[Critique] DEATH NOTE (2017)
Titre original : Death Note
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Adam Wingard
Distribution : Nat Wolff, Margaret Qualley, Willem Dafoe, Lakeith Stanfield, Paul Nakauchi, Shea Whigham, Michael Shamus Wiles…
Genre : Thriller/Horreur/Adaptation
Date de sortie : 25 août 2017 (Netflix)
Le Pitch :
Light, un étudiant, tombe accidentellement sur un Death Note. Un étrange carnet de notes dans lequel il suffit d’inscrire le nom d’une personne tout en ayant son visage en tête, pour qu’elle meure instantanément…
La Critique de Death Note :
Publié pour la première fois en 2003, le manga de Tsugumi Ōba et Takeshi Obata est rapidement devenu culte au Pays du Soleil Levant, parvenant également à se faire connaître bien au-delà. Un anime a ensuite vu le jour, puis trois longs-métrages. Il y eut même une pièce de théâtre qui fut jouée au Japon et en Corée du Sud. Aujourd’hui, c’est aux États-Unis que Death Note revient sous la forme d’un film produit et distribué par Netflix. Une adaptation qui, avant même sa sortie, faisait déjà grincer les dents…
Destination finale
Les détracteurs de Death Note lui reprochent plus ou moins les mêmes choses qu’au récent Ghost In The Shell avec Scarlett Johansson. On parle bien sûr de white bashing et on pointe du doigt le réalisateur Adam Wingard et ses producteurs et scénaristes pour avoir transposé l’histoire du manga à Seattle, avec des acteurs américains. Ce qui peut tout à fait se comprendre. Ce qui peut aussi se comprendre, c’est que Death Note 2017 est tout simplement une nouvelle lecture cinématographique du manga et ne traduit pas forcément une volonté d’effacer toutes les précédentes adaptations. Avait-on fait les mêmes procès au Cercle, le remake de Ring ou à celui de The Grudge et de Dark Water ? Pas vraiment. Pourtant ici, c’est la même chose. Finalement, il est peut-être plus sage de voir ici la tentative de Netflix de livrer sa propre déclinaison de l’histoire, après que celle-ci ait fait l’objet d’un grand nombre d’interprétations diverses au Japon. Bon, cela dit, le white bashing est une chose, la qualité du film en est une autre. Car au final, il suffit de le regarder pour se rendre compte que tous les choix qu’ont pu faire les scénaristes pour que le métrage existe par lui-même ne fonctionnent pas vraiment. Des choix qui font de ce Death Note une adaptation bien fade, face à laquelle les productions nippones n’ont pas à rougir.
Livre des morts
Le principal soucis de Death Note vient de ses personnages. On a le héros, le dénommé Light (Nat Wolff). Un garçon antipathique qui passe son temps à faire la gueule et qui se trimbale avec une coiffure improbable qui lui empêche de prétendre à une quelconque crédibilité. Il y a ensuite Mia (Margaret Qualley), la fille super populaire et rebelle du lycée, qui est aussi jolie qu’antipathique elle aussi. On retrouve bien sûr Ryuk, la créature qui accompagne le carnet de la mort, campée ici par Willem Dafoe. Peut-être le personnage le plus intéressant du lot, mais pas de quoi crier au génie non plus. Son apparence est sympa mais c’est plus ou moins tout. N’oublions pas L, le super détective (Lakeith Stanfield), un personnage borné et lui aussi antipathique et le père du « héros » (Shea Whigham) qui se contente juste d’être transparent. Avec une galerie pareille, pas besoin de préciser que le spectacle n’encourage jamais vraiment l’empathie. On suit, certes sans déplaisir, ce qui se déroule à l’écran, mais jamais le film nous encourage à nous investir. Il ne parvient pas à provoquer l’immersion et reste en surface, plombé par ses personnages, assez mal écrits, et par un script qui va trop vite et enchaîne les situations un peu à la ramasse. Car malheureusement, Death Note n’arrive pas à donner de la substance à son postulat, qui ici, donne surtout lieu à des scènes farfelues auxquelles il est difficile d’adhérer. Reste alors le gore et le caractère néanmoins ludique de toute l’entreprise.
Porté par Adam Wingard, dont le You’re Next reste encore dans les mémoires pour son caractère sauvage sans compromis (on se souvient aussi du sympathique The Guest), Death Note fait office de rendez-vous manqué. La sauce ne prend pas. Un peu comme avec son précédent film, Blair Witch, qui était néanmoins un peu plus méritant, Death Note donne l’impression d’avoir été bâclé. Wingard ne semble pas y croire plus que ça et du coup, nous non plus. Malgré des effets très réussis, le charisme des acteurs (sous-employés) et le potentiel évident de l’histoire…
En Bref…
Coup d’épée dans l’eau. Mauvaise traduction. En arrivant aux États-Unis, Death Note a perdu de son sel. Et si le spectacle se suit néanmoins sans déplaisir, tout ceci est beaucoup trop anecdotique et bancal pour s’avérer mémorable d’une quelconque façon que ce soit.
@ Gilles Rolland