[CRITIQUE] BLACK PHONE

CRITIQUES | 17 juillet 2022 | Aucun commentaire

Titre original : The Black Phone

Rating: ★★★★½

Origine : États-Unis

Réalisateur : Scott Derrickson

Distribution : Ethan Hawke, Mason Thames, Madeleine McGraw, Jeremy Davies, E. Roger Mitchell, James Ransone…

Genre : Horreur/Thriller/Adaptation

Durée : 1h42

Date de sortie : 22 juin 2022

Le Pitch :

En 1978, dans une banlieue tranquille, plusieurs enfants disparaissent mystérieusement sans laisser de trace. Une rumeur commence alors circuler au sujet d’un individu conduisant une camionnette de couleur sombre surnommé L’Attrapeur. Quelques jours après l’enlèvement de l’un de ses amis, Finney Blake fait à son tour la rencontre avec le kidnappeur. Drogué, il se retrouve dans une pièce nue, dans laquelle est accroché un étrange téléphone noir. Bien que son ravisseur lui ait signalé que l’appareil de fonctionnait plus depuis longtemps, le jeune garçon ne tarde pas à l’entendre sonner…

La Critique de Black Phone :

Engagé pour réaliser la suite de Doctor Strange, Scott Derrickson a développé Black Phone, d’après une nouvelle de Joe Hill, avant de devoir le mettre de côté. Néanmoins, suite à des divergences du côté de chez Marvel, le réalisateur a pu s’y remettre. Une bonne chose tant le film s’impose comme une brillante réussite.

Terreur sur le ligne

Sinister nous avait déjà prouvé à quel point Scott Derrickson avait le don de faire naître la terreur. Un don qu’il met à nouveau à contribution, libre de ses mouvements après avoir fait étape chez Marvel pour le premier Doctor Strange, pour adapter la nouvelle Black Phone de Joe Hill. Une histoire dans laquelle un sombre individu kidnappe des enfants pour les emmener dans sa cave où sonne un téléphone noir un peu flippant. En dire plus reviendrait assurément à en dire trop tant Black Phone, s’il ne repose pas uniquement sur l’effet de surprise, s’apprécie vraiment quand on ne sait pas trop à quoi s’attendre.

En prenant son temps pour façonner son décor, dans une ambiance 70’s très bien restituée, sans en faire des tonnes et avec beaucoup de sincérité et de cœur, Derrickson fait intervenir l’horreur tout d’abord par petites touches puis plus franchement, quand le récit s’achemine vers sa conclusion.

Appel anonyme

Si Black Phone fonctionne aussi bien, s’il parvient tout autant à inciter les frissons mais aussi à distiller une émotion inattendue, c’est qu’il soigne ses personnages. L’Attrapeur, campé par Ethan Hawke, affublé d’un masque plutôt effrayant et malsain, n’en fait pas des caisses. Ses apparitions sont marquantes car le scénario en dit juste assez à son sujet pour entretenir un mystère indispensable à son aura. Pour autant, ici, ce sont bien les enfants les personnages principaux.

Finney Blake, l’adolescent qui se retrouve dans les filets du kidnappeur tout d’abord, qui aurait pu faire partie de la bande de Stand By Me, brille par son authenticité. Loin des protagonistes sans relief qui se retrouvent trop souvent dans les films d’horreur, surtout quand ces derniers mettent en scène des ados, Finney parvient à magnifiquement incarner les dynamiques du scénario. Campé par l’excellent Mason Thames, un acteur assurément à suivre, il est pour beaucoup dans la réussite de l’ensemble.

La jeune Madeleine McGraw, qui joue sa petite sœur Gwendolyn, est elle aussi incroyable. Véritable révélation, l’actrice fait preuve d’une intensité rare. Il n’y a qu’à voir la scène très difficile dans laquelle elle se confronte à son père pour s’en convaincre.

Des acteurs superbement dirigés et écrits, qui se retrouvent au cœur d’un film à « l’ancienne », maîtrisé de A à Z par un réalisateur qui en plus, s’autorise quelques manœuvres audacieuses qui quant à elle, contribuent à donner à Black Phone cette patine à part.

Ne pas perdre le fil

Sans rien forcer ni chercher à tout prix à prendre le spectateur à revers, sans se réfugier derrière des effets faciles ni faire preuve d’opportunisme, Scott Derrickson fait montre d’une vraie bravoure derrière la caméra, dans un respect permanent de la nouvelle de Joe Hill (qui est donc pour rappel le fils de Stephen King). Si son postulat pouvait laisser présager quelque chose de somme toute classique et que son déroulé est en effet plutôt conventionnel, Black Phone impressionne par sa sobriété, son absence de cynisme et sa sincérité. Un film d’horreur, un vrai, qui ne prend jamais ses spectateurs pour des truffes, parfaitement rythmé et ainsi ô combien efficace.

En Bref…

Bénéficiant de la solide mise en scène d’un Scott Derrickson en pleine forme, parfaitement rythmé et incarné par des acteurs prodigieux, Black Phone est pour l’instant (en juillet 2022) tout simplement le meilleur film d’horreur de l’année. Un film hors du temps, sincère et nuancé, qui parvient de plus à distiller une vraie émotion.

@ Gilles Rolland

Crédits photos : Universal Pictures France
Par Gilles Rolland le 17 juillet 2022

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