[Critique] CHEVAL DE GUERRE

CRITIQUES | 22 février 2012 | 8 commentaires

Titre original : War Horse

Rating: ★★★★★
Origine : États-Unis
Réalisateur : Steven Spielberg
Distribution : Jeremy Irvine, EmilyWatson, Peter Mulan, David Thewlis, Niels Arestrup, Tom Hiddleston, Benedict Cumberbatch, Toby Kebbell, Céline Buckens…
Drame : Guerre/Aventure
Date de sortie : 22 février 2012

Le Pitch :
Unis par une solide amitié, Albert, un jeune fermier du Devon en Angleterre et Joey, son cheval, se trouvent pourtant séparés quand la Premier Guerre Mondiale débute. Lorsqu’il voit son cheval partir pour la guerre, Albert n’a qu’un seul objectif : le retrouver au plus vite… Entre temps, Joey croisera une galerie de personnages que son caractère exceptionnel ne laissera pas indifférents.

La Critique :
Que ce soit clair : Cheval de Guerre est un film prodigieux. Steven Spielberg renoue avec les thématiques puissantes qui ont contribué à bâtir sa légende. Ceux qui avaient été déçu par la démonstration de force un poil creuse de Tintin et qui avaient renié le quatrième volet des aventures d’Indiana Jones devraient jubiler. Le Spielberg de E.T., de A.I., ou de Il faut sauver le Soldat Ryan est de retour. Son dernier film est un monument d’émotion inoubliable. Un pamphlet doux-amer sur l’amitié qui se paye le luxe d’ offrir un brillant sous-propos sur la mort, la vie, la joie, l’espoir et le courage. Une véritable leçon de vie qui ne laissera indifférents que les cyniques, qui voient déjà ici que la simple histoire d’un canasson. On reproche ainsi à Spielberg d’offrir avec Cheval de Guerre une vision simpliste d’un sujet grave, en l’occurrence la guerre. De s’intéresser au destin d’un animal quand, à côté, des milliers d’hommes trouvent la mort dans des conditions atroces.

Les autres, ceux qui savent lire entre les lignes et qui ont une pompe aortique en état de marche, verront rapidement qu’il n’en est rien. Spielberg offre un spectacle redoutable. Redoutable car il raconte la guerre à travers le prisme d’une créature innocente amenée à rencontrer des personnes programmées pour s’entretuer sur le champs de bataille. Joey, le cheval, traine ses sabots aux côtés des soldats, touche par son caractère exceptionnel et par son appétit de vie insatiable, ne laisse personne indifférent et finit par se faire le miroir d’émotions terriblement humaines et universelles.

Joey traverse la guerre, non sans mal, observe un monde plein de contradictions (la scène du no man’s land est en cela particulièrement probante) et de violence. Lui et ses congénères combattent aux côtés des hommes et en payent le même prix. Spielberg illustre les pertes des deux côtés. Animaux et humains souffrent et meurent ensemble. Les premiers ne savent pas pourquoi, les seconds ne font qu’obéir. Cheval de Guerre raconte la guerre d’une manière bien plus complexe et profonde qu’il n’y paraît. Il faut voir dans le regard fatigué mais déterminé de Joey, lors d’une séquence déchirante, le reflet de la folie des hommes. Ode à la fidélité et à la loyauté, le long-métrage est un vrai conte à l’ancienne. Spielberg marche sur les traces des grandes légendes du cinéma, John Ford en premier. Il distille une émotion terrassante avec la finesse d’un grand maitre. Son toucher est intact et impressionne toujours. Depuis ses débuts, à bord d’une bagnole poursuivie par un poids lourds (Duel), le réalisateur s’est tissé une toile complexe, qui mélange les thèmes forts. Il rebondit, prend des risques et ne se repose jamais sur ses acquis. Y-compris ici, avec Cheval de Guerre qui est certainement l’un des plus beaux chapitres de sa carrière.

Pour toutes les raisons précités mais pas seulement.

