[Critique] LE HOBBIT : LA BATAILLE DES CINQ ARMÉES
Titre original : The Hobbit : The Battle of the Five Armies
Rating:
Origines : Nouvelle-Zélande/États-Unis
Réalisateur : Peter Jackson
Distribution : Martin Freeman, Richard Armitage, Ian McKellen, Evangeline Lilly, Lee Pace, Orlando Bloom, Luke Evans, Ken Stott, James Nesbitt, Cate Blanchett, Ian Holm, Christopher Lee, Hugo Weaving, Manu Bennett, Graham McTavish, Aidan Turner, Billy Connolly, Stephen Fry, Sylvester McCoy, Adam Brown, Peter Hambleton, Stephen Hunter, Ryan Gage…
Genre : Aventure/Fantastique/Suite/Saga/Adaptation
Date de sortie : 10 décembre 2014
Le Pitch :
Enfin arrivés à la Montagne Solitaire, Bilbon et la compagnie des nains d’Erebor, ont réveillé la fureur du dragon Smaug, qui se déchaine à présent sur les habitants de Lacville dans un torrent de feu. De son côté, l’ennemi prépare ses troupes, désireux de prendre d’assaut le royaume des nains. Orques et Wargs se dirigent vers Erebor, avec à leur tête, l’impitoyable et puissant Azog le profanateur. Pendant ce temps, hommes, nains et elfes se rassemblent eux aussi devant la montagne, réclamant leur dû à un Thorin retranché derrière les puissants murs de sa forteresse…
La Critique :
Le périple de Bilbon le hobbit et de la compagnie de Thorin, l’héritier du Royaume d’Erebor, touche à sa fin. Peter Jackson orchestre la conclusion de son adaptation dantesque du roman de J.R.R. Tolkien dans un déluge de feu, de larmes et de sang, et justifie du même coup de la manière la plus brillante qui soit, son choix d’avoir scindé en trois parties un récit pourtant moins complexe et plus court que Le Seigneur des Anneaux. Un choix souvent critiqué que le cinéaste néo-zélandais assume depuis le début, et dont la légitimité apparaît sans cesse, notamment au travers des nombreuses ramifications développées dans le but de raccorder au final cette nouvelle trilogie à la première. Au terme de ce troisième volet des aventures du hobbit apparaît alors une évidence : Jackson a mené son projet à bien. Sa démarche, pertinente jusqu’au bout, débouche sur ce qui restera à n’en pas douter comme l’une des plus grandes aventures cinématographiques du septième-art et qui s’impose simultanément comme un exemple d’adaptation à la fois audacieuse et ô combien respectueuse d’une œuvre matricielle, à l’origine pour ainsi dire de tout un pan de la culture fantastique contemporaine. Parfois considéré comme moins important car davantage destiné aux plus jeunes, le livre Bilbo le Hobbit trouve ici une illustration, qui prouve que Jackson a totalement compris l’importance du récit, quand bien même ce dernier, dans sa forme première, prend les apparats d’un conte moins touffu que la grande fresque centrale de Tolkien. Jackson a saisi là l’opportunité de creuser des thématiques et a hissé en quelque sorte Le Hobbit à la hauteur du Seigneur des Anneaux, au risque de se mettre à dos les fans les plus hardcore de l’écrivain anglais qui n’ont jamais véritablement accepté les greffes de Jackson sur l’histoire originelle. Qu’elles proviennent d’autres livres (ou annexes) ou tout bonnement de l’imagination du réalisateur, à l’image, par exemple, de l’elfe Tauriel incarnée par Evangeline Lilly, ou encore par l’inclusion de Legolas, un transfuge du Seigneur des Anneaux, destiné en partie à renforcer le lien entre les deux trilogies.
La saga du Hobbit ne s’est jamais caché de calquer sa progression scénaristique sur celle du Seigneur des Anneaux. Plutôt que de chercher une originalité hors de propos, les films ont préféré jouer l’honnêteté, la sincérité et la transparence, en axant leur récit sur de bonnes vieilles bases ayant fait leurs preuves par le passé. La Bataille des Cinq Armées, à l’instar du Retour du Roi, s’apparente donc à une gigantesque explosion. La conclusion met l’accent sur l’action et offre à la fin du voyage des héros principaux (et secondaires) un bouquet final à la hauteur des promesses énoncées au départ. La durée réduite (car oui, 2h24, ici, c’est court) accentuant l’incroyable tension et l’intensité du long-métrage principalement axé sur cette fameuse guerre qui lui donne son titre.
