[Critique] HALLOWEEN (2018)
Titre original : Halloween
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateur : David Gordon Green
Distribution : Jamie Lee Curtis, Judy Greer, Andi Matichak, Haluk Bilginer, Nick Castle, Will Patton, Rhian Rees, Jefferson Hall, Virginia Gardner…
Genre : Horreur/Épouvante/Suite
Date de sortie : 24 octobre 2018
Le Pitch :
Voici 40 ans que Michael Myers croupit dans un asile. Laurie Strode quant à elle, qui lui a échappé cette fameuse nuit d’Halloween, a passé toutes ces années à se préparer à son éventuel retour. Quand le tueur réussit à s’échapper au cours de son transfert vers un autre établissement, la petite ville d’Haddonfield replonge dans l’horreur…
La Critique de Halloween :
Et de 11 ! Le Halloween de David Grodon Green est le 11ème épisode de la franchise inaugurée en 1978 par John Carpenter. 11 films en 40 ans. Pas mal pour le tueur au masque blanc, qui a donc dézingué un paquet de monde au cours de sa sanglante carrière. Même si ici, au fond, c’est un peu différent car David Gordon Green et son comparse, l’acteur/scénariste Danny McBride, ont préféré oublier tous les films pour écrire une suite directe au premier. Quid du second volet qui se déroulait pourtant pendant la même nuit, dans l’hôpital où était conduite Laurie Strode ? On ne sait pas vraiment mais au fond ça ne change rien. Ce qui est sûr c’est qu’aucun des autres, y compris bien sûr le remake de Rob Zombie et sa suite, ne rentrent dans la dynamique de ce nouveau film. Un 11ème Halloween en forme de grosse promesse faite aux fans, avec l’approbation d’un John Carpenter ici de retour aux claviers et à la production…
Il est revenu
Quand il fut certain que ce nouvel Halloween allait être écrit par Danny McBride et David Gordon Green et mis en scène par ce dernier, beaucoup de fans de la saga furent un poil interloqués. D’autres au contraire virent dans ce choix la possibilité d’enfin assister au retour d’un Michael Myers en pleine bourre, conforme à l’image qu’il donnait de lui dans le premier film. Car après tout pourquoi pas ? Pourquoi deux types (Green et McBride donc) pas du tout rompus à l’exercice du film d’horreur ne pourraient pas faire souffler un vent de fraîcheur sur la franchise ? Avec un regard neuf et des idées tout aussi novatrices. Et c’est en effet ce que le projet a inspiré au fil des révélations faites sur la production et le tournage : après tout, on allait peut-être vraiment assister au retour du Michael Myers originel. Pas le gros bourrin shooté aux hormones de Rob Zombie ni le mort-vivant complètement pété du bulbe d’Halloween : Résurrection. Le come back du monstre d’Haddonfield…
Mais en fait pas tout à fait…. Dommage ? Oui et non ?
Groovy Baby !
Pourquoi c’est dommage ? Parce que Halloween 2018 n’est finalement qu’une suite très sage, qui fait sans cesse des appels de phare à son illustre prédécesseur, avec l’approbation du géniteur de ce dernier, mais qui oublie au passage de faire ce qu’on attendait le plus de lui, à savoir aller de l’avant et proposer du neuf. Pourquoi ce n’est au fond pas si dommage ? Parce si Halloween n’a pas grand chose du choc espéré, il reste néanmoins divertissant. C’est mince certes mais les fans de ce genre de film sauront peut-être s’en contenter quand les amateurs les plus hardcore de la licence verront là une tentative respectueuse mais un peu vaine de revitaliser un mythe qu’il serait peut-être temps de laisser pioncer tranquillement.
