[Critique] DIVERGENTE 3 : AU-DELÀ DU MUR

CRITIQUES | 9 mars 2016 | Aucun commentaire
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Titre original : Allegiant

Rating: ★½☆☆☆
Origine : États-Unis
Réalisateur : Robert Schwentke
Distribution : Shailene Woodley, Theo James, Miles Teller, Jeff Daniels, Ansel Elgort, Zoë Kravitz, Naomi Watts, Octavia Spencer…
Genre : Science-Fiction/Adaptation/Suite/Saga
Date de sortie : 9 mars 2016

Le Pitch :
Les factions ne sont plus. La dictature est tombée. Livré à lui même, le peuple autrefois soumis à l’autorité de Jeanine, s’en remet à Evelyn, la mère de Quatre, sur laquelle le pouvoir exerce une influence néfaste. Obsédée à l’idée d’anéantir ce qu’il reste de ses opposants, cette dernière ne supporte pas l’insubordination de Tris, qui avec ses amis, décide d’aller au-delà du mur. À la merci d’un monde hostile, elle ne va pas tarder à prendre conscience qu’un mystérieux personnage est à l’origine de tout ce qu’elle a connu jusqu’alors et que le destin du monde est peut-être entre ses mains…

La Critique :
Le trailer de ce troisième volet annonçait le pire. Visuellement parlant en tout cas. À l’arrivée, les craintes sont confirmées : Divergente 3 est en effet d’une laideur toujours assez impressionnante. Ce qui, on en convient, est tout à fait raccord avec les épisodes précédents, eux aussi marqués par une production design désastreuse. Ici, les images de synthèse, plutôt nombreuses, semblent sorties d’une vieille cinématique Playstation (la première hein) et les décors comme les costumes sont toujours d’un mauvais goût assez incroyable. Si on rajoute à ce constat déjà pas vraiment reluisant un kitsch persistant et totalement à côté de la plaque, la coupe est pleine. Mention au passage où les protagonistes s’envolent enveloppés dans des bulles rattachées à des vaisseaux… Une idée au départ pas spécialement bonne, réduite à néant par une mise en image baclée.
Le problème finalement, vient de la rapidité avec laquelle ce genre de produit (et oui, car ici, on ne parle plus trop de film) est emballé. Moins d’un an sépare le deuxième volet du troisième épisode de Divergente. Les mecs ont tourné le long-métrage et bossé sur la post-production en quelques mois seulement et à l’écran, c’est malheureux, mais ça se voit. Surtout à l’heure où déboulent régulièrement dans les salles des films soutenus par des effets-spéciaux démontrant sans cesse des énormes progrès de la technologie. Si on prend en plus en compte que Divergente, avec son environnement s.f. marqué devrait normalement gagner une grande partie de ses galons par le biais du spectacle qu’il est censé offrir, on comprend rapidement le sens de la démarche des producteurs, à savoir proposer au public des trucs vite torchés, et endormir les fans en se cachant derrière un phénomène culturel d’envergure (ici, le succès des bouquins) pour engranger un maximum de dollars en un minimum de temps.

Divergente-3

L’autre gros soucis de Divergente 3 est qu’il illustre encore plus que le précédent et peut-être même que tous les autres films young adult avant lui, une uniformisation de ce genre de production. Scénaristiquement et visuellement, tous ces longs-métrages se ressemblent. Ok, la Tris de Shailene Woodley n’a pas d’arc comme Katniss, mais pour ce qui est du reste, les deux héroïnes sont les mêmes. Les seconds rôles aussi se confondent dans un maelstrom difforme sans aucune saveur.
Le truc n’est donc pas d’arriver à déterminer si Divergente 3 est un bon ou un mauvais film. Non, car désormais, c’est le côté vain qui prédomine. Oui on a vu pire ailleurs, mais le problème n’est pas là. Non, ce qui choque, c’est la teneur de ce qu’on nous propose sous l’appellation blockbuster de luxe. Ainsi, Divergente 3 est vain. Il ne dégage rien. Le charisme des acteurs est étouffé par la vacuité d’un scénario survolé, les rares bonnes idées du récit de base sont annihilées, et la réalisation est des plus ordinaires. Certes, il se laisse regarder, mais sans passion. Les enjeux sont connus à l’avance, les rares surprises potentielles sont éventées et, pire que tout, l’impression d’avoir déjà vu tout ceci ailleurs (en beaucoup mieux c’est évident) persiste tout du long.
Le cynisme qui se dégage de Divergente 3 est redoutable. Il contribue à rendre le spectacle insipide. L’histoire est désincarnée et flirte parfois avec le grand n’importe quoi. Personne ne semble y croire vraiment. Shailene Woodley, qui est une excellente comédienne, il est toujours bon de le rappeler, a l’air de sévèrement s’ennuyer, Miles Teller, pourtant lui aussi particulièrement bon (notamment dans The Spectacular Now et Whiplash) est insupportable, Naomi Watts fait ce qu’elle peut mais pédale dans la semoule, Octavia Spencer n’arrive pas à s’imposer, Jeff Daniels voit son charisme réduit à une palette qui ne compte que deux pauvres expressions, Theo James interprète un cliché sur pattes, Zoë Kravitz en est réduite à interpréter un personnage devenu anecdotique… On continue ? La faute (notamment) à une direction d’acteurs inexistante. Robert Schwentke, le déjà pas flamboyant responsable de la purge R.I.P.D. avec Jeff Bridges (parvenir à faire un truc nul avec un acteur pareil… voilà qui force le respect), se plie mollement aux règles de la dystopie young adult, sans aucune conviction. Le projet, de par sa nature carnassière, étouffe tout ce qui pourrait lui permettre de se distinguer.

Film fast-food, vite vu vite oublié, Divergente 3 va jusqu’à démolir les rares bonnes idées de son prédécesseur, qui s’avérait plus sombre qu’à l’accoutumée pour se cantonner à du spectaculaire creux. Il dilue à outrance, histoire de justifier la sempiternelle pirouette qui consiste à faire deux films avec un seul livre. On tire sur la corde jusqu’à ce qu’elle casse. Tous les éléments de réflexion présents dans les bouquins ne trouvent pas un écho favorable à leur bon développement. Divergente 3 étant au final un pur exemple de ce qu’Hollywood peut produire de plus insignifiant, quand ni les producteurs ni le réalisateur ne s’imposent pour tenter de faire du vrai cinéma. Pour conférer un surplus d’âme à quelque chose qui, dans d’autres circonstances, on en est sûr, n’aurait peut-être pas été flamboyant de génie, mais aurait au moins été un minimum crédible et surtout beaucoup mieux maîtrisé sur un plan purement technique. On en vient même à se demander comment le public friand de ce genre de chose ne voit pas la supercherie, ne serait-ce qu’en faisant la comparaison, avec la maestria visuelle de certaines productions Marvel (pour rester dans le domaine très grand public).
Pas de doute, les divergents ont dépassé les bornes. Vite qu’on en finisse, parce que là, l’arnaque commence à se voir.

@ Gilles Rolland

Divergente-3-Shailene-Woodley  Crédits photos : SND

Par Gilles Rolland le 9 mars 2016

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