[Critique] HÔTEL TRANSYLVANIE

CRITIQUES | 15 février 2013 | Aucun commentaire

Titre original : Hotel Transylvania

Rating: ★★½☆☆
Origine : États-Unis
Réalisateur : Genndy Tartakovsky
Distribution voix : V.O. : Adam Sandler, Kevin James, Selena Gomez, Andy Samberg, David Spade, Cee-Lo Green, Steve Buscemi, V.F Serge Faliu, Virginie Efira, Alex Goude, William Coryn… / En V.F : Alex Goude, Virginie Efira…
Genre : Animation/Comédie/Fantastique
Date de sortie : 13 février 2013

Le Pitch :
Pour les 118 ans de sa fille Mavis, Dracula organise une fête de folie dans son Hôtel Transylvanie, havre de paix pour créatures horrifiques en quête de tranquillité. Seul hic : un humain nommé Jonathan débarque également dans l’établissement de façon inattendue. Pour éviter de provoquer une panique, Dracula devra cacher le jeune homme et le faire quitter sa propriété au plus vite…

La Critique :
Ce cher Adam Sandler. Le bonhomme a commis bien des insultes au bon goût dans le paysage cinématographique, notamment toute une flopée de comédies « familiales » qui ne cessent jamais d’étonner en montrant à quel point elles peuvent être débiles, vulgaires et paresseuses. Et aussi par le fait qu’elles ne sont tout simplement pas marrantes et n’hésitent pas à nous coller une morale contradictoire ou sirupeuse. Copains pour toujours, Le Mytho, Jack et Julie…pour n’en citer que quelques-uns. Le plus tragique dans tout ça, c’est que Sandler est devenu impossible à pardonner, puisqu’il a pourtant bien montré ses preuves dans des ouvrages intéressants et provocateurs, tels que le phénoménal Punch Drunk Love – Ivre d’amour, le courageux À cœur ouvert ou encore le superbement inconfortable Funny People.

La plus grand reproche que l’on puisse faire à Adam, c’est qu’il trouve souvent un endroit exotique pour tourner, soi-disant pour faire une autre comédie bateau, mais surtout pour que lui et ses potes puissent passer de bonnes vacances (on parie combien que Jack et Julie était filmé dans sa baraque ?). Et c’est justement ce qui rend Hôtel Transylvanie assez fascinant, parce que c’est un film qui rassemble Sandler et son équipe pour passer un weekend dans un hôtel, sauf que celui-là est en images de synthèse. Donc en fait, cette fois-ci ils ne se sont même pas déplacés.

Le film lui non plus ne va nulle part, mais il n’est pas complètement à jeter pour autant. Dans la version originale, Sandler prête sa voix à Dracula, faisant une autre de ses impressions toquées et dirigeant un lieu de vacances très apprécié où les monstres classiques d’Universal peuvent passer un séjour tranquille sans que les humains viennent les embêter avec des torches et des fourches. Kevin James est le monstre de Frankenstein (bien sûr !), et bizarrement Cee-Lo joue le rôle de la Momie. David Spade est l’Homme Invisible et Steve Buscemi tire son épingle du jeu, donnant sa parole au loup-garou classique, qui est un papa dominé par sa femme et qui a trop de louveteaux sur les bras.

Si son concept est bien trouvé et si l’ensemble reste un bon premier long-métrage pour le réalisateur télé Genndy Tartakovsky (l’auteur de Samouraï Jack et un dessin animé Star Wars, qui, ô surprise, n’est pas mauvais) Hôtel Transylvanie est sérieusement confus et désordonné, et ceci jusqu’au soin porté à l’animation. Dracula et Frankenstein sont des dessins caricaturaux et brouillons, alors que le loup-garou et Quasimodo (oui, c’est pas sympa de la part du film de qualifier le bossu de Notre-Dame comme un monstre, mais bon…) sont des créatures entièrement réalisées en images de synthèse. Malgré sa tentative d’hommage au bestiaire fantastique, le film n’arrive pas à se décider sur son esthétique, de scène en scène.

Niveau comédie, le film aime bien se la jouer à l’ancienne, où l’humour se trouve dans les personnages et non dans l’intrigue conventionnelle, souvent laissée de côté au profit des blagues. Il y a même une ou deux lueurs de créativité, comme une course combative de tables volantes et le petit détail que les vampires marchent sur les murs et le plafond. Mais le potentiel se noie lorsque le rythme habituel des films d’animation se met en marche, où les créateurs jettent tellement d’effets à l’écran pour nous rappeler que quelque-chose-se-passe-quelque-chose-se-passe-quelque-chose-se-passe-t’as-vu-quelque-chose-se-passe !, que la rapidité finit par lasser. Le fait que tout repose sur un discours de tolérance incroyablement niais n’arrange pas les choses. C’est trop demander que les films pour enfants calment un peu le jeu et ralentissent l’hyperactivité à la cocaïne ?

Beaucoup trop de temps est accordé à la relation sirupeuse entre Dracula et Mavis, sa fille de 118 ans qui est en pleine puberté et ne peut pas attendre de voir le monde extérieur. Un voyageur hippie-rocker foufou (Andy Sandberg en V.O) fait son apparition importune au plein cœur de ce bordel, avec un grand sac-à-dos et des histoires banales de sa vie « sur la route ». À ce moment là, on se demande si la scatologie perverse présente dans la plupart des efforts de Sandler ne serait pas partie trop tôt.

ParaNorman. Frankenweenie. Hôtel Transylvanie. Les trois forment un triptyque étrange d’Halloween. L’un est magique. L’autre rappelle le talent parfois égaré de son créateur. Le dernier est juste affreusement sympathique. L’approche surprenante que prend le loup-garou de Buscemi pour écarter un troupeau de moutons qui bloquent la route fait chanceler le film dans le territoire souvent habité par le coscénariste Robert Smigel (connu pour son travail…intéressant sur l’émission américaine Saturday Night Live). Il y a de tels moments dans Hôtel Transylvanie. Ah, mais qu’est-ce qu’ils sont rares…

@ Daniel Rawnsley

Hotel-Transylvanie-photoCrédits photos : Sony Pictures Releasing France

Par Gilles Rolland le 15 février 2013

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