[Critique] ALLELUIA

CRITIQUES L'ÉTRANGE FESTIVAL 2014 | 16 septembre 2014 | Aucun commentaire
Alleluia-affiche

Présenté à L’Étrange Festival 2014

Titre original : Alleluia

Rating: ★★★★☆
Origines : France/Belgique
Réalisateur : Fabrice Du Welz
Distribution : Laurent Lucas, Lola Dueňas, Stéphanie Bissot, Héléna Noguerra, David Murgia, Edith Le Merdy…
Genre : Thriller/Drame
Date de sortie : 26 novembre 2014

Le Pitch :
Une mère célibataire se débat dans une vie morose et sans saveur. Lorsqu’elle fait, via un site de rencontre, la connaissance de Michel, sa vie prend une tournure radicalement différente…

La Critique :
Suite « ardennaise » audacieuse au truculent Calvaire, Alleluia est le nouveau film de Fabrice Du Welz. À vrai dire, ce n’est pas simplement son nouveau film : c’est une bombe. À l’issue de la projection, je n’ai pas pu m’empêcher de me dire que si certains réalisateurs n’arrivaient à pas grand chose avec de gros budgets, certains faisaient tout…avec presque rien. Dès les premières dix minutes du film, Du Welz nous démontre qu’il arrive à poser un cadre sombre, subtil et immersif…avec quelques plans fixe plus vrais que natures. On pourrait s’attendre alors à une narration rigide et à une sobre mise en scène, mais plus le film avance et plus le réalisateur s’aventure dans des coins inattendus, alliant avec beaucoup d’effronterie le gore, l’humour, la sensibilité et la folie la plus totale.
Plans astucieux, superbes décors et dialogues ciselés tantôt au rasoir tantôt à la moissonneuse batteuse, le scenario présente une histoire découpée en quatre parties chacune portant le nom d’une femme.

Inspiré d’une histoire vraie, le film fait un écho direct aux tueurs de la lune de miel. Du Welz va cependant plus loin en jetant un pont possible entre l’histoire de Calvaire et celle d’Alléluia. Je dis bien « possible » car plutôt que de nous mâcher le travail, le réalisateur nous invite à choisir (ou pas) entre ces deux histoires tortueuses.
Techniquement impeccable et cinématographiquement abouti, il faut souligner de trois traits que Alléluia est servi par la grande qualité du jeu de ses acteurs, la prestation impeccable du duo Laurent Lucas/ Lola Dueňas participant beaucoup au succès artistique du film. Connue pour avoir tournée avec Almodovar, Lola Dueňas est ici très impressionnante, l’intensité de ses expressions ne se faisant distancer que par l’investissement physique dont elle peut faire preuve dans certaines scènes. Dans une interview au magasine Cinémag Fantastique, Du Welz confie que Lola Dueňas est une actrice sanguine…on n’a pas de mal à le croire au vu de son jeu dans Alléluia !
Laurent Ducas offre quant à lui, un jeu beaucoup plus subtil que dans Calvaire. Il fait appel à toute une palette d’expressions, la psyché de son personnage étant tellement riche et complexe qu’il doit jouer avec les émotions tout en ne tombant pas dans la facilité.
Mais de la facilité, il n’y en a guère dans le film. On rit aussi fort qu’on dégueule, l’érotisme pervers trouvant une résonance dans la barbarie raffinée de certaines scènes. N’allez pas croire cependant que le sang et la cruauté sont des artifices visant à dévier le spectateur du fil de l’histoire…au contraire. Tout sert ici la descente aux enfers des protagonistes quand leurs idéaux se fondent en désespoir et que leurs moments de joie se fondent dans l’obscurité latente du destin de ses deux amants.

Véritable choc de ce 20ème Étrange Festival, Alléluia est très bon car il frappe très fort sans pour autant donner l’impression de vouloir trop en faire. L’art de proposer quelque chose de très profond sans en avoir l’air. Être audacieux tout en restant cohérent. Proposer un sujet simple mais avec différents niveaux de lecture…la marque des grands, définitivement. Alléluia, oui, je crois qu’on peut le dire.

@ Pamalach

Par Pamalach le 16 septembre 2014

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