Retour aux sources
Si le remake de Rob Zombie avait pour principal mérite de justement accomplir la part du contrat de tout bon remake qui se respecte (raconter la même histoire mais de façon différente, pour faire court), cette suite calque trop son modèle, au point de parfois le singer. Et là où c’est vraiment un problème, c’est qu’en oubliant tous les Halloween qui ont été faits dans l’intervalle, ce nouveau volet promettait justement implicitement qu’il valait mieux que tous les autres. Ce qui n’est pas forcément le cas à l’arrivée. En effet, on peut tout à fait préférer le deuxième volet (en grande partie réalisé par Carpenter d’ailleurs), voire le très sympathique quatrième ou encore bien sûr le remake de Rob Zombie. Rien ne vient jamais, que ce soit au niveau du scénario ou de la réalisation, apporter la flamboyante preuve permettant de donner du crédit à la démarche de David Gorgon Green. Alors peut-être est-ce justement parce que ce dernier n’avait jusqu’à aujourd’hui jamais œuvré dans le genre horrifique qu’il s’est un peu senti écrasé par l’ombre de Carpenter au point de donner l’impression de tâtonner jusqu’au dénouement, sans faire preuve d’une grande audace. Peut-être. Ou alors, bien qu’il soit visiblement animé des meilleures intentions, il s’est juste un peu fourvoyé. Un peu seulement car on le répète, cet Halloween n’est ni un mauvais Halloween, ni un mauvais flasher. C’est juste un épisode à peine plus convainquant que le Halloween, 20 ans après (qui voyait à l’époque revenir Jamie Lee Curtis), porté par une énergie qui parfois donne du bon, avec des meurtres bien gore et des plans franchement canons, et parfois des trucs complètement cons (en gros, tous les clichés du genre y passent). Difficile au final de se demander pourquoi David Gordon Green s’est lancé si c’était pour photocopier son modèle jusqu’à surligner des effets depuis tellement usés jusqu’à la corde qu’ils ne fonctionnent plus. La peur n’arrive jamais vraiment à s’installer, l’effet de surprise est bien sûr aux abonnés absents et les acteurs font exactement ce qu’on attend d’eux dans de pareilles circonstances. Oui on est heureux de revoir Jamie Lee Curtis, mais sa Laurie Strode est devenue tellement prévisible que même son côté badass ne suffit pas à emporter l’adhésion. Laurie Strode qui est une sorte de mamie tromblon un peu agitée du casque, alors que Michael Myers (incarné par le même acteur que dans le premier, c’est amusant) fait du Michael Myers, ni plus ni moins, tandis qu’on nous met dans les pattes un remplaçant pas du tout convainquant car hyper caricatural du Dr. Loomis jadis incarné par le regretté Donald Pleasance.
Et puis c’est trop long. Vu que le suspense ne fonctionne pas aussi bien qu’espéré, on s’ennuie un peu. On se raccroche aux clins d’œil et aux séquences qui valent le détour mais c’est un peu léger par rapport à l’attente. C’était mieux avant…
En Bref…
Assez prétentieux pour éluder toute une partie de l’histoire de Michael Myers, ce nouvel Halloween prend la suite du premier mais ne parvient pas à faire mieux que certaines des suites qu’il toise de haut. Sauvé par une Jamie Lee Curtis un peu perdue mais badass, par un Michael Myers toujours aussi glaçant mais exploité en pilotage automatique et par quelques scènes bien gore, ce cru 2018 de l’une des franchises les plus longues du cinéma d’horreur, déçoit forcément. Car si Rob Zombie, avec son Halloween 2, était parti en live, lui au moins tentait de proposer quelque chose de neuf. Ici, on refait de l’ancien. C’est à la mode, mais ni le respect manifeste envers l’œuvre de Carpenter, ni les points d’ancrage destinés aux fans (comme la musique), ne suffisent à conférer à cette suite un peu anecdotique la valeur qu’elle était censée avoir compte tenu des intentions de départ.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Universal Pictures France
[…] revient à la charge avec le deuxième volet de sa trilogie, trois ans après la sortie de son Halloween, qui pour rappel, s’envisageait comme la suite directe du classique de John Carpenter. […]