[Critique] DERNIER ÉTÉ À STATEN ISLAND
Titre original : Staten Island Summer
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Rhys Thomas
Distribution : Graham Phillips, Zack Pearlman, Ashley Greene, Bobby Moynihan, Cecily Strong, Katie Cockrell, Kellie Cockrell, Vincent Pastore…
Genre : Comédie
Date de sortie : 30 juillet 2015 (Netflix)
Le Pitch :
Danny et Frank, des amis d’enfance inséparables, ont enfin terminé le lycée. Avant de se séparer pour poursuivre leurs études dans des universités différentes, ils décident de profiter à fond de leur été, dont la majeure partie se déroulera à la piscine de Staten Island, où ils travaillent tous les deux…
L’occasion d’enfin concrétiser des projets afin de clôturer en beauté ce chapitre de leurs vies…
La Critique :
Les modes de diffusion des films ne cessent d’évoluer. Nous connaissions ainsi les DTV, soit les inédits vidéo, disponibles directement en Blu-ray et DVD, et plus récemment, ce sont les films e-cinéma qui se sont imposés, disponibles quant à eux en VOD. La recrudescence de networks comme OCS ou Netflix a ainsi fait émerger une nouvelle façon de découvrir des longs-métrages inédits. Et c’est justement le géant américain populaire pour ses créations originales (House of Cards ou Wet Hot American Summer : First Day of Camp) qui a proposé à ses abonnés cet été, l’inédit Staten Island Summer, soit en version française, Dernier Été à Staten Island.
Derrière ce teen movie en apparence plutôt classique, le dénommé Lorne Michaels, à savoir le créateur du Saturday Night Live et d’une floppée de longs-métrages comme les deux Wayne’s World , Une Nuit au Roxbury, tous les deux adaptés de sketches du SNL, ou encore l’excellent Lolita Malgré Moi. Une légende de la comédie américaine qui a convoqué de jeunes comédiens afin de mettre en boite une comédie empreinte de mélancolie sur le délicat passage à l’âge adulte d’une poignée d’adolescents.
Nous voici donc aux côtés de deux amis d’enfance pour un film qui rappelle très vite, et furieusement, le Supergrave, de Greg Mottola. Le fait que le long-métrage prenne pied exactement au même moment que la production Judd Apatow (soit la fin du lycée) et aborde plus ou moins exactement le même sujet (deux potes qui se séparent pour aller dans des facs différentes) ne faisant que confirmer un peu plus cette impression. Cerise sur le gâteau : Graham Phillips et Zack Pearlman, de part la sensibilité de leurs personnages (un calme et un plus exacerbé) et leur physique même, font directement référence au tandem composé de Michael Cera et de Jonah Hill. Est-ce volontaire ? Nul ne sait mais les faits sont là.
Pour autant, les fortes ressemblances entre Dernier Été à Staten Island et Supergrave n’empêchent pas le second de frapper dans le mille quand il s’agit de traiter son sujet avec sincérité, tout en étant relativement drôle. Sur ce dernier point d’ailleurs, le film est une réussite, même si il faut souligner au fond, qu’il ne s’avère jamais vraiment hilarant. Du moins pas autant que d’autres productions rattachées au Saturday Night Live, qui parvenaient à retrouver la moelle substantielle de l’émission, sans trop jouer non plus sur la redite. Mais on rigole. Pas au point de mouiller son futal mais suffisamment et souvent. Cela dit, c’est quand il brosse le portrait de jeunes sur le départ, en direction de leur vie d’adulte, que le métrage de Rhys Thomas (un des grands réalisateurs/producteurs du SNL) s’avère le plus efficace. Toujours juste, jamais trop lourdingue, en particulier quand il aborde l’inévitable question de la sexualité et le désir d’en finir avec la virginité, tendre avec ses personnages et réaliste quant à leurs sentiments et leurs appréhensions, il met dans le mille, grâce à une belle sincérité et une faculté à toujours nuancer son propos, bien aidé par une troupe de jeunes acteurs au diapason.
En première ligne, Graham Phillips et Zack Pearlman, les chefs de la troupe, capturent avec talent l’essence de leurs rôles respectifs, tandis que tous les autres composent un entourage attachant qui encourage en permanence une sympathie sans cesse renouvelée. À noter la présence de Will Forte, une des stars du SNL, toujours drôle, dans un rôle à sa mesure bien qu’un peu trop bref.
Au fond, Dernier Été à Staten Island ne cherche pas à éviter les lieux communs. Ce qu’il veut, c’est dépeindre une période déterminante de la vie, sans trop en faire, tout en étant drôle. Certes la magie du SNL est un peu mise en veilleuse, mais au fond, ce n’est pas si grave, au regard du résultat global, largement plus convainquant que décevant. Et tant pis si l’ombre de Supergrave, ou même de Adventureland, du même Greg Mottola, plane sur ce Dernier Été à Staten Island, en finissant de lui conférer des airs de modeste projet sans prétention. Il n’empêche qu’une sortie en salle n’aurait pas été de trop…
@ Gilles Rolland