[Critique] INSAISISSABLES 2
Titre original : Now You See Mee 2
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Jon M. Chu
Distribution : Mark Ruffalo, Jesse Eisenberg, Lizzy Caplan, Woody Harrelson, Dave Franco, Michael Caine, Morgan Freeman, Daniel Radcliffe, Jay Chou, Sanaa Lathan…
Genre : Thriller/Suite
Date de sortie : 27 juillet 2016
Le Pitch :
Une année s’est écoulée depuis que les Cavaliers, ce groupe de magiciens/hors-la-loi capable des tours les plus spectaculaires et audacieux, a échappé au FBI. Pour leur grand retour, les illusionnistes ont ainsi préparé quelque chose de grand, à savoir dénoncer les agissements d’une entreprise maîtresse dans les nouvelles technologies. Cependant, pris à leur propre jeu par un adversaire retors à souhait, ils se voient contraints d’accepter de braquer un centre hyper-sécurisé pour y dérober un circuit informatique révolutionnaire…
La Critique :
On peut difficilement en vouloir à Louis Leterrier. Trop occupé sur le tournage de l’hilarant Grimsby, il fut contraint de laisser son siège de réalisateur à un autre, qui a eu donc la lourde tâche d’emballer la suite d’Insaisissables, ce film au demeurant très sympathique sorti pendant l’été 2013, qui fit d’ailleurs un petit carton au box-office. C’est donc Jon M. Chu qui fut choisi et tout de suite, le projet s’est pris une bonne décharge de plomb dans l’aile. Mais après tout pourquoi pas ? Ok, le gars a réalisé le documentaire sur Justin Bieber, Never Say Never et l’affreux deuxième volet de G.I. Joe, sans parler des Sexy Dance. Rien dans la filmographie de Chu n’incite à la confiance. Rien. Mais Insaisissables 2 pouvait par contre toujours compter sur son casting. Après tout, le réalisateur, on s’en fout tant qu’il y a des têtes connues et appréciées. C’est du moins ce qu’on dû se dire les producteurs avides de réitérer le casse du premier volet… Et bien non on ne s’en fout pas du réalisateur. Du scénariste non plus d’ailleurs. La preuve : ici, ils sont tous à la ramasse et ni Mark Ruffalo, ni Jesse Eisenberg, ni Lizzy Caplan ou les monstres sacrés Morgan Freeman et Michael Caine n’y peuvent rien…
La suite d’un blockbuster se doit d’être plus forte, plus grande, plus spectaculaire… plus tout ! En cela, Insaisissables 2 parvient à accomplir un petit exploit en étant moins spectaculaire, moins grand et moins fort que son prédécesseur.Tout ce qu’il fait, c’est noyer le poisson en nous faisant voyager, à grand renfort de vues aériennes de Macao et de New York, entre deux scènes dialoguées à l’arrache par quelqu’un qui n’a jamais pris la peine de donner un peu de fluidité à un scénario qui enfile les perles, prend des détours inutiles, complique les choses pour nous embrouiller l’esprit et entend nous surprendre quand vient, à la fin, le dénouement. Comme un bon vieux tour de magie donc ! Le problème, c’est que ce qui fonctionnait assez bien avec le premier épisode ou carrément bien avec Le Prestige de Christopher Nolan (la référence moderne du film de magie), ne fonctionne pas du tout ici. Et pour illustrer ce soucis, rien de tel qu’un parallèle :
Imaginez un magicien qui sur scène, s’apprête à sortir un lapin de son chapeau. Conscient que son tour n’est pas tout neuf, l’illusionniste chercher à meubler et à compliquer un peu les choses. Le voilà qui lâche une nuée de colombes sur le public, avant de nous faire le coup des rubans interminables qui jaillissent de ses manches. Enfin, le mec se décide à foutre le feu à une partie du théâtre. Les pompiers arrivent, le feu est éteint et le magicien termine en sortant en effet un lapin de son chapeau. Un lapin blanc aux yeux rouges, comme prévu.
Voici ce que fait précisément Insaisissables 2 : il raconte l’histoire d’un braquage hyper basique, se repose sur des enjeux bas du front mais inutilement alambiqués, cherche à nous embrouiller, à détourner notre attention et finit par nous ressortir de son chapeau tous les clichés les plus éculés du monde. Les personnages insistent d’ailleurs souvent sur la nécessité pour un magicien de détourner l’attention de son audience pour qu’elle ne voit pas les trucs. Et bien là c’est raté. Les trucs, on les voit et rapidement, on s’en moque, tant on s’aperçoit de la vacuité de toute l’entreprise. Insaisissables 2 n’est qu’un film de casse bas de gamme qui se donne des airs de grand barnum, mais qui ne repose que sur des artifices grossiers mal orchestrés par un cinéaste davantage habitué à remuer sa caméra dans tous les sens en faisant passer ça pour de l’art, au rythme de scripts à la ramasse. Et en plus, le show est interminable…
On parlait plus haut des acteurs. Leur illustre présence ne suffit pas à sauver tous les meubles. Certes, c’est toujours agréable de voir du beau monde. Mais sans un scénario un tant soi peu consistant, le plaisir reste quoi qu’il en soit limité. Surtout quand on nous sort d’on ne sait où un jumeau de Woody Harrelson. Un personnage inutile et irritant, tout comme celui que campe un Daniel Radcliffe visiblement amusé, mais bien mal servi par des dialogues plutôt crétins. L’alchimie entre les cavaliers fonctionne, mais ils s’agitent un peu dans le vide. Heureusement, Lizzy Caplan, remplaçante méritante d’Isla Fisher, apporte de la fraîcheur et du second degré, mais cela ne suffit pas. On a même limite de la peine pour Morgan Freeman et surtout pour Michael Caine, pour sa part moins habitué que son collègue de la trilogie Dark Knight, quant il s’agit de lustrer les cuivres d’un bateau en train de sombrer.
Insaisissables 2 est une belle coquille vide. Et si on dit « belle », on parle bien sûr des comédiens. Le reste n’est que poudre aux yeux. Ça parle et ça parle, les tours sont plus ou moins prévisibles et jamais le film ne choisit vraiment entre sombrer directement dans le fantastique, ou mettre en scène des numéros incroyables en parvenant à trouver des explications plausibles (Jesse Eisenberg qui inverse le court de la pluie… sérieusement les mecs ?). En gros, c’est le bazar, il n’y aucun sens du détail, et mis à part quelques séquences rigolotes, on s’ennuie ferme. Le spectacle est bancal et le scénario sacrifie toute logique à sa soif de « surprises ». Il ne ménage pas ses effets qui de toute façon n’ont rien de sensationnel. Alors qu’un épisode 3 se profile à l’horizon et que la magie s’est fait la malle, on est en droit de se dire qu’ils ont intérêt à faire vraiment fort pour nous donner envie de suivre une nouvelle fois les Cavaliers…
@ Gilles Rolland
Crédits photos : SND