[Critique] LA COLÈRE D’UN HOMME PATIENT

CRITIQUES | 3 mai 2017 | Aucun commentaire
La-colère-d'un-homme-patient-poster

Titre original : Tarde para la ira

Rating: ★★★☆☆
Origine : Espagne
Réalisateur : Raúl Arévalo
Distribution : Antonio de la Torre, Luis Callejo, Ruth Diaz, Manolo Solo, Alicia Rubio, Raul Jiménez…
Genre : Thriller/Drame
Date de sortie : 26 avril 2017

Le Pitch :
Un homme solitaire passe ses journées dans un bar populaire de Madrid. Il se mêle à la faune locale et semble intéressé par la patronne de l’établissement. Le mari de cette dernière s’apprête à sortir de prison après avoir purgé une peine de huit ans, écopée à la suite d’un braquage de bijouterie qui a mal tourné. Dès lors, un violent engrenage va se mettre en route…

La Critique de La Colère d’une Homme Patient :

Ces dernières années, le cinéma espagnol s’est mis à exporter de plus en plus de polars. Le film d’horreur n’est désormais plus le seul « mauvais genre » à sortir de la brûlante péninsule. La Colère d’un Homme Patient est, de part sa radicalité, un exemple assez retentissant de cette nouvelle tendance. Auréolé de trois Goya (l’équivalent espagnol des Césars) dont celui du meilleur film, le premier essai derrière la caméra de l’acteur Raul Arevalo (Che 2ème partie, Les Amants Passagers) nous arrive précédé d’une réputation fort flatteuse. Et il faut bien lui reconnaître de nombreuses qualités.

La-colère-d'un-homme-patient

Tontos de las Cabesas

Tout d’abord, son casting. Antonio de la Torre (Balada Triste, Che…), qui campe le rôle titre, en tête. Son interprétation très intériorisée est frappante de minimalisme. Luis Callejo est bien plus rageur. Au départ assez effrayant, il finit par s’incliner devant la colère de son compagnon de route en quête de vengeance. Quant à Ruth Diaz, elle campe parfaitement un personnage féminin intéressant, au cœur de l’intrigue dans la première partie mais qui finit par être relégué au rang de simple accessoire dramatique, vraiment dommage… Le casting, dans son ensemble, est au service d’un script sans compromis.

Influences au service de la modernité

Avec ses références, assumées, d’abord. On pense aux Chiens de Paille de Sam Peckinpah, qui documentait aussi l’irruption de la violence dans le quotidien rangé d’un homme paisible. On se rappelle aussi de Gomorra, pour son traitement brut et ultra-réaliste, digne d’un fait divers du sujet. On peut à la longue être rebuté par ce choix de mise en scène mais il finit par être contrebalancé par de beaux éclats formels en fin de métrage. Le western n’est pas très loin non plus, Trois Enterrements présentant par exemple quelques similitudes avec le film qui nous intéresse aujourd’hui. Seul petit bémol narratif, le découpage en chapitres, inutilement pompeux et chargé. On trouve une grosse patte 70’s dans le grain très organique de l’image et le jusqu’au boutisme du scénario désenchanté.

La venganza

Aucune place n’est laissée à une quelconque esthétisation de la violence. Cette dernière apparaît presque fugitivement, émergeant au milieu de séquences mornes et profondément apathiques, créant un contraste saisissant. La tension est souvent palpable, et si l’on suggère, fort habilement, plus qu’on ne montre, il n’en reste pas moins que chaque coup de feu laisse une trace sur le spectateur. La vengeance est ici improvisée, de plat soigneusement préparé et servi froid, elle prend la forme d’un sanglant apéritif imprévu. Insidieuse, elle forme un terrible duo avec son amante la colère, qui sont presque des personnages à part entière de cette sombre intrigue.

En Bref…
La Colère d’un Homme Patient est un très bon polar qui va jusqu’au bout de sa démarche, et qui laisse les spectateurs pantois tout en réservant son lot de moments forts. Le traitement manque certes de finesse mais il s’agit d’une première réalisation plus qu’honorable…

@ Sacha Lopez

La-colère-d'un-homme-patient2   Crédits photos :

Par Sacha Lopez le 3 mai 2017

Déposer un commentaire

S’abonner
Notification pour
guest
0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires