[Critique] CRY MACHO
Titre original : Cry Macho
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Clint Eastwood
Distribution : Clint Eastwood, Aduardo Minett, Daniel V. Graulau, Fernanda Urrejola, Dwight Yoakam, Horacio Garcia Rojas…
Genre : Drame/Adaptation
Durée : 1h44
Date de sortie : 10 novembre 2021
Le Pitch :
Mike, une ancienne star du rodéo, se voit confier une mission insolite par son employeur, un riche propriétaire de ranch : aller chercher son fils de l’autre côté de la frontière, au Mexique, et le ramener sain et sauf…
La Critique de Cry Macho :
Cry Macho poursuit Clint Eastwood depuis de nombreuses années. Déjà en 1988 l’acteur/réalisateur avait prévu d’adapter le livre de N. Richard Nash mais avait dû se résoudre à abandonner pour tourner La Dernière cible. Puis le projet est entré en production avec Roy Scheider dans le rôle principal avant de lui aussi capoter. Des années plus tard, Arnold Schwarzenneger s’est intéressé au film qu’il devait tourner tout de suite après son deuxième mandat de gouverneur. Mais là encore encore, Cry Macho a emprunté une voie de garage. Une impasse dont il est enfin sorti, sous l’impulsion de Clint Eastwood qui pour l’occasion, a décidé de revenir devant la caméra, tout en assurant la mise en scène, malgré ses 90 ans bien tassés (à l’époque du tournage).
Retour au Mexique
Les points communs entre Cry Macho et La Mule, le précédent long-métrage de et avec Clint Eastwood sont nombreux. Ici aussi Clint porte une double casquette et ici aussi le scénario l’emmène de l’autre côté de la frontière, sur les terres arides du Mexique. Clint qui a également tourné au Nouveau-Mexique, dans la même région, avec une équipe presque exclusivement composée de locaux. Une manière de s’immerger dans un environnement avec lequel il ne fait plus qu’un.
Lonesome cow-boy
Voir Clint Eastwood, cette légende absolue du septième-art apparaître à l’écran, à son âge avancé, a quelque chose de particulier. Impossible de ne pas vibrer devant cet homme qui à lui seul, incarne la puissance d’un cinéma noble. Malgré le temps qui a passé, malgré les rides et ce corps que l’on sent fatigué, Eastwood conserve ce regard d’acier, capable de vous figer en un instant. C’est ce regard qui se dévoile à nous dans les premières minutes de Cry Macho, alors que l’histoire se met très rapidement en place.
Comme dans nombre des films qu’il a réalisé et dans lesquels il a joué depuis disons trois décennies, Clint Eastwood incarne ici un ancien héros. Un type au passé chargé, dans tous les sens du terme, en quête de rédemption. Certes, il n’y a rien de vraiment original. La trame de Cry Macho attaque direct, sans fioritures. On comprend en quelques minutes que cette ancienne célébrité du rodéo, qui dût se ranger des chevaux suite à un accident, et qui cache dans son placard son lot de fantômes, ne cherche qu’une occasion de racheter son âme. Pour autant, contrairement à Gran Torino, ici, Clint met le côté « bourru » de côté. Mike est un vieux cow-boy conscient de ses limites, qui a commencé à baisser la garde. Il se contente de trimballer sa carcasse mais voit dans cette mission qui lui est proposée une chance de peut-être enfin se remettre sur le droit chemin.
Honkytonk rider
Bien sûr, s’il adopte une approche très douce, pleine de nostalgie et de poésie, Cry Macho offre à Clint quelques occasions de nous prouver que malgré ses 90 printemps, il est encore capable de mettre K.O. un jeune type ou de monter à cheval. Pour autant, Cry Macho ne force pas le trait et compte visiblement sur notre compréhension de la figure mythique que Clint s’est efforcé de décliner toute sa carrière pour faire naître l’émotion. Comme Honkytonk Man, Impitoyable, Million Dollar Baby, Grand Torino et La Mule, Cry Macho est un pur film « Eastwoodien ». Un film encore plus épuré et absolument dénué de cynisme, qui surprend par sa simplicité.
Far West
Cry Macho s’avère en effet très simple. Il n’y a pas d’artifices. Ni au niveau de la mise en scène ni au niveau de l’écriture. Plutôt court, le film s’écoule tranquillement, traversé par quelques fulgurances. Clint y disserte avec une grande sagesse sur cette figure de l’Ouest qu’il n’a cessé de sublimer mais aussi de nuancer, en tirant les conclusions qui s’imposent à lui. Également comparable à Gran Torino, ne serait-ce que par rapport à la relation père-fils que le personnage principal noue avec le jeune garçon qu’il doit ramener à son père, Cry Macho s’avère plus dépouillé et moins complexe. Moins ambitieux aussi. Si la bande-annonce parvenait à coller la chair de poule, le film lui, a ainsi plus de mal à toucher en plein cœur en cela qu’il reste justement très simple.
On sent clairement que Clint Eastwood n’a pas souhaité forcer le trait mais raconter une histoire que le scénario a ramené à sa plus simple expression. Loin des canons du cinéma moderne, Cry Macho peut décevoir en cela qu’il ne souligne rien mais se contente de suivre une ancienne route un peu poussiéreuse, sans chercher à surprendre ni à prendre à revers. Clint Eastwood a mis l’agressivité de côté et suit un chemin balisé qu’il connaît bien, tandis qu’à l’écran, son personnage cherche la rédemption, histoire de finir sur une touche lumineuse une existence chaotique. Et c’est peut-être ce décalage, cette faculté qu’a Cry Macho de se refuser à tout sensationnalisme, cette absence de véritable punchlines et ce déroulée si calme qui risque de décevoir. Mais au fond, Cry Macho est surtout cohérent et sincère. Un film à l’ancienne donc, habité par un acteur toujours droit dans ses bottes, qui refuse de faire ses adieux mais qui a depuis longtemps accepté sa propre mortalité.
En Bref…
Certes pas aussi puissant qu’un Gran Torino ni aussi ambitieux qu’un Impitoyable, Cry Macho reste une proposition de cinéma séduisante. Un film old school, épuré à l’extrême, posé et incarné, qui vaut tout autant pour la prestation sincère et émouvante de Clint Eastwood que pour sa faculté à disserter sur ces personnages forts que l’acteur a si longtemps incarnés, alors que ce dernier regarde aujourd’hui dans le rétro, sans cynisme mais avec sagesse. Sagesse qui habite chaque plan de ce film valeureux à plus d’un titre.
@ Gilles Rolland
[…] était jadis. Au fond, même s’il a continué par la suite, jusqu’à récemment avec Cry Macho, a incarner des durs à cuire, Clint a décidé de prend en considération son âge assez vite pour […]