme. Un homme qui avait un appétit de vivre absolument incroyable quand on sait les souffrances qu’il a du endurer toute sa vie.
Au départ, c’est via son label Alternative Tentacles que Jello Biafra à fait la connaissance de Willis. Impressionné par le caractère étrange et singulier de la musique du colosse (Willis mesurait deux mètres et pesait plus de 150 kilos), il l’est encore plus par sa personnalité.
Diagnostiqué schizophrène dès ses 20 ans, Willis voit, goute et entend le monde à sa manière. Malgré la gravité des troubles qui l’atteignent, il n’est pas un individu violent et ne sera jamais emprisonné pour quelques motifs que ce soit…et ce n’était pas forcément gagné quand on voit d’où il est parti.

Originaire d’un des ghettos les plus durs de Chicago, Willis a été abandonné à la naissance par son père biologique. Alcoolique, la mère de Wesley a jeté son dévolu sur un homme plus présent au domicile mais dépravé, alcoolique et violent.
Ce cruel beau-père martyrisera et brutalisera Wesley et ses frères jusqu’à provoquer un éclatement total du cocon familial, les services sociaux séparant pour des raisons vitales les enfants du couple infernal (interrogés dans le documentaire, certains des frères de Wesley portent les stigmates psychologiques des violences qu’ils ont reçu).
Jeune adulte, Wesley commence à souffrir de problèmes psychologiques : il entend des voix dans sa tête et se sent persécuté. Le diagnostic est alors sans appel : il est atteint de schizophrénie et devra prendre un lourd traitement jusqu’à la fin de ses jours ( les médicaments n’arriveront d’ailleurs pas à gommer ce qu’il appelait « les voix des démons » qui lui criaient dans sa tête).
Malgré cette pathologie envahissante qui le dévore, Wesley Willis reste un amoureux de la vie. Passionné de dessin, il passe de longues heures à dessiner les rues du Perif’ de son quartier et se sert de son bagou singulier pour les vendre avec succès aux nombreux passants.
Très doué pour les perspectives et la mémorisation des chiffres, Wesley est étrange mais d’un abord très facile. Passionné de musique et plus particulièrement de rock (on le voit à un moment acheter Don’t Break the Oath de Mercyful Fate), il intègre son premier groupe de punk/metal appelé Wesley Willis Fiasco. L’aventure durera pendant plusieurs années avant que Wesley ne découvre la magie des synthétiseurs et ne finissent par saborder lui-même son premier groupe.

Désormais artiste solo, il se renseigne vite fait bien vite sur les programmations des synthés et commence alors sa boulimie de composition. Toutes basées sur le même schéma, ses chansons se découpent toujours avec un premier couplet de quatre phrases, un refrain où il répète le titre quatre fois, un pont où il ne se passe rien, un dernier couplet/refrain et puis un slogan de pub original.
Si la formule peut apparaitre rébarbative, ce sont les textes qui font toutes la différentes. Des tubes comme Rock n’roll Mac Donald’s, I Wupped Batman’s Ass (J’ai botté le cul de Batman) ou encore Horse Bit Me sont d’une telle innocence et d’une telle naïveté qu’ils en sont terriblement touchants. Malgré une simplicité apparente, le bougre composait de bons instrus et a su au fur et à mesure travailler ses textes pour les rendre tour à tour comiques puis incisifs, entraînants puis choquants. Il faut dire qu’avec plus de 50 albums, il aura eu le temps de se faire la main (ses propres ont d’ailleurs déclaré il y a peu qu’il reste une quantité pharaonique d’enregistrements jamais publiés par Willis qui sont restés dans les tiroirs).
En cherchant davantage, je me suis aperçu que le bougre avait écrit des chansons sur Bolt Thrower, Morbid Angel ou Fugazi…des groupes quand même assez éloignés de la musique grand public. Preuve que Willis était un mélomane connaisseur des scènes rock alternatives.

Si vous avez l’impression que je vous ai beaucoup parlé de Willis, n’ayez pas peur, il vous reste quantité de choses à découvrir sur ce personnage. Je ne vous ai ici fait qu’une petite bio, et ces quelques mots ne sont pas en mesure de vous traduire ce que l’on peut ressentir en voyant ce documentaire vraiment incroyable. Car malgré sa maladie et la souffrance qui le rongeait, Wesley Willis a su transcender sa maladie, composer avec son obésité, quitter le ghetto où il était né et s’enfuir de l’enfer familial dont il a réussi à s’extirper…de sacrés exploits quand on sait les difficultés qui étaient les siennes ! Pourtant, malgré les voix dans sa tête, les tournées interminables et les souffrances manifestes, jamais il ne cède à la violence, à la haine où l’animosité. Il essaye comme il dit de faire « du rock comme une rock star tout en restant éloigné des ennuis ».
Émouvant, plein d’humanité et de sourires, ce documentaire ne cache rien des difficultés qui ont été celles du musicien…mais il montre combien il a eu à cœur d’essayer de les contourner. Wesley Willis’s Joyrides est un documentaire précieux et rare. Un de ceux qui fait du bien au cœur et que l’on n’oublie pas. Je vous souhaite très sincèrement, chers lecteurs, d’avoir la chance de le voir un jour.

@ Pamalach

Si vous maîtrisez la langue de Shakespeare, vous pouvez découvrir le film légalement sur YouTube :

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Par Pamalach le 24 septembre 2013

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