Car Cheval de Guerre est en effet une prouesse technique totale. Démonstration de force d’un cinéaste en pleine possession de ses moyens, le long-métrage est d’un beauté hallucinante, du début à la fin. Des contrées verdoyantes du Devon aux no mans lands des champs de bataille, la caméra de Spielberg offre des plans hallucinants, où le génie du directeur de la photographie Janusz Kaminski fait des merveilles. Le montage, parfait, rend justice à la palette d’émotions que déploie le film et certaines séquences (dont probablement la plus marquante, à savoir celle où Joey parcours un paysage ravagé par le combat) devraient marquer durablement les esprits. À elles seules, les vignettes qui défilent ont de quoi filer la chair de poule. Jusqu’à l’ultime scène, véritablement sublime, qui offre à Cheval de Guerre une conclusion à la hauteur de son lyrisme.

De quoi habiter les esprits longtemps après que les lumières de la salle se soient rallumées. Cheval de Guerre est de ces films que l’on oublie pas. Un chef-d’œuvre au souffle et la poésie probante.
Un film qui bénéficie en outre de la somme impressionnante des sensibilités de ses acteurs. De Jeremy Irvine, figure héroïque pure, à Neils Arestrup, touchant à plus d’un titre, notamment lorsqu’il parle du courage à sa petite fille, la distribution de Cheval de Guerre rend justice au travail de Spielberg et de ses artisans géniaux. Avec une mention pour Joey, le prodigieux cheval vedette (et même si la production a fait appel à pleutreries canassons), incroyablement bien dressé. Tous sont touchés par la grâce. Nous y-compris.

Bruno Matéï a également été séduit (le mot est faible) par Cheval de Guerre. Vous pouvez retrouver sa critique sur son excellent blog en cliquant ici !

@ Gilles Rolland

 

Crédits Photos : Dreamworks

Par Gilles Rolland le 22 février 2012

Déposer un commentaire

S’abonner
Notification pour
guest
8 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Blackpearl4
Blackpearl4
12 années il y a

Bien belle critique, vraiment hâte de le voir. Je n’ai pas vraiment pour habitude de lire les critiques avant d’allé voir moi mm et mes yeux le film, mais la description que tu en fait met l’eau à la bouche et comme tt fan de Spielberg, j’avais vraiment hâte de le visionner!! Je tiens à rajouter que la critique de Bruno Matéi était excellent aussi…. Continuez les gars, je me régale….

hippocampestudio
Administrateur
12 années il y a
Répondre à  Blackpearl4

Merci beaucoup Blackpearl4 ! Vraiment merci ! J’ai également transmis à l’ami Bruno 🙂

trackback

[…] Finissons en remerciant John Williams, qui a gentiment (et peut-être involontairement) orchestré la cérémonie, avec son récent et superbe thème composé pour le dernier chef-d’œuvre de Spielberg, Cheval de guerre. […]

trackback

[…] The Artist THE DESCENDANTS Extrêmement fort & Incroyablement près La Couleur des Sentiments Hugo Cabret Midnight in Paris Le Stratège The Tree of Life Cheval de Guerre […]

Airzebeth
Airzebeth
12 années il y a

Megafan de Spielberg, j’étais pas tentée par celui-la ben tu mas donné grave envie !

hippocampestudio
Administrateur
12 années il y a
Répondre à  Airzebeth

Merci !!!
En fait, si tu aimes Spielberg ET les animaux, ce film est un pur bijou d’émotion. De plus, c’est visuellement superbe de bout en bout.

hoblingre
hoblingre
12 années il y a

Comme le dit justement Gilles, Spielberg renoue avec la grande tradition hollywoodienne marchant sur les traces de John Ford (personnages truculents, esprit de communauté, plans de collines en contre plongée, utilisation de chromo digne de “la charge héroique..etc). D’ailleurs son futur biopic sur Lincoln en est une preuve (revoir “vers sa destinée” de Ford.

Le film ayant démarrer plus que mollement, il faut pousser vos proches à se rendre rapidement en salle.

trackback

[…] la sauvagerie de films comme Il faut sauver le soldat Ryan, Cheval de guerre ou Tu ne tueras point et Lettres d’Iwo Jima, mais avec une sensibilité européenne qui […]