[Critique] LES SUFFRAGETTES

STARVIDEOCLUB | 8 mars 2016 | Aucun commentaire

Titre original : Suffragette

Rating: ★★★½☆
Origine : Royaume-Uni
Réalisatrice : Sarah Gavron
Distribution : Carey Mulligan, Helena Bonham Carter, Meryl Streep, Ben Wishaw, Brendan Gleeson, Romola Garai, Anne-Marie Duff, Samuel West…
Genre : Drame
Date de sortie : 18 novembre 2015

Le Pitch :
Angleterre, 1912. Maud Watts, une jeune ouvrière travaillant dans une blanchisserie, s’intéresse aux idées de la Women Social and Political Union, un mouvement féministe qui promeut le droit de vote des femmes. Du fait de sa condition, elle est sensible au message porté par le leader du mouvement, la célèbre Emmeline Pankhurst. Elle va ainsi s’engager à ses côtés dans un dangereux bras de fer avec les autorités et le gouvernement…

La Critique :
Les droits des femmes sont l’un des aspects les plus importants des évolutions sociales. On serait tenté de dire que le XXème siècle est le premier a avoir vu émerger ce genre de combats, mais, aussi loin que l’on remonte, il y a toujours eu des femmes pour s’élever et affirmer leur importance dans nos société patriarcales : Olympe de Gouges, Bouddhica, Louise Michel… Toutes ont su porter des grands combats et marquer les esprits de par leur combativité. Les suffragettes britanniques ont parfaitement incarné cet esprit dans nos sociétés « démocratiques » (oui, parce que quand plus de la moitié de la population adulte ne peut pas voter, on peut difficilement employer ce mot). Fondée en 1903 par Emmeline Pankhurst et sa fille Christabel, la WSPU est donc un mouvement essentiel dans la vie politique britannique. Ce film se focalise donc sur les années 1912-1913, décisives pour le mouvement.

Les-Suffragettes-Meryl-Streep

On y suit donc l’initiation de Maud, qui va progressivement basculer dans la lutte politique et s’affirmer suffragette alors même qu’un tel engagement est profondément risqué au vu du traitement qui était réservé à ces dames par le gouvernement… Le gros point fort de la troisième réalisation de Sarah Gavron est aussi son point faible. Le mélange des échelles entre d’un côté les trajectoires individuelles d’un groupe de militantes et celle, beaucoup plus vaste, du mouvement dans son ensemble est à la fois efficace et bancal. Efficace car il permet de bien comprendre la vie quotidienne d’une femme du peuple à l’époque (abus d’autorité, absence de droits concernant ses enfants…) mais bancal car il y a un sentiment d’inabouti. On suit des individus qui, si ils sont très bien caractérisés et incarnés avec brio et émotion par une très beau casting (Carey Mulligan est splendide et Brendan Gleeson plus humain qu’il n’y paraît) ils finissent par se fondre dans la vue d’ensemble de manière un peu trop forcée. Ce qui est d’autant plus dommage que le scénario est l’œuvre d’Abi Morgan, déjà responsable du très élégant Shame. Passé cette légère entorse, le film est particulièrement intéressant.

Tout d’abord, il se focalise sur une partie méconnue (en tout cas en France) de l’histoire britannique, cette lutte, étalée sur près de vingt ans (le droit de vote des femmes est finalement obtenu en 1918, soit près de vingt ans avant la France…). On y apprend surtout la brutalité de la répression dont les suffragettes furent victimes, ce qui est assez choquant (alimentation forcée, détenues sans vêtements…) On réalise alors à quel point ce que l’on considère pour acquis ne l’a pas toujours été et a nécessité de grands engagements et sacrifices… En ce sens, il s’agit d’un film nécessaire, car ce genre de combats est toujours d’actualité dans certaines régions du monde et que les droits durement acquis peuvent très bien disparaître du jour au lendemain dans nos propres pays…

Sur la forme, on a droit à un film assez académique dans sa mise en scène, ce qui nous fait regretter le manque d’originalité. La reconstitution est très belle, il s’agit d’ailleurs du premier film qui a pu être tourné au sein du Parlement britannique, les décors sont donc très réussis, tout comme les costumes. On a droit à un joli score du désormais inévitable Alexandre Desplat, qui fait le job mais sans rester dans les annales. Les dialogues, quant à eux, sont un des gros points forts du film, bien écrits, efficaces sans pour autant paraître artificiels. On sent donc une grande sincérité, tant dans le propos que la forme, une volonté de partager et de rendre accessible au plus grand nombre cette histoire terrible.

On peut certes reprocher deux trois petites choses à ce film, mais on ne peut que reconnaître son importance et la nécessité de le voir ne serait-ce que parce qu’il s’agit d’un cas unique sur le sujet. Les réflexions (notamment sur l’usage de la force lorsque l’on milite pour une cause) qu’il soulève sont profondes et intéressantes, toujours d’une actualité brûlante…Une œuvre édifiante, à défaut d’être parfaite. Mais qui peut prétendre à la perfection ?

@ Sacha Lopez

Les-Suffragettes-Carey-Mulligan  Crédits photos : Pathé

Par Sacha Lopez le 8 mars 2016

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