[Critique] LOVE

STARVIDEOCLUB | 5 janvier 2016 | Aucun commentaire
Love-poster

Rating: ★★★★☆

Origines : France/Belgique
Réalisateur : Gaspar Noé
Distribution : Karl Glusman, Aomi Muyock, Klara Kristin, Ugo Fox, Aron Pages, Vincent Maraval…
Genre : Drame
Date de sortie : 15 juillet 2015

Le Pitch :
Appelé par la mère de son ex copine, qui s’inquiète quant à sa disparition, Murphy est préoccupé et se remémore son histoire tumultueuse avec cette dernière. Une histoire d’amour faite d’excès en tous genres. Entouré de son enfant et sa compagne qu’il n’est même pas sûr d’aimer, Murphy se demande si il n’a pas fait une monumentale erreur…

La Critique :
Projeté à Cannes en 2015, le dernier Gaspar Noé a été LE scandale du Festival. Un scandale qui pose la question de la classification des films et qui s’avère être également un véritable casse-tête juridique en raison d’une faille dans laquelle une association extrémiste s’est engouffrée en se jurant de faire la guerre à certains films, ce qui a débouché à une annulation de son visa d’exploitation et sa reclassification en septembre, passant de l’interdiction aux moins de 16 ans à l’interdiction aux mineurs, sans toutefois passer par la classification X. Une décision qui devrait entrainer une réforme de la commission de classification. Le flou qui entoure la classification est fruit d’un débat vieux de plusieurs décennies sur la représentation du sexe au cinéma. Si on se fie au texte pur et simple, à partir du moment où l’on montre des rapports non simulés à l’écran, on entre au minimum dans la classification érotique. Si ces rapports sont montrés de manière explicite, on entre dans le classé X. Mais dans les faits, c’est plus complexe, et de nombreux films ont fait débat, que ce soit L’Empire des SensShortbus ou encore La Vie d’Adèle (dernière cible en date de l’association). Le tout est de savoir si ces films ont pour but avéré de déclencher l’excitation ou non. Et si on entre dans cette considération, aucun des films cités ne rentre dans la deuxième catégorie, ni même dans la première.  Alors oui, Love n’est pas un film facile d’accès et correspond à un public adulte, oui certaines scènes sont explicites voire pour une ou deux assez glauques, mais cela n’en fait pas un porno. Le film étant après tout réalisé par l’enfant terrible du cinéma français Gaspar Noé, qui a montré dans toute son œuvre, que ce soit Seul Contre Tous, ou le difficile Irrésistible, qu’il ne fallait pas compter sur lui pour emballer des histoires gentillettes.

Love

Love nous plonge au cœur d’une passion amoureuse dans ce qu’elle a de plus extrême. Murphy et Electra s’aiment, font l’amour, se déchirent et se font du mal. Le tout dans des excès de drogue, de sexe et de jalousie, soit un mélange destructeur si il en est. Nous ne sommes pas ici dans une histoire d’amour raisonnée, bien au contraire. Dans leur quête de piment, Murphy et Electra font la connaissance d’Omi, une jeune voisine qui attire Murphy en dépit d’une personnalité totalement opposée à lui. Sur certains points, le film porte bien son nom et montre l’amour dans ce qu’il a de plus beau mais aussi de plus mauvais. Il montre aussi les hommes dans leur totale contradiction, à la fois jaloux, voire possessifs, et infidèles. Face à lui, deux femmes aussi fortes que fragiles, d’une sensibilité à fleur de peau. Et c’est là finalement le sujet principal d’un film qui brille surtout grâce à l’interprétation qu’il livre. Comme dans beaucoup d’œuvres qui ont montré des scènes très graphiques, le fait que les rôles principaux ne soient pas joués (tout du moins pour les rôles principaux), par des acteurs confirmés ou célèbres, contribue à rendre les personnages très sincères et spontanés. Les exemples ne manquent pas : 37.2 le Matin de Jean-Jacques Beineix, avec le duo Anglade/Dalle, ou le plus récent Bellflower.

Devant la caméra, Karl Glusman est très bon en jeune américain impulsif, jaloux et arrogant. Aomi Muyock, quant à elle, est magnifique de sensualité, de fragilité, et s’avère impressionnante quand elle se met en colère (finalement le moment où elle se livre le plus). Enfin, Klara Kristin est très prometteuse dans la peau d’un personnage doux, tout en fraîcheur et en naïveté. Le producteur Vincent Maraval, co-fondateur de Wild Bunch, fait également une très bonne apparition. L’autre atout du long-métrage est dans l’image. Le photographe Vincent Debie montre encore une fois son talent. Compagnon de route de Noé, il a également brillé avec, notamment, Spring Breakers, de Harmony Korine ou The Runaways de Floria Sigismondi. Là, il sublime les acteurs et leur relation au corps.
Porté par des acteurs convaincants, une très bonne bande-originale entre rock et électro (mention spéciale à Maggot Brain de Funkadelic, ou Is There Anybody Out There de Pink Floyd) et une photographie superbe, Love souffre par moments de certains passages un peu trop sous l’influence de la Nouvelle Vague. Néanmoins, on est loin de l’acte d’onanisme intellectuel de Lars Von Trier sur son diptyque Nymphomaniac mais aussi du côté festif de Shortbus. Certes, on ne se retrouve pas en face d’un des 20 meilleurs films de l’année, mais c’est une belle surprise au final, pour un public averti et très, très ouvert d’esprit.

@ Nicolas CambonLove2  Crédits photos : Wild Bunch Distribution

Par Nicolas Cambon le 5 janvier 2016

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