[Critique] SINISTER
Titre original : Sinister
Rating:
Origine : États-Unis/Angleterre
Réalisateur : Scott Derrickson
Distribution : Ethan Hawke, Fred Thompson, James Ransone, Clare Foley, Vincent D’Onofrio, Rob Riley, Tavis Smiley, Janet Zappala…
Genre : Horreur/Épouvante/Thriller
Date de sortie : 7 novembre 2012
Le Pitch :
Depuis qu’il a signé un best-seller unanimement reconnu, Ellison peine à renouer avec le succès. Spécialisé dans les récits de crimes violents, il décide de déménager, avec sa femme et ses deux jeunes enfants, dans une maison où s’est produite une mystérieuse tragédie. Un crime qui a laissé la police pantoise et qu’Ellison compte bien élucider. Une fois sur-place, alors que les siens ne savent rien de ce qui s’est déroulé entre les murs de leur nouvelle demeure, l’écrivain fait la découverte dans le grenier, d’une boite contenant plusieurs vidéos particulièrement atroces. C’est alors que le cauchemar commence…
La Critique :
Il ne faut pas se laisser abuser par l’accroche de l’affiche qui affirme que Sinister est produit par les mêmes types qui ont financé Paranormal Activity et Insidious. Une affirmation à moitié vrai, tant il est certain que Sinister entretient un étroit rapport avec Insidious, mais en aucun cas avec Paranormal Activity. Ce serait faire insulte au boulot du réalisateur Scott Derrickson que de comparer son film avec celui d’Oren Peli. Car même si Sinister joue avec les codes du found footage, il ne s’apparente jamais totalement au genre. Filmé de manière dite « traditionnelle », Sinister utilise des vidéos amateurs pour amorcer son récit, puis pour le nourrir, au fur et à mesure qu’il progresse. Paranormal Activity lui, était filmé comme une vidéo amateur tout du long.
Par contre, il est vrai qu’Insidious et Sinister partagent comme mentionné plus haut des points communs. Et vu qu’Insidious s’était avéré être une excellente surprise, dans le genre film d’épouvante, la comparaison est cette fois-ci plutôt flatteuse pour Sinister.
Les deux films commencent donc un peu de la même façon : une famille emménage, ou vient de le faire, dans une nouvelle maison et des phénomènes étranges ne tardent pas à se produire. Dans les deux films, les enfants ont leur rôle à jouer dans la dynamique horrifique de l’intrigue et dans Insidious comme dans Sinister, la peur vient dynamiter une famille tout ce qu’il y a de plus classique. Ainsi, ces deux métrages ont à cœur de faire pénétrer le fantastique et l’épouvante dans le quotidien. Efficace, la recette à fait ses preuves au cinéma, comme dans la littérature, notamment via les œuvres de Stephen King, qui en a fait brillamment son fond de commerce depuis ses débuts.
C’est probablement pour cela que Sinister finit par ennuyer quelque-peu, en milieu de parcours. À force de répéter des figures de style connues et éprouvées, Derrickson pédale un peu quand il s’agit de dynamiser son récit, qui s’enlise dans des poncifs regrettables. Rien de grave cependant, mais les faits sont là : Sinister déçoit un tout petit peu par moment. Malgré de nombreuses qualités qui en font un produit tout à fait recommandable.
La bande-annonce en montre trop, comme souvent et évente les plans les mieux ficelés, comme ceux qui laissent apparaître furtivement le fameux Boogie Man. Un méchant que le cinéaste ne laisse jamais sortir de sa boite suffisamment longtemps pour arriver à provoquer l’effet escompté. Au lieu de cela, le réalisateur, autrefois responsable de L’Exorcisme d’Emily Rose (film plutôt réussi au regard du nombre de navets que le genre « film de possessions » dénombre) préfère se réfugier derrière des clichés à peine remaniés, piochés ici ou là, et plus particulièrement du côté du cinéma d’épouvante asiatique (comme Ring ou The Grudge).
Une tendance d’autant plus regrettable, car Derrickson sait s’y prendre pour déclencher les frissons. Enveloppé d’une bande-son plusieurs fois remarquable car étonnamment glauque, son métrage arrive à immerger à plusieurs reprises le spectateur dans son univers. La surprise venant aussi du choix de privilégier la suggestion dans les scènes de meurtres, plutôt que la démonstration gore. Ce qui fonctionne, car le film n’en devient que plus choquant. Et la filiation souhaitée avec les cadors du genre d’apparaître encore un peu plus évidente.
Derrickson connait ses classiques et les respecte, c’est certain. Ses résolutions sont louables, comme le prouve aussi la présence au premier plan d’Ethan Hawke, un acteur discret et toujours aussi inspiré dans ses choix. Impeccable et investi, le comédien insuffle au film une intensité que son réalisateur peine à maintenir sur la longueur.
Pris en tenaille entre une volonté d’innovation et des choix scénaristiques cousus de fil blanc, Sinister accuse donc quelques baisses de régime, sans jamais toucher le fond. Et si on considère la puissance évocatrice de quelques-unes des séquences clés, on peut estimer que le contrat est rempli. Sans trop de flamboyance, mais avec suffisamment de panache pour se hisser au dessus de la masse des navets qui inondent les bacs des supermarchés et des multiplexes chaque année.
Et au final, ce qui ressort le plus clairement dans cette histoire, c’est sa faculté à mettre en exergue la fascination du spectateur amateur de violence. Ce qui explique sans doute pourquoi, malgré tous ses petits défauts et son manque d’originalité, Sinister parvient à laisser, une fois achevé, une impression tenace, que l’amateur saura apprécier à sa juste valeur.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Wild Bunch Distribution
il a quand même l air de faire peur ce film moi j adore tout ses films
Il est vraiment flippant ce film mais trop bien
[…] Sinister nous avait déjà prouvé à quel point Scott Derrickson avait le don de faire naître la terreur. Un don qu’il met à nouveau à contribution, libre de ses mouvements après avoir fait étape chez Marvel pour le premier Doctor Strange, pour adapter la nouvelle Black Phone de Joe Hill. Une histoire dans laquelle un sombre individu kidnappe des enfants pour les emmener dans sa cave où sonne un téléphone noir un peu flippant. En dire plus reviendrait assurément à en dire trop tant Black Phone, s’il ne repose pas uniquement sur l’effet de surprise, s’apprécie vraiment quand on ne sait pas trop à quoi s’attendre. […]