[Critique] CARBONE

CRITIQUES | 3 novembre 2017 | 1 commentaire
Carbone-poster

Rating: ★★☆☆☆

Origine : France
Réalisateur : Olivier Marchal
Distribution : Benoît Magimel, Gringe, Idir Chender, Michaël Youn, Gérard Depardieu, Laura Smet, Dani, Moussa Maaskri, Patrick Catalifo…
Genre : Thriller/Drame
Date de sortie : 1er novembre 2017

Le Pitch :
Antoine Roca est patron d’une PME. Acculé par des retards d’impôts, il est sur le point de déposer le bilan. Il décide alors de mettre sur pied une arnaque financière à très grande échelle sur les quotas d’émission de dioxyde de carbone. Pour se lancer, il doit emprunter de l’argent à un truand local. Sans le savoir, il vient de mettre le doigt dans un engrenage dangereux….

La Critique de Carbone :

Carbone marque le retour d’Olivier Marchal au cinéma après six ans d’absence et un passage par la case télévision. Si ses choix en tant qu’acteur n’ont pas souvent été judicieux (il a tourné dans quelques nanars comme L’Extraterrestre, Scorpion, Le Fils à Jo ou des téléfilms et séries anecdotiques), en revanche, derrière la caméra, sa filmographie était loin d’être honteuse. « Était » car depuis quelques années, il semble avoir perdu son mojo. Sa dernière série Section Zéro, malgré de belles ambitions de renouveler le paysage des séries hexagonales, s’avérant notamment plutôt anecdotique. Même constat là aussi avec Carbone et ce malgré de bonnes intentions…

Carbone-Magimel-Laura-Smet

 

Carbone connexion

Carbone s’inspire d’une arnaque à grande échelle surnommée par les journalistes « Carbone Connexion », qui a duré de 2008 à 2009 et utilisé les failles de la bureaucratie européenne. Dans le cadre du protocole de Kyoto, des quotas d’émission de CO2 sont instaurés ainsi qu’une bourse carbone permettant à des entreprises n’ayant pas respecté leur quota d’acheter des droits à polluer à des entreprises plus vertueuses. Avec la non harmonisation des TVA dans l’Union Européenne, les escrocs en ont profité pour faire des montages complexes d’échanges entre société fictives implantées dans plusieurs pays pour détourner 1,6 milliards d’euros en France et entre 5 et 10 milliards dans l’UE. Ce qui en fait le casse du siècle. Olivier Marchal se sert de cette trame pour livrer un message sans concessions mais maladroit sur le cynisme des États en matière d’écologie et en profite pour lancer quelques piques, notamment à l’intention de l’administration fiscale française. Un discours plein d’intentions louables mais ni un beau message de départ ni un scénario inutilement compliqué ne font forcément un bon film.

Copie carbone

Marchal n’est pas un documentariste mais un cinéaste ancré dans un registre particulier. Entre le polar pur et le désir de coller à une histoire vraie, il n’a pas choisi et ce qui a très bien fonctionné avec Les Lyonnais s’avère ici bancal. La faute tout d’abord à un scénario inutilement complexe. L’affaire en elle-même hyper technique n’est pas facile à suivre (même si le personnage joué par Michaël Youn explique relativement bien la mécanique des échanges de droits à polluer), pas besoin d’y rajouter en plus des histoires mêlant grand banditisme et flic ripou. Cela a pour effet de totalement annihiler la portée du message initial mais en plus, Carbone manque franchement de lisibilité. Marchal ne se sort pas de sa routine habituelle à base d’antihéros, de truands, de petites trahisons et d’une maîtresse belle et compatissante mais pas très utile. En somme, il se copie lui-même à la limite de la parodie (et reprend à coups de grosses voitures, de belles femmes et de musique rap, les codes sacro-saints d’EuropaCorp qui produit le film), fait encore une fois le même film mais en moins bien. On peut ajouter des références inutiles voire contre productives, comme ce clin d’œil à Scarface à destination d’un public supposé être limité à deux ou trois modèles cinématographiques.
Côté acteurs, il y a à boire et à manger mais dans l’ensemble l’interprétation est honorable. Majimel a rehaussé son niveau de jeu comparé à l’horreur qu’était sa performance dans la série Marseille, même si dans le registre de la colère, il n’arrive pas à communiquer autre chose que l’envie de rire. Étonnamment, Michaël Youn livre une prestation aboutie, tout en sobriété et montre que dans le registre dramatique, il est convaincant. Le rappeur Gringe réussit à faire mieux que la plupart de ses confrères. Quant à Gérard Depardieu, il est excellent. Comme à son habitude, s’il est une machine à dire des conneries en interview, dès qu’il s’agit de jouer, le plus russe des acteurs français est un monstre de charisme, quand bien même il n’a pas un grand rôle. Un constat qui n’est pas toujours évident, les acteurs n’étant souvent pas aidés au niveau des dialogues.
Côté intrigue, l’action est plutôt mollassonne, on n’a aucune sympathie ni empathie pour les personnages et Carbone se saborde tout seul dès l’introduction avec le parti-pris classique mais casse-gueule de mettre le final dès les premières minutes pour souligner la fatalité du destin du héros. Dès lors, sachant cela et une fois que l’on a compris (assez vite) les différents enjeux et les rouages de l’arnaque qui sera mise en place, le reste n’a que finalement peu d’intérêt et Marchal semble broder pour faire un film de cent minutes (on aurait pu aisément en couper dix). Après une filmographie où on trouve notamment 36 quai des Orfèvre, MR73 (bien que parfois discutable dans son propos) et Les Lyonnais, cela fait tâche.

En Bref…
Carbone aurait pu être une bonne cuvée, avec une idée de base plutôt originale, pertinente et une interprétation honnête dans l’ensemble. Malheureusement, il se prend les pieds dans le tapis avec des éléments parfaitement inutiles qui complexifient le scénario et enlève toute force au propos. Il ne se rattrape même pas sur le plan du spectacle avec une action molle et un parti pris casse-gueule dans l’introduction. Au final, c’est un Marchal au mieux anecdotique. Aussitôt vu, aussitôt oublié.

@ Nicolas Cambon

Carbone-cast Crédits photos : EuropaCorp Distribution

Par Nicolas Cambon le 3 novembre 2017

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Karl Libus
Karl Libus
6 années il y a

J’aime bien le fils à Jo… Pour le reste OK…