Peter Jackson en profite alors pour faire parler la poudre et inscrit à nouveau son nom dans la légende du cinéma. Sa bataille, durant laquelle s’opposent hommes, nains, wargs, orques et elfes impose une vision claire, nette et précise et s’apparente à un authentique morceau de bravoure cinématographique, qui jamais ne laisse l’émotion sur le bas-côté. Les personnages prennent leur place sur l’échiquier, les foules grondent, les armes s’entrechoquent dans autant de gestes d’intimidation et la guerre éclate, sous le regard de la montagne dans laquelle a si longtemps séjourné le maléfique Smaug. D’une fluidité à toute épreuve, le combat, qui implique pourtant des centaines de protagonistes, brille par sa puissance et par sa lisibilité. Peu sont ceux aujourd’hui, dont le talent permet de donner naissance à l’écran à de tels déferlements, sans tomber à un moment ou à un autre dans une exagération propice à une sortie de route. La guerre de Jackson est aérée et lyrique. La poésie qui habitait jusqu’alors le récit explose pendant que les corps et l’acier s’entrechoquent. S’attachant aux personnages clés, Peter Jackson décompose le conflit, rebondit en permanence, et parvient finalement à faire de cette bataille le réceptacle de tous les enjeux et de toute l’émotion accumulés jusqu’alors.
Spectaculaire. Épique. Vibrant. Impressionnant. Autant de mots à la fois appropriés et néanmoins insuffisants pour évoquer La Bataille des Cinq Armées. Loin, très loin, des trucs bourrins, le film, virtuose, ne perd pas son objectif des yeux. Ici, la technologie, bluffante, est à nouveau totalement au service de l’histoire et des personnages. Peter Jackson et son équipe ne bâclent pas cette conclusion très attendue, même si on a parfaitement le droit de regretter certains choix, en particulier concernant Beorn. Cela dit, c’est certain, la version longue, dotée d’une trentaine de minutes de plus, viendra combler ces manques et offrir aux fans une version définitive et 100% conforme à la vision du cinéaste.
Nourri d’une furie dévastatrice, boosté à l’émotion, ce long-métrage monumental, en prenant pied dans une zone plus limitée que les deux volets précédents, organise la rencontre de tous les enjeux de la saga. Tragédie impitoyable et déchirante, prompte aux larmes, le film est constamment à fleur de peau. C’est bien simple : rares sont les instants de répit. Dès la première scène, qui voit Smaug répandre la désolation sur Lacville, face à des hommes aux abois, le métrage s’apparente à un incroyable festival d’une vélocité ahurissante. Virtuose, La Bataille des Cinq Armées contient ainsi en particulier des scènes à tomber à la renverse, à l’image de ce duel sur la glace, de l’assaut des nains ou encore du vol majestueux des aigles. Une magnificence absolue soulignée par la partition d’un Howard Shore toujours complètement inspiré, lui qui offre aux destinées parfois contrariées de la Terre du Milieu un écrin musical à la hauteur de l’émotion à fleur de peau qu’ils distillent.
En grand directeur d’acteur, Peter Jackson (épaulé par le décidément génial Andy Serkis, ici réalisateur de seconde équipe) offre à chaque comédien l’occasion de s’exprimer et d’ajouter sa pierre à l’édifice. Richard Armitage, alias Thorin, tout particulièrement, lui qui profite du tournant sombre pris par son personnage pour laisser parler une ambiguïté remarquable, Martin Freeman toujours, Evangeline Lilly, aussi gracieuse que troublante, Ian McKelen, indéboulonnable, Lee Pace, impérial, Luke Evans, grandiose, Orlando Bloom, solide, ou encore Cate Blanchett, tous foncent dans un élan choral dans ce qui s’apparente à un festin ultra généreux et fédérateur.
Cristallisant à merveille la démarche initiale de Peter Jackson, empruntant à la fois au champ lexical du fantastique, de l’aventure, de l’action, mais aussi de l’épouvante, La Bataille des Cinq Armées, se paye aussi le luxe de parfois jouer sur un certain et subtil décalage humoristique, l’empêchant de s’avérer plombant.
C’est bien sûr avec beaucoup d’émotion que l’on assiste à ce qui sera certainement la dernière incursion en Terre du Milieu (même si, comme l’a récemment déclaré Ian McKellen, il ne faut jamais dire jamais). Les larmes ne sont pas bien loin. La chair de poule elle, est là en permanence. Peter Jackson réveille l’enfant qui sommeille dans toutes celles et ceux qui sauront apprécier ce nouveau chef-d’œuvre à sa juste valeur. Dénué d’un quelconque cynisme malheureusement trop présent dans la production actuelle, Le Hobbit : La Bataille des Cinq Armées est un monument de sincérité. Il renoue avec modernité avec la grande tradition trop souvent oubliée de ces divertissements fantastiques. Trop rares sont les hommes de cinéma comme Peter Jackson. Le cadeau qu’il nous fait en cette fin d’année 2014 est de taille. Aujourd’hui, on peut le dire : son Hobbit est fabuleux. Il nous rappelle que le cinéma peut toujours susciter un émerveillement total, abolissant toutes les frontières pour toucher à une certaine universalité. Les remerciements sont de rigueur.
@ Gilles Rolland
Le Hobbit : Un Voyage Inattendu : Critique (retour sur la version longue ICI)
Le Hobbit : La Désolation de Smaug : Critique (retour sur la version longue ICI)
Crédits photos : Warner Bros. France
Comme d’habitude, tu es au top Gilles!!! J’ai hâte de le voir!!!
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